Communication et Christianisme
Le christianisme est une tradition de la communication : il développe une vision de la communication juste et pleinement efficace, c’est-à-dire qui ne se réalise pas au sens superficiel et caricatural de la « com’ », mais dans le sens d’une communication vraie qui touche les profondeurs de l’être.
1. Communication et communion sont liées : ces deux mots ont la même étymologie, qui est mettre en commun, et il faut retrouver cela. La communication qui met en œuvre la relation n’est pas quelque chose de superficiel : l’homme est créateur du monde dans lequel il vit, et c’est par sa communication qu’il a vocation à créer la communion entre les hommes et qu’il peut se mettre au service de ce qui est beau, bon et vrai.
- Jusqu’au XVIe siècle, les deux mots « communion » et « communication » étaient synonymes
- À partir du XVIIe siècle ces mots se sont éloignés l’un de l’autre. Il nous faut rappeler aujourd’hui – et c’est là un objectif essentiel et vital, – que la communication que nous avons en vue vise la communion, et non seulement la transmission d’informations. C’est l’enjeu principal et c’est là que notre parole, en tant que chrétiens, est très importante.
- Aujourd’hui, la communication telle qu’elle est vécue a des effets dévastateurs
- Beaucoup souffrent de la communication telle qu’elle est pensée et vécue actuellement, surtout via les grands médias, parce qu’elle est agressive et, trop souvent, ne respecte pas la personne. Elle s’avère superficielle et volatile. Non seulement elle ne conduit pas à l’intériorité, à la pacification et à la clarté de l’être, mais elle va jusqu’à mutiler l’être humain en ne prenant pas en compte sa dimension spirituelle. Elle dévaste très fréquemment, avec complaisance, son psychisme par des « nourritures » – c’est-à-dire des informations, des images, des paroles – propres à semer le chaos en lui.
- Il faut relier à nouveau communication et communion
- Notre objectif est donc de relier à nouveau communication et communion, de les mettre en perspective, c’est-à-dire d’amener dans notre pensée, dans la pensée de notre société, l’idée que la communication a pour objectif, en plus d’un partage fructueux, la communion. Bien sûr, c’est une ambition, un but ultime. Mais si nous ne posons pas une telle ambition, nous n’aurons aucune chance de la concrétiser. Cela commence par prendre un chemin différent. À la base de cette transformation se trouve une idée qui m’est très chère et qui est que l’homme est créateur du monde dans lequel il vit.
- L’être humain doit retrouver sa dignité de créateur également dans le domaine de la communication
- Très souvent, nous vivons le monde comme une fatalité, et c’est fréquemment une réalité, mais ce l’est d’autant plus que nous croyons intimement qu’il en est ainsi et pas autrement. Dans la Bible, dans notre tradition donc, l’être humain a été créé à l’image d’un créateur. Il a cette potentialité créatrice en lui s’il est en relation avec son créateur. Cela est aussi vrai dans la communication. C’est pourquoi l’homme a la capacité de créer des chemins nouveaux. Faut-il encore qu’il le veuille et se débarrasse de toute la fatalité dont il se charge. Les êtres humains sont en grande majorité fatalistes sans s’en rendre compte : « C’est comme ça. Je suis ainsi. Je ne peux rien changer » etc. Or il y a énormément de choses que l’on peut faire évoluer avec le temps, y compris dans sa propre vie, mais si on n’en n’est pas persuadé, ce n’est pas possible.
- Les chrétiens ont à apporter quelque chose de spécifique et d’unique
- Leur apport à la communication est quelque chose qu’ils donnent au monde, d’une part à eux-mêmes pour développer leur foi, mais aussi, d’autre part, aux non-chrétiens. Il est très important que les chrétiens puissent parler aux non-chrétiens. Les chrétiens ont une responsabilité vis-à-vis du monde. Ils ont dans leur tradition des éléments qui sont absolument vitaux pour l’ensemble du monde. C’est leur héritage, ils ont pour mission de le faire fructifier, comme nous l’enseigne la parabole des talents. Un dialogue créateur est susceptible d’engendrer cette croissance. Les chrétiens ont des éléments propres à toute vraie communication dans leur propre tradition et ils les portent en eux. Leur présence est forte dans le monde en général, mais elle devrait l’être aussi dans le domaine de la communication. Ainsi, un spécialiste de la communication, Dominique Wolton, dans un entretien à La Croix publié le 1er juin 2001, réclame une plus grande présence des chrétiens dans les débats sur la communication.
- Des initiatives remarquables existent pour promouvoir ce qui est beau, bon et vrai
- Je prendrai juste l’exemple d’une ONG reconnue d’intérêt général, Reporters d’Espoirs, qui a pour objectif de promouvoir avec les médias une information qui donne envie d’agir. En mettant en lumière des initiatives innovantes et porteuses d’avenir dans les domaines économiques, sociaux et environnementaux, les journalistes et les médias peuvent donner envie d’agir au plus grand nombre. Ils font connaître des personnes qui entreprennent, réussissent, édifient, sauvent d’autres personnes, font des choses formidables. Ils mettent en avant des réalisations positives, portées par un souffle constructif.
2. La communication est une mise en œuvre de la relation à l’autre, qui est essentiellement une relation de personne à personne. Il s’agit de « prendre soin de l’autre », d’être responsable de l’autre, de se mettre à son service. « Aime ton prochain comme toi-même » veut dire aimer son prochain comme on s’aime soi-même et lui accorder autant d’importance qu’à soi-même, mais cela suppose que l’on s’accorde également de l’importance : « Ne te dévalorise pas, ne te détruis pas intérieurement, espère en toi malgré tout ». « Aime ton prochain et toi-même ».
- Il n’y a pas de recette : chacun doit trouver une manière personnelle d’aller vers les autres
- Il faut aller vers les autres et à la rencontre de la création. Elle dépend de notre une attitude intérieure face à ce qui se présente à nous d’une façon ressemblante par bien des traits à d’autres rencontres et pourtant différente à chaque fois.
- La communication vraie est une relation de personne à personne
- Aujourd’hui on pense objet, système, moyens de communication, mais en vérité la communication vraie passe par l’être humain. C’est même une relation de personne à personne. On peut être choqué par la communication telle qu’elle est souvent faite aujourd’hui : il faut du rendement, des ventes, faire du chiffre. Cela conduit à privilégier et rechercher le conflit, le scandale, à s’appuyer sur le voyeurisme tout comme sur l’exhibitionnisme. En aucun cas cette démarche ne conduit à une véritable rencontre de personne à personne. Les médias ont souvent une part de responsabilité dans cette situation en focalisant l’attention sur la division, le conflit ou le scandale, en ne montrant que cela. Or plus on focalise l’attention sur une chose, plus elle se développe dans le sens indiqué. Les conflits existent, bien sûr, mais il y a aussi des éléments qui rapprochent, qui peuvent lier et permettre de nouer une relation véritable.
- Flatter les bas instincts paraît plus vendeur, mais cela asservi l’être humain au lieu de le servir
- Pour attirer l’attention, on provoque un choc visuel et auditif, afin de susciter, volontairement, une émotion forte, afin de capter l’attention de manière intrusive. Trop souvent, la communication repose sur cela et c’est une communication qui se fait non pas par et pour la personne, mais qui sert une volonté de domination et de puissance, ou l’appât du gain quel qu’en soit le coût humain, ou encore le mensonge : autant de motivations négatrices de la personne. On veut en réalité, avec ces intentions, in fine, asservir l’être humain et non pas grandir avec lui.
- La communication est une nourriture pour l’autre, pour son corps et son âme
- En effet, la personne est l’être humain qui se construit et qui grandit par la relation, avec son Créateur, les autres et la création. Par la communication donc, on peut enrichir la personne, mais aussi l’abîmer, jusqu’à l’annihilation. Chacun d’entre nous a une responsabilité vis-à-vis de l’autre.
- Nous sommes responsables de l’autre dans la communication
- Posons-nous la question quand nous communiquons : voulons-nous une manipulation, mettre en place ou renforcer une domination ou un échange d’égal à égal avec l’autre qui permette de grandir ensemble dans le respect de chacun ? On s’aperçoit à cet égard que beaucoup de blessures chez les personnes sont liées à des communications prédatrices, destructrices, manipulatrices ou autres. Quand il s’agit d’enfants et d’adolescents qui grandissent avec cela, c’est très incapacitant et source de bien des souffrances ultérieures. Par la communication, on peut aussi bien faire grandir l’autre que le détruire. Nous sommes responsables de l’autre dans la communication.
3. L’autre est aidé, sauvé ou bien affecté, blessé et même détruit par la communication. La bonne communication fait grandir l’autre en humanité, fait croître les richesses qu’il porte en lui, et les lui fait même découvrir, car souvent il ne les connaît pas. Mais la communication doit pour cela être authentique, vraie, respectueuse des autres et de soi-même.
- Notre intention passe dans la communication et l’autre la ressent
- La relation peut être avec l’autre, mais l’autre n’est pas forcément un être humain. Si on prend la création au sens large, on peut communiquer avec elle et elle peut nous apprendre beaucoup sur nous-mêmes, et sur le monde bien sûr. Au quotidien, la communication s’établit principalement avec les êtres humains. Déceler notre propre intention dans la communication est décisif quant à la qualité de celle-ci. Notre intention passe dans la communication et l’autre la ressent consciemment ou inconsciemment. Une bonne communication repose sur une justesse par rapport à soi-même et sur la clarté par rapport à notre propre intention. Qu’est-ce que je fais et qui suis-je quand je communique ?
- Si on veut respecter l’autre, il faut d’abord se respecter soi-même
- La communication juste passe aussi par une bonne communication avec soi-même. La parole du Christ : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Matthieu 22,39) peut se comprendre aussi comme : « Aime ton prochain et toi-même ». En fait, souvent, la communication achoppe à cause de cela, car de nombreuses personnes ont d’abord des problèmes à régler avec elles-mêmes. C’est tout un chemin, également spirituel. Il mène à être authentique par rapport à soi et c’est très difficile d’être simplement soi-même.
- On se rend compte que lorsque l’on est simplement soi-même, cela touche les autres
- On sent qu’il y a quelque chose de vivant qui passe. L’être humain, par-delà les mots et les choses, perçoit le vivant et a besoin de cela, parce que c’est ce qui le nourrit vraiment ; c’est ce qu’il cherche sans forcément le comprendre.
- Laisser de la place à l’autre
- Une bonne communication commence d’abord par l’écoute, en quelque sorte il convient de se taire avant de parler ! Il est indispensable de laisser à l’autre une véritable place en nous pour qu’il puisse s’exprimer. Cela passe notamment par le développement de notre capacité à recevoir vraiment ce que l’autre manifeste de telle ou telle manière.
- Une bonne communication doit nous donner du vivant
- Pas du vivant agité, artificiel et superficiel, une apparence en somme, mais véritablement quelque chose qui passe par-delà les mots, par-delà les émotions, qui accède aux profondeurs de l’être, là où se joue notre vie.
4. La Bible est une histoire de communication établie, rompue, restaurée, jusqu’à l’Incarnation qui est une rencontre profonde avec Dieu qui s’approche de nous et nous parle, nous rejoint et entre en relation plénière avec nous : « Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de vie » (1 Jean 1,1)
- La Bible peut être lue, aussi, comme une histoire de la communication, avec en outre tout un enseignement sur la communication
- Tout commence dès la Genèse, car l’homme est le fruit d’une communication parfaite. « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance » (Genèse 1,26), c’est un projet qui se met en place. Il témoigne d’un accord et d’une communion. Il y a une communication avant cette création : « Faisons ». C’est un futur, c’est donc une communion qui s’exprime pour la création de l’être humain. L’être humain a été créé à l’image de cette communication et de cette communion exemplaires en Dieu, pour les chrétiens des trois personnes de la Trinité. L’homme les porte en lui, dans son cœur.
- Remarquons aussi que l’homme a aussi été créé par un face à face. Le texte biblique de la Genèse nous dit : « Il insuffla dans ses narines le souffle de vie » (Genèse 2,7). Il y a eu un face à face qui a été créateur pour l’homme. C’est ce qui lui a donné la vie. Quant à l’univers, il a été créé par la parole : « Dieu dit… ». Donc, là aussi, par une communication. Le face à face est la meilleure communication. Pour Philippe Breton, spécialiste de la communication, c’est la « communication première » (dans son ouvrage Éloge de la parole, La Découverte, 2003).
- Mais la Genèse relate aussi une rupture de la communication, conséquence d’un mensonge
- La rupture vient de cette parole mensongère dite par le Tentateur, qui a été crue et qui a entraîné une interruption de la relation, car la première chose que Dieu dit à l’homme dans la Bible après cette faute est : « Où es-tu ? » (Genèse 3, 9), c’est-à-dire : « Je ne te vois plus. Je ne suis plus en relation, en communication avec toi ». Il s’ensuit une série de conflits et de divisions : conflits entre l’être humain et Dieu ; conflits entre l’être humain et la création (« Le sol sera maudit à cause de toi », Genèse 3,17), conflits meurtriers entre les êtres humains : Abel et Caïn (Genèse 4). Conflit aussi entre l’homme et sa vie, puisqu’il travaillera à la sueur de son front : « C’est à la sueur de ton visage que tu gagneras ton pain » (Genèse 3,19) : les choses deviennent difficiles et pénibles.
- On constate que plus il y a éloignement de Dieu et de l’espace de communication parfaite dans lequel l’homme vivait, plus il y a multiplication des divisions. C’est d’ailleurs là l’étymologie grecque du mot diable, « celui qui divise » – et les conflits s’accentuent dans l’histoire de la Bible.
- La recherche d’une restauration de la communication entre l’homme et Dieu
- Puis, toujours dans la Bible, aussi bien pour l’homme vis-à-vis de Dieu que pour Dieu vis-à-vis de l’homme, on observe la recherche d’une restauration de la communication. Du côté de l’homme, ce désir révèle de nombreux obstacles parmi lesquels l’orgueil, le mensonge, la tromperie, la duplicité, le cœur double (on dit une chose, mais on en exprime une autre dans le cœur). Ce sont des obstacles à une véritable relation et à une véritable communication avec Dieu. Celle-ci se fait malgré tout par le biais de quelques personnages : Moïse par exemple, qui devient l’intermédiaire entre la communauté des humains et Dieu. Mais elle est extrêmement difficile et ponctuelle. Dieu régulièrement relance l’homme en souhaitant son retour. De l’autre côté, certains hommes crient vers Dieu, essaient de rétablir de façon désespérée la communication et les psaumes en sont un magnifique témoignage : ce cri puissant et déchirant des hommes vers Dieu, ce jaillissement des entrailles pour rétablir la communication. Cela traverse tous les psaumes qui sont portés par l’espoir du rétablissement d’une relation véritable et constante avec le Créateur.
- Quant à Dieu, il fait dire par la bouche d’Osée (2,16) : « Je la conduirai au désert et je parlerai à son cœur ». Parfois, l’être humain tourne le dos à Dieu et d’autres fois il le cherche désespérément.
- Cette restauration de la communication ouvre aux êtres humains la possibilité d’accomplir en plénitude par le Christ le projet de Dieu pour eux, manifesté lors de la Création : « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance » (Genèse 1, 26). En effet, parvenus à « l’unité parfaite » (Jean 17, 23) – que l’on peut aussi comprendre comme étant la communion parfaite en Christ – ils sont un en Dieu (Jean 17, 21), et cela pour l’éternité.
- Saint Jean a écrit un traité de la communication
- L’évangile de saint Jean nous dit que le Verbe, créateur du monde, s’est fait chair. On peut aller jusqu’à dire, de manière certes très réductrice, que la communication par excellence s’est incarnée avec le Christ, que la communication à son plus haut niveau a pris chair avec lui. D’ailleurs, un très beau passage biblique de la communication se trouve au tout début de la Première lettre de saint Jean. On peut même dire que le premier chapitre est un traité de la communication. Celle-ci est très enracinée et très charnelle : « Ce qui était depuis le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché du Verbe de vie, nous vous l’annonçons. Oui, la vie s’est manifestée, nous l’avons vue, et nous rendons témoignage : nous vous annonçons la vie éternelle qui était auprès du père et qui s’est manifestée à nous. Ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons à vous aussi, pour que, vous aussi, vous soyez en communion avec nous. Or nous sommes, nous aussi, en communion avec le Père et avec son Fils, Jésus -Christ. Et nous écrivons cela, afin que notre joie soit parfaite » (1 Jean 1,1s).
- Les cinq sens
- Jean parle des différents sens et des différentes perceptions : « Ce que nous avons vu et entendu ». Il y a dans la Bible la vue, l’ouïe, le goût, l’odorat (« la bonne odeur du Christ » : 2 Corinthiens 2,15) par exemple. La communication touche tous les modes de perception. Quelques exemples. Pour le goût : « Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur » (Psaume 33,9). Pour le toucher : « Celui que nous avons touché de nos mains » (1 Jean 1,1). Pour l’odorat : « Délice, l’odeur de tes parfums ; ton nom, un parfum qui s’épanche », « Le bien aimé est un parfum raffiné » (Cantique des cantiques 1,3). Pour la vue et l’ouïe : « Vous avez des yeux et vous ne voyez pas, vous avez des oreilles et vous n’entendez pas ! » (Marc 8,18). Tous ces types de perception entrent dans la communication. Donc, au début de la Première épître de saint Jean, avec la vue, l’ouïe et le toucher nous avons trois sens, trois modes de perception du Christ qui sont mis en avant.
- Le thème du visage est lié à la révélation de l’autre et à la relation
- C’est aussi dans la tradition biblique et chrétienne : le thème du visage, lié à la révélation de l’autre et à la relation, est omniprésent du début à la fin de la Bible. « Fais-moi voir ton visage », dit le Cantique des cantiques (2, 14). L’Apocalypse (22,4) nous dit, en écho à cette quête : « Ils verront son visage ». Cela signifie que la relation et la communication parfaites seront alors restaurées en plénitude.
5. Le Christ, communicateur et médiateur par excellence, restaure la communication véritable : c’est lui qui met en relation Dieu et les hommes, la terre et le ciel, les hommes entre eux, les hommes et la création. Il est au centre de tout : « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux » (Matthieu 18,20).
- Le Christ est une source infinie d’enseignements
- Quand on lit le Nouveau Testament, avec un regard qui s’intéresse à la communication, on se pose la question suivante : comment le Christ communique-t-il ? Bien l’observer en cela est une source incroyable et infinie d’enseignements. Il révèle le message du Père, il révèle la personne à elle-même dans ses dialogues, et il révèle aussi la personne aux autres : « Jésus appela ses disciples et leur déclara : Amen, je vous le dis, cette pauvre veuve a mis dans le trésor plus que tous les autres. Car tous, ils ont pris sur leur superflu, mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre » (Marc 12,43-44). Il révèle la personne aux autres, il révèle ce qu’elle est en vérité et que les autres ne voient pas.
- Dans les dialogues avec le Christ, tout va très vite
- Ses questions sont : « Qui es-tu ? Que veux-tu ? Que demandes-tu ? ». Son interlocuteur prend conscience de ce qu’il détient en lui dans cet échange. La communication passe par des dialogues, mais aussi par des silences, des attitudes, des gestes, des situations, bref par tout un tas de choses qui sont finalement très… parlantes. Le silence par lequel il répond à Pilate qui lui demande : « Qu’est-ce que la vérité ? » (Jean 18,38) conduit à un questionnement en profondeur sur la nature humaine avec de nombreuses significations. Jésus a pour objectif le développement spirituel de son interlocuteur, mais aussi de lui faire découvrir le projet de Dieu pour l’être humain, que celui-ci possède en lui et qu’il doit faire émerger.
- Jésus révèle à tous et il s’adresse à tous
- Donc d’une part il est le parfait communicateur parce qu’il révèle, et d’autre part il s’adresse à tous les humains : riches, pauvres, forts, faibles, hommes, femmes, enfants, malades et bien-portants, savants ou incultes. Il s’adresse à tout le monde et tout le monde reçoit son message. Ce n’est pas évident de pouvoir s’adresser à des groupes humains différents et d’être compris par des groupes humains très différents. Or tout le monde est touché en profondeur par lui : c’est de la communication au plus haut niveau de l’excellence. Jésus est un véritable communicateur parce qu’il fait grandir l’être humain par la relation qu’il établit avec lui, et cela avec chacun d’entre nous, selon le besoin propre de chacun, disons-nous dans la liturgie orthodoxe. Le Christ est en cela le modèle de communication et de médiation par excellence, même si il est loin d’être toujours entendu (par exemple: « Celui qui a des oreilles, qu’il entende ! », Matthieu 11, 15). Il est le « bon berger », celui dont « les brebis écoutent sa voix », qu’il appelle « chacune par son nom » (Jean 10, 3). Nous sommes appelés à une conversion de notre cœur pour entendre toujours mieux sa voix éclairante et vivifiante et l’inscrire dans notre vie.
- En conclusion, nous avons donc dans l’Ancien et le Nouveau Testament toute une histoire de la communication
- Celle-ci s’accompagne d’un enseignement sur la communication, aussi bien sa mise en échec et les raisons de celle-ci que les éléments nécessaires à sa réussite. En tant que chrétiens, conscients de cet héritage, nous avons vraiment quelque chose d’essentiel à dire sur la communication en général. On le conçoit aisément dans les domaines artistique, littéraire et intellectuel, dans lesquels l’influence du christianisme depuis 2 000 ans est, pour le moins, très forte, sinon déterminante. On reconnaît généralement que cela fait partie du patrimoine de l’humanité, de toute l’humanité, dans lequel chaque être humain peut puiser. Mais c’est aussi vrai pour d’autres domaines comme celui de la communication.