Comment comprendre aujourd'hui la mission des laïcs

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COMMENT COMPRENDRE AUJOURD’HUI LA MISSION DES LAÏCS ?

« L’heure des laïcs a sonné », disait Jean-Paul II : à la suite du Christ, le laïc est un missionnaire sur tous les lieux de rencontre avec son prochain et avec la société. C'est finalement la situation même du monde qui dessine comme en creux la vocation et la mission du laïc.

1. Le fidèle laïc était jusqu’ici souvent défini en creux, comme celui qui n’est pas clerc. Il en résulte une compréhension étriquée de sa vocation et de sa mission, réduites à une fonction de suppléance, à un temps partiel, à de l’intérim.

« Pourquoi restez-vous ici tout le jour sans travailler ? » – « C’est que, lui disent-ils, personne ne nous a embauchés. » (Matthieu 20,7) « L’Église ne m’a pas embauché, puisque je n’ai pas été appelé à la vie religieuse, je n’ai pas été appelé à embrasser les ordres… ; bref,  ».

Nombre de catholiques plus ou moins occasionnels reprennent cette réponse des ouvriers désœuvrés. Elle exprime vraisemblablement une perception encore largement partagée de la condition ecclésiale du laïc  :le simple fidèle était, jusqu’il y a peu encore, défini en creux ou âr défaut comme celui qui n’est pas clerc. Résultat : une compréhension étriquée de sa vocation et de sa mission, réduites à une fonction de suppléance, à un temps partiel, à de l’intérim…

La réponse du maître est pourtant des plus claires : « Allez, vous aussi, à ma vigne. »

Cette réponse renvoie en première instance à la présence chrétienne au monde. Que veut dire au juste « présence au monde » ? Par-delà l’usage inflationniste de cette expression, le défi demeure entier et s’exprime dans sa forme générale par la vocation et la mission du laïc, elles-mêmes rapportées au mystère de l’Église dans la solidarité et la complémentarité des états de vie dont tout baptisé est appelé à vivre et à témoigner.

La question de l’apostolat des laïcs n’est pas indépendante de la crise du sacerdoce ministériel

C’est ce que suggère cardinal Christoph Schönborn dans Le Défi du christianisme » (Cerf, 2003, en particulier p. 18-20). Le prélat autrichien considère le contexte de ce qui est communément appelé la crise postconciliaire de l’Église, avec notamment la raréfaction, du moins en Occident, des vocations sacerdotales. S’il y a moins de prêtres, ce n’est pas simplement parce que le nombre des catholiques pratiquants diminue, car cette érosion est aussi due à un déplacement du clivage entre « actifs » et « passifs » dans l’Église : le clergé se distingue mal des laïcs qui prennent de plus en plus de place dans les paroisses, mouvements et associations, sans que la masse des baptisés soit généralement mieux atteinte et davantage consciente de sa mission.

La crise du sacerdoce ministériel serait donc à rapporter en fait à la question de l’apostolat des laïcs, et plus profondément à une juste conception de l’articulation du sacerdoce ministériel et du sacerdoce commun des baptisés.

Le premier apostolat des laïcs est le monde : c’est là qu’ils sont appelés

Depuis le concile Vatican II, l’engagement croissant des laïcs au sein même de l’Église. Nous en sommes tous témoins : les conseils paroissiaux et les équipes d’animation pastorale se sont démultipliés ; quant à la chorale, la liturgie, le catéchisme, les finances, les œuvres caritatives et même la préparation aux baptême d’adultes et aux mariages, ils sont désormais surtout du ressort de laïcs, quitte à ce qu’ils en fassent leur job. On ne peut que s’en réjouir et leur en savoir gré. Pour autant, il ne faut pas oublier deux choses : d’abord que le « laïcat » ne se limite pas à ceux qui s’engagent dans les institutions ecclésiales ; ensuite et surtout que le lieu premier de l’apostolat des laïcs est le monde : « C’est là qu’ils sont appelés » (Lumen gentium [= LG] n° 31).

2. En arrière-plan de cette vision se trouve l’idée d’une « division du travail» – l’expression est empruntée au cardinal Lustiger – qui a longtemps prévalu dans l’équilibre interne de la vie de l’Église entre prêtres et laïcs : aux premiers, le culte et l’apostolat ; aux seconds, la gestion du temporel. Cette idée de « division du travail » est une survivance d’un équilibre politico-ecclésial marqué par un conflit d’autorité et un affrontement entre pouvoir spirituel et pouvoir temporel.

L’expression « division du travail » est empruntée au cardinal Lustiger dans son discours : « Les Laïcs, témoins d’une nouveauté de vie », à un congrès à Rome du 25 au 30 novembre 2000.

De cette division, il reste encore des traces tenaces : par exemple, quand le laïc comprend et réduit sa contribution apostolique à de l’assistance pastorale, avec le risque corrélatif d’une pseudo cléricalisation et d’une défiguration du rapport de complémentarité entre prêtres et laïcs en un rapport de pouvoir voire de conflit d’autorité (voir Mgr Denis Biju Duval, « Fraternité baptismale et complémentarité missionnaire. Prêtres et laïcs dans la mission« , Actes du cinquième colloque de Rome, Éditions de l’Emmanuel, 2011, p. 211-237).

La constitution dogmatique Lumen gentium enseigne que tous les baptisés sont appelés à exercer un sacerdoce commun (n°10)

« Le Christ Seigneur, grand prêtre d’entre les hommes (cf. Hébreux 5,1-5) a fait du peuple nouveau "un Royaume, des prêtres pour son Dieu et Père"(Apocalypse1 6 ; 5,9-10). Les baptisés, en effet, par la régénération et l’onction du Saint-Esprit, sont consacrés pour être une demeure spirituelle et un sacerdoce saint, de façon à offrir, par toutes les activités du chrétien, autant d’hosties spirituelles, en proclamant les merveilles de celui qui, des ténèbres, les a appelés à son admirable lumière (cf. 1 Pierre 2,4-10). C’est pourquoi tous les disciples du Christ, persévérant dans la prière et la louange de Dieu (cf. Acts des apôtres 2,42-47), doivent s’offrir en victimes vivantes, saintes, agréables à Dieu (cf. Rm 12,1), porter témoignage du Christ sur toute la surface de la terre, et rendre raison, sur toute requête, de l’espérance qui est en eux d’une vie éternelle (cf. 1 Pierre 3,15). » (LG n°10)

« Le sacerdoce commun des fidèles et le sacerdoce ministériel ou hiérarchique, qui ont entre eux une différence essentielle et non seulement de degré, sont cependant ordonnés l’un à l’autre »

« L’un et l’autre, en effet, chacun selon son mode propre, participent de l’unique sacerdoce du Christ. Celui qui a reçu le sacerdoce ministériel jouit d’un pouvoir sacré pour former et conduire le peuple sacerdotal, pour faire, dans le rôle du Christ, le sacrifice eucharistique et l’offrir à Dieu au nom du peuple tout entier ; les fidèles eux, de par le sacerdoce royal qui est le leur, concourent à l’offrande de l’Eucharistie et exercent leur sacerdoce par la réception des sacrements, la prière et l’action de grâces, le témoignage d’une vie sainte, leur renoncement et leur charité effective. » (LG n°10)

3. Pour présenter la vocation de tous les baptisés, Vatican II prend comme point de départ la mission de l’Église dans le monde. Le concile évoque explicitement la participation des fidèles à la triple fonction sacerdotale, prophétique et royale du Christ. La mission de l’Église est la sanctification du monde. Vatican II définit clairement l’amplitude de la mission des laïcs « Sous le nom de laïcs, on entend ici tous les fidèles, en dehors des membres de l’ordre sacré et de l’état religieux reconnu dans l’Église qui, étant incorporés au Christ par le baptême, intégrés au Peuple de Dieu, et participants à leur manière de la fonction sacerdotale, prophétique et royale du Christ, exercent pour leur part, dans l’Église et dans le monde, la mission qui est celle de tout le peuple chrétien » (LG n° 31.)

La vocation des laïcs est de « chercher le règne de Dieu à travers la gérance des choses temporelles qu’ils ordonnent selon Dieu » (Christidfideles laïci n° 9)

En se donnant comme trame de développement la parabole des ouvriers de la dernière heure, l’exhortation apostolique Christifideles laici (CFL) de 1988, qui a fait suite au synode des évêques de 1987 sur « la vocation et la mission dans l’Église et dans le monde vingt ans après le Concile Vatican II », a tenu à rappeler la description positive de cette vocation et de cette mission en « affirmant la pleine appartenance des fidèles laïcs à l’Église et à son mystère, et le caractère particulier de leur vocation, dont le propre est, d’une manière particulière, de chercher le règne de Dieu, précisément à travers la gérance des choses temporelles qu’ils ordonnent selon Dieu » (CFL n° 9).

C’est en inscrivant la vocation et la mission des laïcs au cœur du mystère de l’Église que s’éclaire et se déploie leur caractère propre, à savoir que le monde est le lieu premier de leur apostolat.

Rapporter cette vocation au mystère de l’Église est précisé avec audace dans la suite de CFL au n° 9 : « Déjà Pie XII affirmait : “Les fidèles, et plus précisément les laïcs, se trouvent sur la ligne la plus avancée de la vie de l’Église ; par eux, l’Église est le principe vital de la société humaine. C’est pourquoi eux surtout doivent avoir une conscience toujours plus claire, non seulement d’appartenir à l’Église, mais d’être l’Église ; c'est-à-dire la communauté des fidèles sur la terre, sous la conduite du chef commun, le pape, et des évêques en communion avec lui. Ils sont l’Église » » (Pie XII, « Discours aux nouveaux cardinaux », 20 février 1946 AAS 38 [1946], 149.).

Affirmer que les laïcs sont comme postés sur « la ligne la plus avancée de la vie de l’Église » n’est pas une mince affaire

C’est dire notamment que la vie chrétienne du laïc est appelée à être tissée de cette rencontre entre l’Église et le monde - tissée de cette annonce du salut et de sa réception par le monde lui-même. Selon l’expression suggestive du cardinal Rylko, le laïc est en effet « voix de l’Église dans le monde et voix du monde dans l’Église».

4. Cette mission de sanctification du monde est un service. Elle ne peut ni se confondre avec un pouvoir, ni se segmenter suivant les différents états de vie, ni se satisfaire de la division du travail précédente. On comprend mieux du coup comment une vision réductrice de la vocation et de la mission des laïcs peut alimenter en retour une compréhension biaisée du sacerdoce ministériel. La mission des laïcs doit se concevoir comme un service En travaillant par leurs œuvres et leur témoignage à la sanctification du monde, les laïcs ne cherchent pas à exercer ni conquérir du pouvoir ni dans la société, ni dans l’Église. Leur sacerdoce « prophétique, sacerdotal et royal » les amène à prendre la suite du Christ, qui a refusé d’être (et encore plus de se faire roi » (Jean 6,15) et au contraire s’est comporté en serviteur, demandant à ses disciples de faire de même (voir la scène du lavement des pieds des apôtres : Jean 13,12-15).

Le pouvoir des ministres ordonnés à leur service est a fortiori aussi un service

Le pasteur appelé par le Christ à veiller sur une portion de son troupeau (Jean 21,17), envoyé par son évêque, successeur des apôtres en communion avec le successeur de Pierre, est encore moins un « patron ». Au contraire, en tant que celui qui, au nom du Christ, dit « je » dans les sacrements du baptême, de l’eucharistie et de la réconciliation, enseigne et guide, il est au service des serviteurs que sont les simples baptisés. Ce service n’est possible que grâce à l’autorité sacramentellement transmise dans le sacrement de l’ordre. Il participe à la sanctification du monde et y est même nécessaire afin que les baptisés soient eux-mêmes sanctifiés.

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4commentairespostés

Bénédicte Queyroy (Soyris)

07/06/2018 11:58

Chère Eve, Je crois que par « soi-disant païens » je voulais parler d’un nombre important de personnes qui se trouvent au seuil de nos églises et que l’on juge de façon trop lapidaire. Je pense à des personnes qui viennent ponctuellement demander un sacrement (baptême d’enfant ou mariage) ou un enterrement pour l’un des leurs. Je pense également à un grand nombre de personnes qui revendiquent leur appartenance à notre Église tout en s’en tenant le plus éloignés possible (« je suis croyant mais non pratiquant », voire même « je suis catholique mais je ne crois pas »). Loin de moi l’idée de penser qu’ils sont des croyants qui s’ignorent. Je sais que si la foi est un don elle est aussi une décision. Cependant ce dont je souhaite parler ce sont des « germes » de foi que l’on voit chez ces personnes si on se donne la peine de les écouter respectueusement et patiemment et surtout sans leur indiquer un chemin (ce qui appartient exclusivement à Dieu). Attitude (soit dit en passant) complètement étrangère aux catholiques qui prétendent « évangéliser » selon une approche de l’évangélisation très en vogue aujourd’hui et qui nous vient du renouveau charismatique, plus particulièrement de la communauté de l’Emmanuel. Cette approche de l’évangélisation ne souhaite en fait que « prêcher » pour « sa » paroisse (à savoir l’Église Catholique) et remplir à nouveau ses rangs de façon clairement malhonnête. Je pense que ceux que je nomme (sans doute improprement) les « soi-disant païens » et qui portent en eux des « germes » de foi n’ont pas moins à apporter à l’Église Catholique que les quelques uns d’entre nous qui faisons encore le choix de pratiquer dans notre Église. Hélas pour ces « soi-disant païens » la tendance actuelle (largement influencée par la communauté de l’Emmanuel) est de leur proposer une spiritualité au rabais et s’ils n’en veulent pas alors la sentence devient, comme je le disais plus haut, lapidaire (« ils ont le cœur fermé »). Ils continuent alors de « quitter inexorablement nos églises ». Chère Eve, Mes propos ne s’enracinent absolument pas dans une vision de l’Eglise que l’on pourrait qualifier d’ « objective ». Je parle depuis mon expérience de vie paroissiale (ma paroisse est accompagnée par l’Emmanuel) et depuis mon expérience de vie dans un « vieil » ordre séculier au sein duquel j’ai engagé toute ma vie. Pour moi la vie paroissiale est une grosse croix et je considère peut-être injustement que les leçons de morale qu’elle m’inflige sont partagées douloureusement par d’autres membres de l’Église Catholique (pratiquants ou pas). Ceci dit même si j’ai une grande tendance à me sentir blessée par des attitudes spirituelles non ajustées, je me dit que je ne suis pas réellement différente d’autres et les quelques discussions que je peux avoir en dehors de ma paroisse ne font que renforcer le point de vue que j’ai exposé plus haut. J’ai conscience également que le Seigneur nous demande parfois d’être des « intendants malhonnêtes » et je me dis que c’est en partie ce qui pousse nos évêques à parler de la communauté de l’Emmanuel en terme de « signe des temps ». À charge des membres de cette communauté de le reconnaître humblement. À charge également des grincheux des vieux ordres dont je suis de l’accepter patiemment. Je vous souhaite une bonne journée et je vous charge de saluer l’auteur de cet article si vous le côtoyez ! Au plaisir d’échanger à nouveau avec vous.

Bénédicte (Soyris) Queyroy

04/05/2018 14:47

Bonjour Monsieur Vermersch, Je vous remercie pour l’intérêt que vous avez porté à mes propos (alors que je ne réagissais pas aux vôtres de manière directe). Je vous remercie pour votre demande de précisions que vous m’adressez par l’intermédiaire de Eve. Je me trouve bien embêtée pour vous répondre. La phrase et les mots que vous soulignez dans ce que j’ai écrit me laissent également perplexe… Sans doute ils ont eu beaucoup de sens lorsque je les ai écrit et je ne les renie absolument pas. J’y reconnais même bien un « je ne sais quoi » (s’il m’est permis de reprendre à mon compte ces mots de Jean de la Croix) d’une pensée plus ou moins personnelle que j’essaye de défendre auprès de mes amis catholiques. Je ne suis pas une intellectuelle. Je n’ai absolument pas la capacité d’expliciter les quelques intuitions qui sous-tendent ma phrase. J’ai fait un effort pour vous répondre en essayant de préciser pour moi-même ce que j’avais voulu dire. Je me suis perdue dans le souvenir de discussions, de réactions de telle ou telle personne, de mouvements personnels d’empathie et de décisions pastorales de tel ou tel membre de notre Église. Souvenirs impossibles à synthétiser autant qu’à exploiter. Ma réaction à vos propos a jaillit en moi de manière très spontanée. Je me souviens un peu de cette journée de novembre où j’ai lu votre article et où j’y ai répondu. C’est le genre de journées que j’ai dans le coin de ma tête et auxquelles je repense parfois en me disant que j’aimerais qu’elles aient un sens. En relisant la totalité du propos que je vous ai envoyé je me demande bien ce qui a pu vous interpeller. Et je vous le redis, je suis sincèrement désolée de ne pas pouvoir vous éclairer en précisant quoique ce soit. Mais sans doute que ces précisions ne sont pas vraiment nécessaires. J’ai fait un chemin vers le Seigneur en lisant puis en réagissant à vos propos. Vous avez apparemment vous aussi fait un chemin. Vous espériez peut-être que je puisse encore vous aider ou bien que je puisse aider d’autres personnes qui passeraient par cette page. Dans le secret de Dieu c’est certainement ce qu’il s’est passé. Pardonnez-moi pour ces quelques lignes formées dans ma rêverie d’aujourd’hui. Malgré ce que j’ai peut-être pu laisser paraître dans mes propos du mois de novembre je ne suis pas une femme d’action. Je compte sur vous pour ne pas publier mes lignes d’aujourd’hui. Je me recommande à votre prière et je prie pour vous.

Eve

15/04/2018 14:01

Bonjour Mme Bénédicte, Vos propos demandent à être précisés. Par exemple : "Si l'on souhaite évangéliser il faut commencer par comprendre la langue des soit-disants païens. Si nous nous refusons encore à les laisser s'exprimer dans leur langue alors ne nous étonnons pas qu'ils ne souhaitent pas se laisser évangélisés et qu'ils continuent inexorablement à quitter nos églises. " Les "soit-disants païens" ..."ils continuent inexorablement à quitter nos églises. "" ???

Bénédicte QUEYROY (SOYRIS)

16/11/2017 11:47

Cher Monsieur Vermersh (Mon Père ?) Un immense merci pour votre article. Tout d'un coup je souffle... J'entends ma vocation de laïc globalement comme vous. Et je suis vraiment heureuse de pouvoir lire vos lignes sur le net. Je respire d'autant mieux que, oh miracle, j'ai le droit de réagir à vos propos. Apparemment vous souhaitiez ouvrir un débat. Je commençais à désespérer de ne pouvoir avoir le droit ni de m'exprimer ni d'entendre les points de vue de mes frères dans le Christ ainsi que de mes frères qui ont pris leurs distances avec notre Église. Pour avoir moi-même tenté de provoquer un peu de débat via Facebook (sur les pages de prêtres comme de laïcs) je me suis rendue compte qu'au mieux le débat ne prenait pas (pas un seul like ni même un seul commentaire en réaction à mes propos) au pire j'étais muselée au silence (tout d'un coup des paramètres de réglages modifiés pour que les posts (d'un laïc !!!...) ne me soit plus accessibles). Je me suis tristement rendue compte que les articles auxquels j'avais réagi ne suscitaient que pleurnicheries de la part du clergé et, oh combien plus douloureux, de la part de laïcs eux-mêmes. Passée cette triste constatation et cette consternante désillusion, je me suis interrogée. Peut-être que je ne saisis pas toutes les subtilités de Facebook et que je ne peux m'en prendre qu'à moi même de ne pas savoir encore bien l'utiliser (j'ai l'impression que mes commentaires sont invisibles...). En même temps, pour avoir utilisé Facebook avec d'autres amis, je ne comprends pas pourquoi tout d'un coup je ne parviendrais plus à l'utiliser. Alors je me demande, (je crois) légitiment, comment mes amis membres du clergé utilisent leur compte. J'en viens à une conclusion affligeante que mes amis utilisent Facebook pour ne déverser que leur vie (certes de manière plus mesurée que certains jeunes dont je suis les posts) mais tout de même... J'ai l'impression de rêver et je me désole sur moi-même d'avoir été naïve au point de croire mes amis prêtres capables de discuter via Facebook alors que je les vois très bien me museler sans scrupules lors de nos réunions de conseil pastoral. Soit. Je ne sais peut-être pas non plus comment leur parler, puisque manifestement en essayant d'être ferme il se sentent blessés. En même temps je reste persuadée que je suis polie, courtoise et respectueuse et qu'il faudrait peut-être qu'ils nous laissent la possibilité de nous exprimer avec notre franc-parlé et en laissant de côté un peu de leur amour propre. Nous vivons dans le monde, ce monde n'est pas tendre : il (et nous aussi laïcs qui vivont dans le monde) n'a pas à avoir à emprunter une façon de parler qui serait propre aux gens d'Église. Si l'on souhaite évangéliser il faut commencer par comprendre la langue des soit-disants païens. Si nous nous refusons encore à les laisser s'exprimer dans leur langue alors ne nous étonnons pas qu'ils ne souhaitent pas se laisser évangélisés et qu'ils continuent inexorablement à quitter nos églises. Bref... Merci d'avoir écouté l'expression de ma douleur. Je constate avec la même tristesse que vous êtes manifestement vous aussi victime de la même chose que moi. Je ne sais pas depuis combien de temps vous avez publié votre article sur cette page mais le débat que vous souhaitiez n'a lui non plus pas été engagé. Ok, alors je vais arrêter de pleurnicher sur mon sort et je vais essayer de retrousser mes manches. Si vous le souhaitez nous pouvons essayer de discuter et essayer de mettre nos forces en commun. Vous pouvez vous rendre sur ma page Facebook en devenant mon ami (je réponds au nom de Bénédicte SOYRIS) et me contacter par messagerie privée via Messenger. Je compte désormais utiliser cette page (qui me servait autrefois de support à la promotion de ma modeste activité artistique), comme un lieu de rencontre et de débat au sein de notre Église et à la rencontre du monde. Je ne part de rien et ce n'est même pas sûr que je parte puisque que je n'ai pas encore soumis mon projet à la sagacité et au discernement de mon accompagnateur spirituel. Ce que j'entends faire dès aujourd'hui puisque nous nous rencontrons en fin d'après-midi. Quoiqu'il en soit je serais vraiment heureuse si vous acceptiez de discuter avec moi. Et si toutefois vous ne vous exprimiez pas par le biais de Facebook, vous pourriez toujours me contacter en demandant mon numéro de téléphone ou mon adresse mail au curé de la paroisse Montigny/Guyancourt du diocèse de Versailles (paroisse accompagnée par votre communauté). J'entends me soumettre aux appels de l'Esprit. S'il m'appelle vraiment là où je le perçois aujourd'hui, je souhaite (s'il lui plait) qu'il vous fasse parvenir ce message d'une manière ou d'une autre, au jour où il le souhaitera. À bientôt je l'espère, Fraternellement,

Bénédicte QUEYROY

PS : À l'homme de bonne volonté qui pourrait éventuellement passer par ici, j'autorise et j'exhorte à devenir également mon ami Facebook. Je serai heureuse d'engager le dialogue également avec vous. Si Dieu le veut.