"Me voici" féminin

De JFCM
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Le « me voici » féminin de Marie nous révèle le « me voici » féminin universel

© Eustache Le Sueur , Public domain, via Wikimedia Commons.

L’Église est fondamentalement épouse, et cette épouse n’a qu’un mot à la bouche, qu’un nom, qu’un programme : « Me voici ! » Le « me voici » permanent des épousailles toujours actuelles.

Mais nous savons bien que, dans le projet de Dieu, l’Église embrasse ou contient de droit ou de fait, de désir ou déjà réalisé, l’humanité qui s’ouvre à Dieu, qui se donne à Dieu dans son mouvement essentiel – métaphysique – de retour à sa source : « me voici », c’est l’humanité telle que Dieu la veut.

Enfin, ce « me voici » s’étend à toute la création dans sa dépendance ontologique à son Créateur. Rappelons-nous le texte de Baruch 3, 34-35 :

« Les étoiles brillent à leur poste, joyeuses. Les appelle-t-il ? Elles répondent : « Nous voici ! » Elles brillent avec joie pour leur auteur » (Ba 3, 34-35).

Le « me voici » féminin de Notre-Dame – cf. « Voici la servante du Seigneur, qu’il m’advienne selon ta parole » (Lc 1, 38) – s’est étendu à l‘Église, à l’humanité et finalement a englobé la création tout entière dans la vocation essentielle d’épouse, disponible et donnée : « me voici ! »

La féminité qui nous révèle ce « me voici » universel en étendue et en profondeur, au cœur même des choses, est finalement la situation de l’être créé devant son Dieu, créateur.

Elle se définit, elle existe par rapport à Dieu qui crée, qui sauve, qui sanctifie, qui glorifie. Nous sommes à la racine même de sa vocation voulue par Dieu : « me voici ! » Il ne s’agit pas en premier lieu – et ceci est très important – d’une question de sexualité, il s’agit d’un rapport, de la relation métaphysique entre la Divinité et la création telle que Dieu veut, telle qu’il la fait, ici, en moi, partout, toujours.

Cette féminité dont nous parlons est une qualité de l’être profond et universel, c’est une qualité immanente, fondamentale et dynamique, tout orientée vers son Créateur qui l’a faite pour lui. Ainsi, qu’il soit prononcé par un homme ou par une femme, le « me voici » biblique s’enracine d’abord dans la féminité fondamentale de l’être créé. La féminité nous dit d’un seul coup l’unique vocation religieuse de la création tout entière.

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La femme, toute femme, est comme le représentant ou l'ambassadeur de la féminité universelle : elle en est le « porte-parole » privilégié, et cette vocation de toute femme s'accomplit alors parfaitement - en effet ! - dans le « me voici » de Marie au nom et place de toute la féminité fondamentale.

Elle doit nous rappeler notre vocation à tous, et cette vocation est de soi religieuse, avons-nous dit : « Me voici ! » Comme le dit si justement Paul Evdokimov : « Dans la sphère religieuse, c'est la femme qui est le sexe fort. »

Dès lors, pour une femme - à condition qu'elle y soit appelée - la consécration religieuse de toute sa personne est une mise en valeur privilégiée de son être profond, de ce qu'elle est, de ce qu'elle représente dans le tout de l'Église et du monde.

Ainsi donc, la sainteté, qui est le but ultime de l'Église, est fondamentalement féminine... parce que la sainteté est spécifiquement une affaire d'épouse et d'épousailles.

Elle est tout entière contenue dans le « me voici », intime, total, définitif, à Dieu.

Dieu n'est pas connu - dans le sens biblique du mot - d'une façon conceptuelle, intellectuelle, mais « nuptialement », nous dit la tradition orientale, c'est-à-dire par tout notre être livré au trois fois Saint dans le « me voici »[1].


Père Yves Fauquet, Capucin, l'un des commentateurs et annotateurs de la Bible du Chanoine Osty. Il a écrit un livre sur le « Voici et me voici » dans la Bible. (ed. Anne Sigier, Canada).

Extraits de Voici et me voici dans la Bible, éditions Anne Sigier, Paris 2003.

  1. L'auteur poursuit en expliquant que l'ordination des femmes provoquerait une oblitération, un oubli de la vocation de la création, de l'humanité et de l'Église ; ce que Jean-Paul II a dit dans son Encyclique Mulieris dignitatem.