Assomption de la Vierge Marie

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L'Assomption au ciel de la Vierge Marie


1.[modifier]

Que dit la foi catholique ? Que Marie « en son corps et son âme, a été élevée à la gloire du ciel ». Ni plus, ni moins.

Le dogme de l'Assomption de la Vierge Marie a été proclamé solennellement par le pape Pie XII à la Toussaint 1950. Sur les dix pages de la constitution apostolique Munificentissimus Deus, la définition elle-même n'occupe que deux lignes : « Marie, l'Immaculée Mère de Dieu toujours vierge, au terme du cours de sa vie terrestre, a été élevée, en son corps et son âme, à la gloire céleste. »
Même sans savoir le latin, il vaut la peine de lire le texte officiel, tel qu'il est repris dans l'oraison de la Messe du 15 août. « En son corps et son âme », corpore et anima. La traduction française habituelle dit « avec son âme et son corps », comme si l'âme et le corps étaient distincts de la personne. Le corps n'est pas un simple vêtement. La personne humaine n'existe pleinement que dans son corps. Les mots « corps » et « âme » ont été permutés entre le latin et le français: la définition romaine voulait insister sur la dimension corporelle de l'Assomption. C'est ce qui fait l'originalité de l'Assomption par rapport à la vision béatifique dont bénéficient les saints.
« Élevée », assumpta, dont provient le mot « Assomption ». Le verbe latin est employé, dans les traductions des évangiles, pour désigner l'Ascension du Christ : « Il fut enlevé au ciel » (Actes 1, 2, 11). On dit souvent : l'Ascension, c'est Jésus qui monte au ciel, par son propre pouvoir ; l'Assomption, c'est Marie qui est élevée au ciel, par la puissance de Dieu. Cette opposition n'est pas très orthodoxe : l'Ascension de Jésus est une action trinitaire comme sa Résurrection, et l'initiative dernière est toujours celle du Père.

2.[modifier]

Marie est-elle morte ? Le magistère de l’Église ne se prononce pas sur ce point, tout en jugeant plus probable que la Vierge soit, comme son Fils, passée par la mort.

La définition du dogme ne tranche pas la question : Marie est-elle passée par la mort ou a-t-elle été préservée de la mort, comme elle avait été préservée du péché originel ? De même que l’Église ne s'engage pas sur le lieu où Marie a fini sa vie terrestre : à Éphèse ou à Jérusalem ? D'ailleurs, Marie peut très bien avoir vécu un temps à Éphèse et être revenue à Jérusalem. Cela n'engage pas la foi et aucune tradition ne fait l'unanimité, alors que personne, ni chrétien ni adversaire, n'a jamais prétendu savoir où seraient les ossements de Marie.
Le saint pape Jean Paul II s'est exprimé une fois sur ce sujet. Sans en faire un article de foi, il estime nettement plus vraisemblable que Marie ait connu la mort : Marie a été unie à son Fils jusqu'à la Croix ; elle l'est aujourd'hui dans la gloire. Pourquoi et comment ne l'aurait-elle pas été dans la mort ? Son Immaculée Conception ne l'a pas immunisée contre la douleur. Son Fils, l'Innocent par excellence, « est mort et a été enseveli », même si son corps n'a pas subi la corruption du tombeau. Il est logique de penser qu'il en fut de même pour sa Mère.

3.[modifier]

L'Assomption de la Vierge n'a pas de preuve scripturaire, même si certains textes consonnent avec cette affirmation de la foi. Inversement, l'Assomption est cohérente avec la foi en la Résurrection du Christ, la Maternité divine et l'Immaculée Conception.

Regardons les textes que la liturgie a retenus pour la vigile et la fête du 15 août. L'un d'eux montre David faisant monter l'arche d'alliance à Jérusalem, lieu où elle doit résider : or, la Tradition voit en Marie la parfaite Arche d'alliance, puisqu'elle porte en son sein le Sauveur. Les psaumes des deux messes de l'Assomption iront dans la même direction. Les évangiles proclament que Marie est heureuse, bienheureuse : « Le Seigneur fit pour moi des merveilles. » Les épîtres sont des actes de foi en la Résurrection.
Le texte le plus souvent cité est un passage de l'Apocalypse : « Un grand signe apparut dans le ciel : une Femme ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles ». Les exégètes sont réticents à voir dans cette Femme Marie, mère de Jésus. D'ailleurs, le pape Pie XII ne prend pas ce verset pour un argument péremptoire. La Femme est en butte aux agressions du Dragon : c'est l’Église qui, ici ou là, sera persécutée jusqu'à la fin des temps. Mais Marie n'est-elle pas la personnification de l’Église ?
Dans la définition du dogme, Marie est dite « Immaculée Mère de Dieu ». Depuis qu'en 1854, l'Immaculée Conception de la Vierge avait été proclamée, un mouvement de fond invitait le pape à prolonger ce dogme par celui de l'Assomption. Si Marie est, par les mérites préventifs du Sauveur, libérée du péché originel, comment ne serait-elle pas libérée de la conséquence du péché, la mort ?
Le lien entre l'Immaculée Conception et l'Assomption a été illustré tragiquement et glorieusement par saint Maximilien Kolbe. Le fondateur de la « Milice de l'Immaculée », enfermé dans le bunker de la faim à Auschwitz, fut finalement exécuté le 14 août 1941 par un SS qui ne supportait plus son regard.
Le Christ est ressuscité : comment le Fils ne donnerait-il pas la vie à celle qui lui a donné la vie ? « Tu as préservé de la dégradation du tombeau le corps qui avait porté ton propre Fils et mis au monde l'auteur de la vie » (Préface de la Messe du 15 août).
Le pape Jean Paul II a souhaité que, dans la récitation publique du rosaire, le mystère médité soit mentionné au coeur des Ave Maria. Pour l'Assomption qui est le quatrième mystère glorieux, la formule pourrait être :
Je vous salue, Marie, pleine de grâce :
le Seigneur est avec vous.
Vous êtes bénie entre toutes les femmes
et celui qui vous a prise avec lui dans la gloire,
Jésus,
le fruit de vos entrailles,
est béni

4.[modifier]

Puisque Marie personnifie l’Église, son Assomption est un signe d'espérance pour l'humanité.

Marie n'ajoute rien à l'œuvre de Dieu. Mais elle en est le signe parfait. Son Immaculée Conception est la promesse qu'un jour « nous serons et immaculés en la présence » de Dieu (Éphésiens 1, 4). De même, son Assomption préfigure notre résurrection et nous encourage au long du chemin.
La préface déjà citées est très explicite : « Parfaite image de l’Église à venir, aurore de l’Église triomphante, elle guide et soutient l'espérance de ton peuple encore en chemin. »
Qu'il soit permis d'évoquer une opinion qui n'engage que son auteur. La résurrection du Christ n'a eu aucun témoin, à l'instant où elle s'est produite. De même pour celle de Marie, si elle est effectivement passée par la mort. Mais le Christ ressuscité est apparu aux disciples pendant quarante jours et a promis son retour au Dernier Jour. Les apparitions de Marie ne sont pas un article de foi. Mais elles ont quand même été reconnues comme crédibles. Elles ne datent pas du 19ème siècle et la France n'est pas la seule partie du monde qui en ait bénéficié. Le Christ avait promis : « Je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin des temps. » Est-il absurde d'appliquer cette promesse à Marie pour qu'elle redise, en divers contextes, la dernière parole qu'elle ait prononcée dans l’Évangile : « Faites tout ce qu'il vous dira » ?

5.[modifier]

L'Assomption a été fêtée dans la liturgie bien avant d'être formulée comme un dogme.

Comme pour l'Immaculée Conception, la fête a précédé le dogme. L'Assomption est célébrée le 15 août, en Orient aussi bien qu'en Occident. Par rapport au calendrier civil, la différence de date vient de ce que toutes les confessions chrétiennes n'adoptent pas le même calendrier ecclésiastique, basé soit sur le calendrier julien, soit sur le calendrier grégorien. L'antiquité de la fête est attestée par le fait qu'elle subsiste dans toutes les confessions, malgré les schismes.
Au départ, la fête s'intitule la « Dormition », le nom chrétien pour désigner la mort. Bien que la foi dans la glorification de la Vierge soit la même qu'en Occident, la fête a gardé en Orient son nom primitif.
Avant de proclamer l'Immaculée Conception de la Vierge, le pape Pie IX avait consulté tous les évêques, ainsi que les supérieurs des grands ordres religieux et les facultés de théologie. En 1950, le pape Pie XII aurait pu faire l'économie de cette consultation, puisque, entre temps, en 1870, avait été promulguée l'infaillibilité pontificale en matière de foi. En fait, le pape Pie XII a procédé comme son prédécesseur. Sur 1 181 réponses, 1 169 étaient positives et 22 négatives. Sur ces 22 refus, 16 contestaient seulement l'opportunité.
La promulgation du dogme eut lieu le 1er novembre 1950, au terme d'une Année sainte. La date avait aussi une signification théologique : même si le cas de Marie est unique, la Vierge fait cependant partie des saints. Elle n'est pas une déesse ou une demi-déesse. Elle est humaine, rien qu'humaine, mais parfaitement humaine.

6.[modifier]

Les représentations de la Dormition /Assomption de la Vierge empruntent aux traditions populaires.

L'iconographie de la fête s'est inspirée de traditions légendaires ou symboliques, recueillies, par exemple, dans la Légende dorée. L'archange Gabriel aurait prévenu la Vierge que sa fin terrestre était proche. Marie aurait alors demandé que les apôtres aient le temps de se réunir autour d'elle au moment de sa mort. Ils arrivèrent tous. Sauf Thomas, dit la légende. Toujours en retard, Thomas ! Il faut dire qu'il était loin, en Inde, peut-être même en Chine.
A la mort de sa Mère, Jésus vient prendre son âme, représentée par un petit enfant. Les apôtres portent le cercueil de la Vierge. Quand le chef des prêtres juifs veut le renverser, sa main reste collée au cercueil. Elle s'en détache quand il confesse la virginité de Marie.
L'Assomption elle-même est suivie par le couronnement de la Vierge : c'est le cinquième mystère glorieux du rosaire, amplement représenté dans les cathédrales. Marie est la Mère du Roi : dans le monde biblique, la mère du roi est plus importante que son épouse. Car l'épouse n'est pas forcément unique et peut être répudiée : ce qui n'est pas le cas de la mère.

7.[modifier]

L'Assomption ne devrait pas être un casus belli œcuménique.

Les orthodoxes croient tout autant que les catholiques à la glorification de Marie, corps et âme. Ils n'acceptent pas la définition dogmatique puisqu'elle n'émane pas d'un concile œcuménique. Le pape Pie XII a bien consulté tous les évêques catholiques, mais il ne les a pas réunis. De plus, les évêques orthodoxes, bien qu'ils soient eux aussi successeurs des apôtres, n'étaient pas concernés.
Les protestants ne disent rien sur le sort ultime de Marie puisque l'Écriture n'en parle pas. Mais cela n'empêchait pas un pasteur de dire, non seulement qu'un chrétien était libre d'y croire, mais que l'idée même d'assomption n'était pas sans intérêt : de toute façon, c'est bien Dieu qui nous élève.
La crainte protestante est toujours que Marie soit mise sur le même plan que le Christ, qu'elle porte tort à son unique médiation. La liturgie catholique a voulu calmer cette crainte en choisissant comme deuxième lecture de la Messe, tant à la vigile que le jour de la fête, des textes de saint Paul sur la Résurrection du Christ, victoire définitive sur la mort, source de toute résurrection.