Apparition mariale : le message de Pellevoisin

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Apparition mariale : le message de Pellevoisin

Corinne Mercier/CIRIC

La rédaction d'Aleteia | 11 septembre 2020

Lourdes, Rue du Bac, Pontmain, Pellevoisin, La Salette… Les noms des grands sanctuaires bâtis sur les lieux des apparitions mariales sont connus. Mais quels sont les messages qui y ont été délivrés par la Vierge Marie ? Aleteia vous propose de décrypter leur sens profond. Aujourd’hui, le message de Pellevoisin.

Les apparitions de Pellevoisin se déroulent entre le 14 février 1876 et le 8 décembre de la même année. Marie apparaît à une jeune femme, Estelle Faguette, qui est malade en phase terminale au début des apparitions et sera guérie à la cinquième apparition (19 février). Marie se présente comme « la toute miséricordieuse » (3e apparition) et dit à Estelle plus tard qu’elle est venue pour « la conversion des pécheurs » (7e apparition) et pour « les petits et les faibles » (13e apparition). Elle présente à Estelle (9e apparition) le scapulaire qui porte, sur le devant, le cœur de son Fils. Plus tard, avec l’accord de Rome, figurera de l’autre côté une image de Marie. C’est là le noyau central des apparitions : la « toute miséricordieuse » conduit au cœur de son Fils, source de la miséricorde. Marie invite à prier plus spécialement pour l’Église et pour la France (11e apparition) :

« Ce n’est pas seulement pour toi que je demande [le calme], mais aussi pour l’Église et pour la France. Dans l’Église, il n’y pas ce calme que je désire. »

À propos de la France, dans sa 9e apparition, Marie nous reprend affectueusement, comme seule une mère sait le faire :

« Tu t’es privée de ma visite le 15 août ; tu n’avais pas assez de calme. Tu as bien le caractère du Français, il veut tout savoir avant d’apprendre et tout comprendre avant de savoir. »

Puis elle ajoute à la 11e apparition :

« Et la France ! Que n’ai-je pas fait pour elle ! Que d’avertissements, et pourtant encore elle refuse d’entendre ! Je ne peux plus retenir mon Fils… La France souffrira [mais] courage et confiance. »

Les difficultés qui vont se produire par la suite et entraver le rayonnement du message tiennent au contexte politique et aux initiatives souvent contre-productives de la comtesse de La Rochefoucauld, du père Salmon et de certains de ses proches. La comtesse joue un rôle ambigu ; jalouse d’Estelle, elle s’efforce de limiter son influence et, pour cela, use de son pouvoir auprès de Mgr Servonnet – évêque républicain hostile aux apparitions – pour la discréditer. Cependant, au moment où le gouvernement voudra fermer le sanctuaire, elle autorisera les pèlerins à se réunir dans le parc adjacent et par là même sauvera le pèlerinage.

Les plus grandes difficultés viennent du père Salmon lui-même et de certains membres de son entourage. Ultramonarchiste, il voit dans les apparitions de Pellevoisin le moyen que choisit la Vierge pour « sauver la France ». Notons plutôt que la Vierge, comme elle le dira elle-même à Estelle à la 7e apparition, est « venue particulièrement pour la conversion des pécheurs ».

Estelle apprend que la maladie qui la fait souffrir depuis une dizaine d’années est devenue incurable ; elle se décide alors à écrire à la Sainte Vierge…

Tout ceci nous fait percevoir le courage d’Estelle qui a toujours voulu rester fidèle au contenu du message délivré par la Vierge. Estelle a eu une vie un peu semblable à celle de Bernadette. Née de parents pauvres, après un essai de vie religieuse qui tourne court par suite de mauvaise santé, elle est embauchée finalement par la famille de La Rochefoucauld pour s’occuper des enfants. En août 1875, elle apprend que la maladie qui la fait souffrir depuis une dizaine d’années est devenue incurable ; elle se décide alors à écrire à la Sainte Vierge. Après sa guérison, de nombreuses calomnies courront sur son compte, comme Marie le lui avait annoncé :

« Tu auras des embûches ; on te traitera de visionnaire, d’exaltée, de folle ; ne fais pas attention à tout ceci ; sois-moi fidèle, je t’aiderai » (5e apparition).

Tout ceci cessera à la fin de sa vie. Avec l’accord de son curé, elle n’aura pas peur de se rendre à Rome par trois fois pour rencontrer Léon XIII (2 fois) puis saint Pie X, afin de faire connaître le scapulaire du Sacré Cœur que la Vierge lui a révélé.

Estelle n’a pas peur. Elle résiste au comte de La Rochefoucauld qui voulait l’obliger à fermer la chapelle des apparitions.

Estelle n’a pas peur. En tant que femme et servante, elle est au plus bas de l’échelle sociale de son époque. Mais cette âme droite, qui ne supporte pas le mensonge, s’est souvent confrontée à son ancienne maîtresse qui s’estimait propriétaire du message. De plus, la voyante s’est retrouvée parfois aussi confrontée à des contradicteurs masculins. Elle résiste au comte de La Rochefoucauld qui voulait l’obliger à fermer la chapelle des apparitions.

Elle tient bon face aux interdictions du préfet. Elle ne cède pas face à la calomnie répandue par des membres du clergé et aux persécutions de l’archevêque Mgr Servonnet, particulièrement zélé à appliquer les directives gouvernementales. Estelle est libre vis-à-vis d’elle-même. Elle a une âme pénétrée des vertus mariales. Profondément maternelle, elle a prodigué ses soins aux enfants de la famille de La Rochefoucauld, qu’elle a élevés comme si c’étaient les siens. On peut dire aussi qu’elle sait se faire extrêmement discrète.

Estelle : Moi, je ne suis rien, mais ma mission est le commandement de la Mère toute miséricordieuse.

À la fin de sa vie, elle est devenue une prière incessante pour les autres. Un florilège de perles glanées au fil de ses lettres montre l’héroïcité des vertus mariales qu’elle a pratiquées : « La souffrance est notre partage et le calme notre force » ; « Moi, je ne suis rien, mais ma mission est le commandement de la Mère toute miséricordieuse » ; « C’est un honneur de souffrir pour la Sainte Vierge » ; « Je suis bien dangereuse de défendre la Sainte Vierge en affirmant la vérité de ses apparitions. Le diable est bien poltron de craindre une pauvre fille sans défense aucune, que de dire la vérité » ; « La souffrance fait le mérite de la vie ; « Je suis si pauvre que je n’ai que mes prières à vous offrir. »

Finalement, dans sa vieillesse, Estelle apparaîtra comme une femme « libérée par Marie ». Sa longue vie s’achèvera par une action de grâce exprimée dans ce dernier ex-voto placé dans la chapelle des apparitions : « Merci, ma Bonne Mère, de mon heureuse vieillesse. » Elle a vécu, de bout en bout, ce que la Vierge lui avait demandé :

Dès lors, on ne s’étonne pas que le cœur du message de Pellevoisin : « Aller au cœur de Jésus, source de toute miséricorde, par le cœur de Marie, toute miséricordieuse » ait connu un grand rayonnement, tout d’abord en France et au-delà…

Finalement, cette attitude intérieure lui procure une véritable noblesse que son visage, tout pénétré de paix et de bonté, n’a cessé de refléter jusqu’à la fin de sa vie. Dès lors, on ne s’étonne pas que le cœur du message de Pellevoisin : « Aller au cœur de Jésus, source de toute miséricorde, par le cœur de Marie, toute miséricordieuse » ait connu un grand rayonnement, tout d’abord en France, et au-delà, par exemple à la Martinique où, à l’occasion d’une mission récente, il nous fut donné de découvrir, dans plusieurs paroisses, de belles statues de Notre-Dame de Pellevoisin ramenées par des paroissiens venus en pèlerinage au sanctuaire dans les années 1960. Sans aller aussi loin, lors de l’installation de la statue de Notre-Dame de Pellevoisin à l’église Saint-Louis-d’Antin à Paris, en 2017, les foules étaient si nombreuses qu’il fallut doubler la conférence, et l’on distribua des centaines de scapulaires à cette occasion.

Aujourd’hui encore, des milliers de pèlerins viennent chaque année de plusieurs parties du monde. Pellevoisin est aussi connu par la présence de Georges Bernanos qui y est enterré.

Aujourd’hui encore, des milliers de pèlerins viennent chaque année de plusieurs parties du monde (Thaïlande, Colombie, Irlande, Japon, etc.). Pellevoisin est aussi connu par la présence de Georges Bernanos qui y est enterré. Enfin la présence de la Famille Saint-Jean (frères, sœurs contemplatives, sœurs apostoliques) permet d’assurer une vie liturgique régulière et un accueil de qualité (hôtellerie, présence de prêtres pour les confessions et accompagnement spirituel, boutique bien achalandée).

À proximité du sanctuaire, une maison pour les garçons (aux Besses) et une maison pour les filles (à Méobec) permettent d’accueillir les anciens toxicomanes et de leur redonner calme, courage, confiance près de la Vierge toute miséricordieuse. Pour le futur, on peut penser que le sanctuaire participera, dans toute sa mesure, à faire advenir le triomphe du cœur immaculé de Marie (apparition de Fatima). Marie n’a-t-elle pas demandé à Estelle de publier sa gloire ? Et l’on peut être sûr aussi que le triomphe du cœur immaculé de Marie préparera le second avènement du Christ, Roi de miséricorde, dont les pèlerins portent aujourd’hui les armes pacifiques sur le cœur en recevant le scapulaire.