Deep Tech

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Generation Deeptech[modifier]

Cellectis[modifier]

… issues d’un laboratoire de recherche (public/privé) et/ou s’appuyant sur une équipe/gouvernance en lien fort avec le monde scientifique (profil clé tech/scientifique) … qui présentent de fortes barrières à l’entrée, matérialisées par des verrous technologiques difficiles à lever.

Fondé en 1999, Cellectis est issu d’un transfert de technologie de l’institut Pasteur, au sein duquel les deux fondateurs étaient chercheurs. Fondée par des docteurs en optique quantique et physique, dont un passé par le conseil en stratégie, et démarrée au sein du laboratoire Kastler Brossel (de l’Université Pierre et Marie Curie et du CNRS). Fondée par des investisseurs privés et accompagnée par le démonstrateur Toulouse White Biotechnology (TWB), la société a ensuite ouvert son capital à l’INRA, l’INSA et le CNRS. Fondé par un ancien cadre du privé, ITEN a développé sa technologie en collaboration avec l’ENS de Lyon et l’Université de Bourgogne. Maîtrise d’un procédé de fabrication, à prix compétitif, de batteries ultra rapides. Elles utilisent des électrodes en nanotubes de carbone. Contrairement aux batteries classiques, elles permettent d’allier énergie et puissance, autonomie et durée de vie. La lumière des LED développées est émise par une construction de nanofils sur un substrat banalisé de silicium (dont Aledia maîtrise la croissance) à la place du traditionnel quartz. Développe une plateforme unique de conception et fabrication de micro-organismes, au croisement de plusieurs technologies : biologie de synthèse, génétique, chimie analytique, informatique et robotique. Technologie innovante qui combine un produit de thérapie génique avec des lunettes biomimétiques (qui stimulent les cellules de la rétine transformée) pour restaurer la vision. … qui constituent un avantage fortement différenciateur par rapport à la concurrence … caractérisées par un go-to-market (développement, industrialisation, commercialisation) long/complexe, donc probablement capitalistique Les pompes cardiaques développées par CorWave reproduisent de façon fidèle le fonctionnement du cœur dans un dimensionnement réduit. Technique d’imagerie médicale unique au monde, associant équipement et logiciel. Elle a vocation à devenir une modalité d’imagerie au même titre que la radiographie ou l’IRM. Processeurs haute performance, capables d’exécuter une multitude de tâches de traitement de données en particulier d’IA, en parallèle, le tout pour une faible consommation électrique et une faible latence. Ils offrent un avantage majeur sur le marché de la voiture autonome et des data centers.

Sa technologie de deep learning permet d’interpréter les mammographies avec une précision déjà équivalente à celle des radiologues. Fondée en 2010, l’entreprise a réalisé un effort de R&D de 200 années- hommes, avant de signer ses premiers contrats majeurs en 2018, tout en levant 24 M€ pour financer son industrialisation. La levée de plus de 50 M€ a permis à McPhy, créée en 2008 et introduite en bourse en 2014, de développer des solutions hydrogène décarboné innovantes, ainsi qu’une solide infrastructure industrielle, concomitamment à la naissance et la croissance de ses marchés. La société a levé 15,5 M€ en 2017, quelques mois après sa création, pour financer les études précliniques ainsi que la mise en place de la production du traitement. Les 4 sociétés créées pour développer ses découvertes ont levé plus de 50 M€ entre 2012 et 2018. L’une d’elles a été revendue plus de 1,1 Md$.

2. EXEMPLE EMBLÉMATIQUE D’UNE ENTREPRISE DEEPTECH
Soitec, née en 1992 à Grenoble, conçoit et produit des matériaux semi-conducteurs innovants : des substrats sur lesquels sont gravés puis découpés les circuits de composants électroniques. L’entreprise, cotée en bourse depuis 1999, est leader mondial du silicium sur isolant (SOI) et équipe 100 % des smartphones de la planète. Le terme deeptech qualifie des technologies ou combinaisons de technologies de rupture caractérisées par 4 critères : 01.DE L’INNOVATION DE RUPTURE À LA DEEPTECH 14-35 02. UN RÉFÉRENTIEL DEEPTECH POUR MIEUX ACCOMPAGNER LES PROJETS DEEPTECH 36-57 03.STARTUP DEEPTECH : LES PILIERS DE LA RÉUSSITE CONCLUSION SERVIR L’AVENIR 58-121 122-125 ANNEXES ET REMERCIEMENTS 126-135 Enlienavecle mondedelarecherche Soitec, fondée par deux ingénieurs du CEA Leti, a mis en place une collaboration continue et étendue avec l’institut depuis 26 ans. A Offrantunavantagefortementdifférenciateur La technologie permet une plus grande vitesse de calcul, une meilleure connectivité et une moindre consommation d’énergie, à un coût compétitif. C Avecun go-to-marketlong et complexe La technologie Fully-Depleted SOI (FD-SOI) a nécessité plus de 8 années de R&D. D Avecdesverroustechnologiques àlever La technologie unique de Soitec permet de transférer de très fines couches d’un matériau sur n’importe quel autre, tout en conservant ses propriétés initiales, pour produire des substrats multicouches. B

3. PRÉFACE DE BRUNO LEMAIRE, MINISTRE DE L’ÉCONOMIE ET DES FINANCES FRÉDÉRIQUE VIDAL, MINISTREDEL’ENSEIGNEMENTSUPÉRIEUR,DELA RECHERCHEETDEL’INNOVATION AGNÈSPANNIER-RUNACHER, SECRÉTAIRE D’ÉTAT AUPRÈS DU MINISTRE DE L’ÉCONOMIE ET DES FINANCES
Investir dans l’innovation aujourd’hui, c’est préparer l’avenir et les emplois de demain. En l’espace de quelques années, l’écosystème des startups en France a connu un développement sans précédent : plus de 10 000 startups ont émergé dans des secteurs d’activités très divers, démontrant le dynamisme et la créativité de nos entrepreneurs. Fruit de ce formidable développement, les levées de fonds progressent rapidement : désormais au 2e rang européen, la France se rapproche à grands pas du Royaume-Uni. L’État a accompagné ce bouleversement en investissant massivement en faveur de l’émergence et du développement des projets innovants et en stimulant les écosystèmes porteurs de ces innovations. Il est désormais temps d’aller plus loin, en intensifiant les échanges entre le monde de la recherche et celui de l’entreprise, et en augmentant la vitesse du transfert de technologies : le temps qui sépare le passage de la découverte scientifique à la mise sur le marché doit changer d’échelle. Acceptons aussi une plus grande prise de risque afin de repousser les frontièrestechnologiques,àl’heureoùémergentdenouvellespuissances qui investissent massivement dans le développement des très hautes technologies. C’estlevirageopéréd’embléeparleGouvernement,quifaitdel’innovation de rupture une priorité. La création du Conseil de l’Innovation vise à bousculer les idées préconçues et faire émerger les initiatives qui constitueront la clé de voûte de l’innovation de demain, dans une perspective à la fois nationale et européenne. L’État investira 4,5 Md€ dans le financement de l’innovation de rupture ces 5 prochaines années, dont 1,6 Md€ de nouveaux moyens. Le Fonds pour l’Innovation et l’Industrie (F2I) contribuera chaque année à soutenir des grands défis sociétaux,afindefaireémergerleschampionsdedemainetderépondre aux grands enjeux de notre époque. L’État confie à Bpifrance le soin de mettre en place un Plan Deeptech et renforce ses moyens de 70 M€ annuels. Nous avons également souhaité mettre en place un cadre réglementaire et administratif favorable. Trop de barrières, culturelles ouadministratives,séparentencorelarechercheetl’entreprise.L’objectif de la loi PACTE, c’est de les faire tomber, car le passage d’une idée qui prend vie en une innovation peut transformer la société, au bénéfice de l’ensemble des citoyens. Ainsi, du laboratoire à l’usine du futur, les entrepreneurs de la deeptech bénéficieront d’un soutien de l’État et de son opérateurBpifrance pour maturer leurs découvertes et leurs technologies, incuber leur projet d’entreprise, lever des fonds dès l’amorçage, développer leur produit et l’exporter partout dans le monde. Pour ces raisons, nous saluons l’initiative de Bpifrance qui, en construisant un référentiel commun pour tous les acteurs de la deeptech, contribuera à la formidable dynamique enclenchée par nos entrepreneurs, nos investisseurs, et l’ensemble des acteurs de l’innovation. GÉNÉRATION DEEPTECH Bpifrance 9

4. PRÉFACE DE MARIE MEYNADIER, FONDATRICE D’EOS IMAGING,MEMBRE DU CONSEIL DE L’INNOVATION
Depuis le début des années 2000, l’extraordinaire développement des outils numériques a fait entrer l’humanité dans ce qu’Alvin Toffler qualifiait, dans « La troisième vague » (1980), de civilisation de la connaissance. Cette connaissance, en grande partie numérisée, disponible pour tous et traitée à grande vitesse, a profondément modifié les usages, voire les modes de vie dans toutes les parties du globe, quel que soit leur niveau de développement. Les outils numériques se retrouvent ainsi naturellement au cœur de la création de richesses au travers d’innovations dans les usages, les services, les processus. Elles sont portées par de nouveaux acteurs parmi lesquels les GAFAM, mais aussi des « pépites » de l’économie française telles que BlaBlaCar ou Vente-Privee.com. Dans leur sillage, un écosystème d’accompagnement et de financement de l’innovation numérique s’est construit, et fait émerger de nouveaux succès. En parallèle, les connaissances complexes, plus fondamentales, issues des laboratoires de recherche et du monde académique, continuent de progresser. Cette progression est accélérée par un accès facilité à l’information, l’évolution constante des puissances de calcul et les possibilités offertes par l’apprentissage profond. Dansdenombreuxdomaines,telsquelamédecineoulamicroélectronique, ces connaissances donnent lieu à des innovations de rupture à fort potentiel, tant sur le plan des progrès fondamentaux qu’elles apportent à l’échelle de l’humanité, que sur celui de la valeur qu’elles permettent de créer. Le rythme de développement de ces innovations reste néanmoins structurellementpluslentquedanslechampnumériquepur:lacomplexité scientifique et technologique, ainsi que le risque d’échec, se traduisent par des temps de maturation longs. Pour ces innovations « profondes », l’enjeu est majeur. Du fait de leur rareté, et de la complexité de leur transformation en produits et services, c’est au plus près du savoir-faire et de la connaissance qu’elles peuvent émerger et se développer. Forte d’une recherche académique d’excellence, la France doit être l’un des épicentres de cette création de valeur. Il lui faut pour cela s’assurer qu’un écosystème professionnel et dynamique permette le développement industriel, sur un temps long, de ces innovations profondes. En filigrane se dessine un intérêt industriel majeur autour de la détention et l’exploitation du savoir. Notre capacité à identifier ces technologies, à les développer et à les intégrer à notre système économique sera clé pour la compétitivité de la France dans les prochaines décennies. GÉNÉRATION DEEPTECH Bpifrance 11

5. OUELOUES MOTS DE PAUL-FRANÇOIS FOURNIER, DIRECTEUR EXÉCUTIF DE LA DIRECTION INNOVATION DE BPI FRANCE
« Deeptech » est un mot que l’on n’a pas fini d’entendre. L’innovation vit un nouveau moment de transformation. Après avoir été tirée pendant plus de 10 années par le digital et la révolution des smartphones, qui ont bouleversé les usages, elle connaît une nouvelle impulsion : une vague liée aux technologies de rupture. Longtemps retenues par des barrières à l’entrée, les startups deeptech sont devenues des acteurs incontournables de ce mouvement. Elles bénéficient aujourd’hui d’un accès plus facile aux ressources technologiques et d’une dynamique entrepreneuriale forte. Agiles et dynamiques, elles font le lien entre la recherche fondamentale et le marché. En collaborant avec les grands acteurs industriels, elles peuvent diffuser leurs technologies à grande échelle. Les startups deeptech bénéficient d’un contexte très favorable. Les progrès de la recherche, la croissance du capital-risque français, l’arrivée en Europe de nouveaux acteurs internationaux (fonds étrangers et corporate), et la dynamique européenne de structuration des écosystèmes, encouragée par les pouvoirs publics, créent une émulation sans précédent. Pour autant, ces projets qui se placent à la frontière de la connaissance sont particulièrement risqués. Ils s’inscrivent sur des temps longs, sur des marchés incertains, et demandent de lourds investissements. Ils ont donc besoin d’un accompagnement spécifique pour émerger, se financer et se développer. Bpifrance finance et accompagne l’innovation sous toutes ses formes. Avec « Innovation Nouvelle Génération », Bpifrance a caractérisé les différents types d’innovations, pour mieux les accompagner. La structuration de filières industrielles a visé à renforcer la compétitivité de l’hexagone, le programme « Demain» chercheà anticiper les ruptures et construire une vision du futur. Dans la continuité de ces initiatives qui préparent le monde de demain,le«PlanDeeptech»estunenouvelleétapepourBpifrance. Son objectif est de faire émerger des startups deeptech et de leur permettredegrandirgrâceàdesdispositifsd’accompagnementdédiés. Ces startups deeptech renforceront la compétitivité de la France, aux côtés des PME et grands groupes. Concrètement, ce plan permettra : 1.d’assurer un continuum de financements et de déployer un total de 775 M€ de financements additionnels dédiés deeptech sur la période 2019-2023, en particulier grâce au F2I (Fonds Innovation et Industrie) lancé par le gouvernement ; 2.d’injecter 1 Md€ en fonds de fonds et investissements directs, afin de doubler les investissements disponibles en fonds propres dans la deeptech sur la période 2019-2023 ; 3. dedévelopperl’accompagnementautourdeprogrammesd’accélération en lien avec l’écosystème de valorisation, ainsi que la formation à l’entrepreneuriat. Cet ouvrage qui accompagne le lancement du Plan Deeptech vise à démultiplier notre action. Le référentiel qui y est présenté sera la base de l’analyse des projets deeptech chez Bpifrance, pour mieux faire émerger les startups de demain sur tout le territoire. Nous tenions également à y associer des acteurs de la deeptech, afin qu’ils puissent faire part de leur expérience et de leurs conseils à tous ceux qui souhaitent se lancer. Nous espérons que ce livre vous apportera un nouvel éclairage sur la manière dont le monde de demain se construit, dans les laboratoires, les entreprises technologiques, les incubateurs, partout en France, et vous donnera envie d’en savoir plus sur cette « Génération Deeptech». GÉNÉRATION DEEPTECH Bpifrance 13

6. C’est la technologie utilisable industriellement, directement dérivée de recherches fondamentales. Jacques Lewiner, Physicien et Inventeur, Professeur et Directeur scientifique honoraire de l’ESPCI Des technologies issues de la recherche exploratoire qui naissent dans des équipes de recherche publiques ou dans des entreprises, et qui donnent naissance à des innovations de rupture. Ronan Stephan, Directeur scientifique de Plastic Omnium et membre de la mission interministérielle sur les aides à l’innovation (2017-2018) Une société bâtie autour de technologie(s) complexe(s) mobilisant des compétences de pointe, capables d’explorer la frontière technologique dans une ou plusieurs disciplines scientifiques, et d’adopter les meilleurs standards industriels. Louis de Lillers, Directeur général de CorWave Des sociétés basées sur des fondamentaux d’invention scientifique ou à forte composante d’engineering. Xavier Duportet, Cofondateur et Président-Directeur général d’Eligo Bioscience, Cofondateur et Président de Hello Tomorrow Des sociétés qui ont pour origine une technologie de rupture, à fort potentiel, avec une forte barrière à l’entrée, qui nécessite de forts investissements avant d’être commercialisable et dont le go-to-marketest long et coûteux. Éric Baissus, Directeur général de Kalray Une technologie basée sur des recherches complexes, qui demandent des connaissances pointues, des années de maturation, et auront un impact significatif sur la pratique de leurs utilisateurs. Marie Meynadier, Fondatrice d’EOS Imaging, membre du Conseil de l’Innovation ET POUR VOUS, C’EST QUOI LA DEEPTECH ? GÉNÉRATION DEEPTECH Bpifrance 17

7. Ce qui caractérise la deeptech, c’est le fait que ce soit profond, par opposition à « de surface et large ». J’explique souvent qu’il vaut mieux une lame de couteau bien pointue plutôt qu’une pelle bien large pour rentrer dans des choses nouvelles. Éric Carreel, Fondateur et Président de Withings, membre du Conseil de l’Innovation Il s’agit d’une innovation de rupture en général protégée par des brevets. Isabelle de Cremoux, Présidente du Directoire de Seventure, membre du Conseil de l’Innovation GÉNÉRATION DEEPTECH Bpifrance 19

8. L’innovation est partout Elle se manifeste sous différentes formes, toutes pouvant être porteuses d’un changement plus ou moins radical dans les usages et les habitudes de consommation, la technologie, les réseaux de distribution, les modèles économiques, les produits. Elle est le facteur clé de la compétitivité et de la croissance de l’économie. Il existe cependant une innovation particulière que l’on nomme innovation de rupture et qui va changer la courbe des performances de l’état de l’art. Elle se manifeste en tant qu’innovation de procédé qui bouleverse un marché établi, ou en tant qu’innovation de produit qui permet la création d’un nouveau marché. Aujourd’hui comme hier, l’innovation technologique de rupture trouveessentiellementsonoriginedanslarechercheacadémique. Les immenses avancées dans le traitement des données, l’intelligence artificielle, les biotechnologies, les nanotechnologies, l’informatique quantique, le stockage de l’énergie, contribuent à répondre aux défis sociétaux : transition énergétique, transports intelligents, santé pour tous, agriculture durable et lutte contre la faim… Cettecatégoried’innovationtechnologiquederupture,quel’onappellera « deeptech », repose de plus en plus sur les startups. En effet, elles bénéficient d’un accès plus abordable aux ressources technologiques, sont par nature plus agiles, et s’inscrivent dans un mouvement sociétal qui valorise de plus en plus l’entrepreneuriat À leurs côtés, les grands groupes de l’hexagone sont indispensables. De plus en plus nombreux à mettre en place des politiques « d’open innovation»,ilscôtoierontlesstartupsàtraversdespartenariatsindustriels, desprogrammesdeco-développement,etleuroffrirontdesopportunités de rachat. Les startups de la deeptech, caractérisées par un risque technologique élevé,ontacquisuneimportancestratégiquedanslepaysagecompétitif mondial. Elles représentent aujourd’hui une catégorie à part sur laquelle tous les yeux sont braqués. INNOVATION TECHNOLOGIQUE DE RUPTURE = DEEPTECH GÉNÉRATION DEEPTECH Bpifrance 21

9. L’ÉMERGENCE D’UNE VAGUE DEEPTECH 1.1
La deeptech est un mouvement de fond Entre 2013 et 2017, les investissements en deeptech dans le monde ont été multipliés par 5,5. Dans ce paysage, la France est le 2e pays européen, après le Royaume-Uni, à la fois en matière de capitaux investis dans la deeptech (330 M€ en 2017) et en nombre de deals (109 en 2017). • Lesinvestissementsendeeptechontconnupartoutdanslemonde une croissance majeure sur les 5 dernières années. • Cette dynamique s’explique par une convergence de facteurs : un momentum technologique, un attrait des investisseurs, une volonté politique des pays développés et une dynamique entrepreneuriale forte. Cequ’ilfaut retenir GÉNÉRATION DEEPTECH Bpifrance 23

10. INVESTISSEMENTS DANS LES ENTREPRISES DEEPTECH (2013-2017, en M€)
États-Unis et Israël : terres promises de la deeptech La Silicon Valley qui a vu naître les plus célèbres entreprises deeptech (HP, Dell, Google…) offre : • un mélange de profils sur un petit territoire : âges, compétences, nationalités ; • un tissu économique composé à la fois de petites entreprises mais aussi de grands groupes, favorisant rachats et débouchés industriels ; • d’excellents centres de recherche et universités, terrains d’échanges avec les entreprises, très en amont des projets ; • denombreuxinvestisseurs,dontbeaucoupd’anciensentrepreneurs; • un excellent système légal et financier qui fluidifie les démarches. En Israël, les investissements en deeptech par habitant sont de loin les plus élevés au monde. Là aussi, des facteurs rentrent en compte : • une implantation très forte, et encouragée par l’État, de centres de recherche d’entreprises de la Silicon Valley ; • desuniversitésdetrèshautniveau,ainsiquedessectionsinformatiques d’élite dans l’armée ; • un écosystème mis en place pour assister les startups : soutiens, investisseurs... ; • un entrepreneuriat directement orienté vers l’international, en raison de la petite taille du pays. Le reste du monde (principalement Asie) USA Israël Europe (dont France)France 104 561 566 1700 73 2013 135,7 1 200 548 4 100 252 2014 184,7 1 900 479 5 500 721 2015 740 237,9 1 800 6 000 1 060 2016 330 4200 1200 2400 8100 2017 Note : les levées de fonds européennes comprennent, en 2017, des levées exceptionnelles sur Roivant (Suisse : 1,1 Md€), Improbable (UK : 504 M€) et Nanopore (UK : 328 M€). Source : dealroom. x5,5 GÉNÉRATION DEEPTECH Bpifrance 25

11. Comment expliquer l’accélération des créations de startups deeptech en Europe ? Un momentumscientifiqueet technologique surlequelcapitaliser. Les avancées scientifiques et technologiques majeures des années 2000 (séquençage du génome, miniaturisation, nanomatériaux, chimie supra moléculaire, IA, Big Data) ont considérablement élargi le champ des possibles, créant un mouvement d’accélération de l’innovation de rupture. En parallèle, les performances des outils numériques ont accéléré les cycles. Ils permettent de simuler plus facilement et rapidement, et aident ainsi à valider les hypothèses pour dépasser l’invention et la transformer en une innovation. Xavier Duportet, Cofondateur et Président-Directeur général d’Eligo Bioscience, Cofondateur et Président de Hello Tomorrow Unattraitplusfortdes investisseurs, qui voient dans la deeptech un relais de rendement, la vague des startups digitales « plateformes » B2C arrivant à maturité. En 2017, la deeptech a concentré, pour la première fois, plus d’investissements en Europe que les plateformes B2C (Deliveroo, Zalando, Delivery Hero…)(1) . Les startups deeptech, majoritairement B2B, ouvrent de nouveaux marchés, et disposent, via leurs brevets, d’un actif valorisable. Unevolontépolitiquedanslespaysdéveloppés, au service d’un enjeu de réindustrialisation. La France a injecté, autraversdesInvestissementd’AveniretduGrandPland’Investissement, plusieurs dizaines de milliards d’euros pour financer une recherche porteused’innovationsmajeures.Àl’échelleeuropéenne,leplanHorizon 2020, puis le plan Horizon Europe (2021-2027) visent à stimuler l’excellence scientifique, bâtir un leadership industriel et apporter des solutions aux défis sociétaux. Unedynamiqueentrepreneurialegénérale quitoucheégalementlemondedelarecherche. Sébastien Gravier, qui a été chercheur plus de 10 ans avant de créer Vulkam constate que « Monter son entreprise n’est plus un engagement d’une vie, ce qui pousse à se lancer, à tester. » Le fait que toute l’information soit accessible décloisonne les disciplines, éveille la curiosité sur les sujets liés à l’entreprise et permet la propagation d’histoires de succès. Éric Carreel, Fondateur et Président de Withings, membre du Conseil de l’Innovation (1) « Artificial Intelligence, Deep Tech Venture Capital in Europe », Dealroom, 2017. GÉNÉRATION DEEPTECH Bpifrance 27

12. La deeptech comme une opportunité de progrès sociétal ? La vocation de la deeptech, porteuse de rupture, est d’apporter directement ou indirectement une réponse à des enjeux majeurs pourlaplanèteetlasociété:luttecontrelapauvreté,accèsàl’éducation, accès à l’eau, progrès de la médecine, lutte contre le réchauffement climatique,défiénergétique…Danslespaysendéveloppement,certaines startups apportent une réponse directe à ces enjeux. Par exemple : • les mini-satellites d’Astranis. Ils permettent d’envoyer un signal internet partout dans le monde ; • lesfermesverticalesd’Aerofarm.Ellessont150foisplusproductives qu’une ferme classique et n’utilisent aucun pesticide. L’ambition de la startup : améliorer la quantité et la qualité de la nourriture. D’autresstartupsveulenttransformerleshabitudesdefabrication et de consommation. Origin Materials,qui développe des matériaux bio-sourcés,s’estalliéeàdesgéantsdel’agro-alimentairequisouhaitent diminuerlapartdeplastiquedansleursemballages.Elleaainsiunimpact sur la pollution des océans et sur la réduction des émissions de gaz à effets de serre. Attention toutefois à ne pas imaginer que la deeptech est forcément « Tech for good ». La deeptech permet de répondre à une multitude de problèmes. Le problème peut être d’ordre sociétal ou industriel, mais y répondre avec impact fait bouger les choses. Xavier Duportet, Cofondateur et Président-Directeur général d’Eligo Bioscience, Cofondateur et Président de Hello Tomorrow L’impact peut en effet être indirect en permettant d’utiliser et fabriquer mieux, de manière plus durable. Par exemple, NAWATechnologies, à travers ses batteries au carbone ultra rapides, réduit le temps de chargement des appareils électroniques sans perdre en qualité, avec à la clé des économies énergétiques. LA FRANCE : UNE TERRE DE POTENTIELS QUI SE RÉVÈLE PROGRESSIVEMENT 1.2

13. LA RECHERCHE FRANÇAISE(1)
49,8 Md€ de dépense intérieure de RD (6e rang mondial) L’impact moyen des publications françaises est 10% au-dessus de la moyenne mondiale 4e rang mondial dans le système européen de brevets avec 6,5% des demandes enregistrées 9,4 chercheurs pour 1 000 actifs devant l’Allemagne (9,2), le Royaume-Uni (8,8) et les États-Unis (8,7) 7e rang mondial pour les publications scientifiques 604 700 personnes participent à une activité de recherche en France (chercheurs et personnels de soutien) 8 prix Nobel scientifiques et 16 médailles Fields La recherche fondamentale française est en pointe dans des domaines porteurs comme les mathématiques, la biologie, la physique, les nouveaux matériaux, ou les nanotechnologies. L’excellence de la recherche française est également reconnue en matière de cancérologie, de nanosciences et neurosciences. (1) National Science Board. 2018. Science and Engineering Indicators 2018. Alexandria, VAre. « DGE, DGRI, l’innovation en France », édition 2016. « MESRI, L’état de l’Enseignement supérieur et de la Recherche en France ». La Silicon Valley dans le logiciel ou la Suisse dans l’horlogerie, montrent que la valeur ajoutée se construit là où se concentrent des compétences sur un sujet donné. À ce titre, le foisonnement des laboratoires français est une opportunité fabuleuse. Éric Carreel, Fondateur et Président de Withings, membre du Conseil de l’Innovation • La France bénéficie d’une recherche de pointe, d’un écosystème qui s’est fortement structuré, et de la confiance des investisseurs pour devenir une terre de deeptech. Ce qu’ilfautretenir GÉNÉRATION DEEPTECH Bpifrance 31

14. La France est mondialement reconnue pour la qualité de sa recherche scientifique. Pour accroître sa capacité à transformer la science en innovation, de nombreux investissements ont été réalisés : • les incubateurs de la recherche publique sont apparus dès fin 1999 dans le cadre de la loi « Allègre », avec le concours national d’aide à la création d’entreprises technologiques innovantes, appelé i-Lab depuis 2014, suivies par d’autres initiatives comme les Pôles de Compétitivité ou les Instituts Carnot ; • le Programme d’Investissements d’Avenir PIA1 (2010) a permis d’investir 5,5 Md€ dans la valorisation de recherches, notamment via la création des SATT (Société d’Accélération du Transfert de Technologies), des IRT (Instituts de Recherche Technologique) et des ITE (Instituts pour la Transition Énergétique). Rejointes plus récemment par des acteurs privés (incubateurs, accélérateurs, startups Studios), toutes ces structures ont accumulé de l’expérience, et proposent un accompagnement plus pertinent et organisé. En parallèle, on observe la création de regroupements universitaires et scientifiques sous la forme de COMUE (Communauté d’universités et établissements), comme PSL (Paris Sciences Lettres), qui fonctionnent davantage en écosystèmes, permettant de : Mettre le chercheur et l’entrepreneur au centre du système, coordonner les acteurs de l’écosystème et réduire les délais de transaction, pour préserver la dynamique des projets. Alain Fuchs, Président de l’Université PSL (Paris Sciences Lettres) GÉNÉRATION DEEPTECH Bpifrance 33

15. Enfin, la recherche devient de plus en plus interdisciplinaire, par exemplel’institutPierre-GillesdeGennes(1) quifaittravaillerdenombreuses disciplines pour faire émerger des innovations de rupture. • Les résultats sont là : le volume (en euros) de contrats de recherche entre entreprises et laboratoires publics a ainsi été multiplié par 4 sur les 10 dernières années, et la création de startups issues de la recherche a presque doublé. Au niveau des investissements, le marché français du capital- risque a été multiplié par 5 depuis 2013(2) . La confiance des investisseurs est plus que jamais présente(3) . • Ils considèrent la France comme le marché au plus fort potentiel humain dans la deeptech. • Leur confiance dans le développement de la deeptech est similaire à celui observé pour les États-Unis et Israël. • 88 % d’entre eux prévoient, au cours des prochaines années, une croissance plus forte de la deeptech en France que dans le reste de l’Europe. La capacité de la France à transformer la connaissance produite dans leslaboratoireseninnovationetencroissanceestainsiunenjeumajeur de la décennie à venir. À la clé, le positionnement de l’hexagone en tant que leader européen de la deeptech, ce qui créerait de l’emploi sur tout le territoire. La conjoncture est-elle meilleure pour les entrepreneurs qui osent les ruptures technologiques ? Nous sommes dans la bonne direction. Je ressens vraiment, sur les 5 dernières années, cette ambition de plus en plus assumée d’oser des choses plus compliquées, sur des sujets à forte création de valeur, qui peuvent être disruptives à l’échelle mondiale. La chance d’un fondateur aujourd’hui est de pouvoir compter, pour accompagner cette ambition, sur un écosystème, que je trouve très complet et unique au monde, que Bpifrance a contribué à mettre en place. Qu’apportent les startups deeptech aux grands groupes et PME ? La collaboration avec les startups est quelque chose qu’il ne faut pas louperaujourd’hui.Leurforcesetrouvedansl’agilité,lavitessed’exécution et la créativité. Chez Soitec nous sommes toujours en « veille » et cette relation se manifeste de différentes manières. Les spin-off tout d’abord, sur des technologies que l’on n’exploite pas eninterne,commecelaaétélecaspourExagan,quel’onaaccompagné avec le CEA Leti. Ensuite, la collaboration des 2 sociétés (GreenWaves et Frec|n|sys) qui conçoivent des puces électroniques permet de garantir à Soitec l’accès aux marchés finaux. Cela peut se faire sous la forme de partenariats. GreenWaves, par exemple,utilisenosmatériauxetnousaideàcomprendrel’environnement, l’écosystèmeetlesattentesdesclientsfinauxsurlemarchédel’Intelligence Artificielle. Cela donne aussi lieu à des acquisitions, comme avec Frec’n’sys. Cette startup nous a amenés sa compétence et son savoir- faire dans les capteurs et composants piézoélectriques. Paul Boudre, Directeur général de Soitec “Soitec et l’émergence des startups deeptech. (1) Il réunit entre autres des laboratoires de d’excellence en biochimie, biologie cellulaire, microfabrication, physique des microsystèmes, et chimie par plasma, pour faire émerger des innovations de rupture appliquées aux domaines de la médecine, l’analyse médicale, l’immunologie, l’énergie, la cosmétique, la chimie de synthèse et la fabrication des médicaments. (2) «CB Insights French Tech Report Q4 », 2017. (3) Étude réalisée par Wavestone auprès de 107 investisseurs majeurs dans les technologies. GÉNÉRATION DEEPTECH Bpifrance 35

16. Une part importante de l’innovation de rupture technologique est portée par les startups deeptech. • Pourmieuxidentifierlesprojetsàfortevaleur,pouvoirlesaccompagner et les financer au mieux,Bpifrance propose un référentiel partagé, autour de 4 critères qui caractérisent leur technologie : • le lien avec la recherche ; • la capacité à lever des verrous technologiques ; • la création d’un avantage fortement différenciateur ; • le go-to-market long et complexe donc capitalistique. Ce qu’ilfautretenir 2.1 POUROUOI CRÉER UN RÉFÉRENTIEL DEEPTECH ?

17. Accompagner et financer des startups deeptech en s’adaptant à leur profil risqué et capitalistique La révolution technologique de ces dernières années a favorisé une dynamique de création de startups deeptech. Mais ces projets doivent faire face à des délais de mise sur le marché très longs. Ainsi le point d’inflexion de l’évolution du chiffre d’affaires des entreprises lauréates du Concours i-Lab (moins d’1 an après leur création) se situe entre 5 et 8 ans, tous secteurs confondus(1) . Enparallèle,finaliserlaRDdetechnologiesenrupture,puisindustrialiser des process souvent complexes, nécessite souvent une forte intensité capitalistique et des besoins en financement renforcés. Sur l’innovation « classique », l’écosystème du financement des startups semble adapté, notamment via le crédit impôt recherche et l’action majeure de Bpifrance. En revanche, étant donné leur profil de risque beaucoup plus important, les startups françaises de l’innovation de rupture souffrent d’un accès difficile au financement. Des dispositifs de financement adaptés à ces entreprises sont alors indispensables. Identifier et financer ces startups ne peut aller de pair qu’avec un accompagnement adapté, de l’émergence à la croissance, et ce sur leur positionnement marché, la compréhension de leur filière et la construction de leur stratégie.La capacité à transformer une technologie de rupture en un produit conditionnera le succès de l’entreprise. Ce succès peut, entre autres, être obtenu à travers la sécurisation de partenariatsindustrielsavecdesgrandsgroupesàmêmederépondre aux besoins marketing, techniques, mais aussi financiers ou humains. • PRINCIPAUXDÉFIS RENCONTRÉS PARLES ENTREPRENEURS DEEPTECH Source : « From Tech to Deep Tech », Hello Tomorrow and BCG Survey of 400 deep-tech Startup, 2016. (1) Bpifrance sur la base de 360 entreprises lauréates du Concours i-Lab (22,26 % des entreprises lauréates interrogées). Les difficultés liées au time-to-market (sous-estimées dans 40 % des cas) et aux investissements, sont ainsi vues par les entrepreneurs deeptech comme les 2 principaux défis à relever. Tim e- to-m arket Intensité capitalistique Application m arché incertaine C adre réglem entaire Autre C om plexité et risque technologique 27 % 25 % 17 % 14 % 13 % 4 % GÉNÉRATION DEEPTECH Bpifrance 41

18. Un référentiel deeptech pour identifier les projets deeptech et mieux les accompagner La création d’un référentiel « Deeptech » par Bpifrance vise donc à définir un cadre pour identifier les projets deeptech portés par des startups ou entreprises innovantes et proposer un accompagnement adapté à leur phase de développement. Dans la continuité du référentiel « Innovation Nouvelle Génération », ceréférentielcaractériselesprojetsdeeptechgrâceàunegrilledelecture partagée. Il comporte 4 grands critères (les spécificités de chacun de ces critères seront développées et illustrées dans la partie suivante). • LE TERME DEEPTECHQUALIFIE DES TECHNOLOGIES OUCOMBINAISONS DE TECHNOLOGIES A.Issues d’un laboratoire de recherche (public/privé) et/ou s’appuyant sur une équipe/gouvernance en lien fort avec le monde scientifique (profil scientifique /technologique clé). B.Qui présentent de fortes barrières à l’entrée, matérialisées par des verrous technologiques difficiles à lever. C.Qui constituent un avantage fortement différenciateur par rapport à la concurrence. D.Caractérisées par un go-to-market (développement, industrialisation, commercialisation) long/complexe donc probablement capitalistique. GÉNÉRATION DEEPTECH Bpifrance 43

19. 2.2 4 CRITÈRES POUR CARACTÉRISER LES PROJETS DEEPTECH
Critère A issues d’un laboratoire de recherche (public/privé) et/ou s’appuyant sur une équipe/gouvernance en lien fort avec le monde scientifique (profil scientifique/technologique clé) Moins soumise à des contraintes de délais et d’incertitude que la RD en entreprise, la recherche académique offre un environnement favorable aux innovations de rupture. Celles-ci peuvent potentiellement débouchersurlacréationdestartupsetêtreréutiliséespardesentreprises. La recherche en entreprise permet régulièrement de poser clairement un problème, sans pour autant être en capacité de le résoudre en interne. Dans ce genre de situation, on va chercher à confronter le problème qui se pose à des laboratoires de recherche ou à des startups, pour envisager avec eux des coopérations visant à apporter des solutions. Ronan Stephan, Directeur scientifique de Plastic Omnium et membre de la mission interministérielle sur les aides à l’innovation (2017-2018) GÉNÉRATION DEEPTECH Bpifrance 45

20. Une fois le projet lancé, la collaboration entre les startups et les laboratoires perdure car : Une startup n’a pas toujours les moyens de développer toutes les améliorations possibles, y compris dans certains cas la génération suivante, et doit s’assurer d’un continuum technologique. Marie Meynadier, Fondatrice d’EOS Imaging, membre du Conseil de l’Innovation En parallèle, depuis une vingtaine d’année, la création d’entreprise évolue au sein du monde de la recherche, pour différentes raisons: • le passage vers l’entrepreneuriat est mieux accepté dans les milieux académiques ; • lavalorisationdesrésultatsderechercheestdevenueunemission à part entière des établissements de recherche et d’enseignement supérieur ; • la formation des scientifiques comprend désormais de plus enplusdemodulesetprogrammesorientésversl’entrepreneuriat et la connaissance de l’entreprise. L’Institut de Technologie et d’Innovation de l’Université PSL forme ainsi, par exemple, les scientifiques pré-doctorants à l’innovation et l’entrepreneuriat ; • les offres d’accompagnement progressent et encouragent les entrepreneurs à se lancer. Ce lien avec la recherche peut se manifester de plusieurs manières. Quelques exemples, tous liés d’une manière ou d’une autre à la Recherche Publique : • les startups directement incubées par des établissements d’enseignement supérieur et de recherche. SparingVision, Grand Prix i-Lab 2017, est une spin-off de l’Institut de la Vision (sous tutelle de Sorbonne Université, l’INSERM et leCNRS).Àsacréation,cettestartupaétéhébergéeparl’incubateur de l’Institut de la Vision créé par la Fondation Voir et Entendre ; • certainesstartupsnesontpasissuesdeslaboratoiresmaispeuvent mettre en place des partenariats stratégiques avec eux. Lancée par un cadre du secteur privé, BioSerenity s’est très vite rapprochée de l’Institut du Cerveau et de la Moëlle Épinière, avec lequel elle conduit la RD en étroite relation ; • certains entrepreneurs développent une technologie en intégrant directement au projet des scientifiques à l’origine de l’innovation. La technologie d’Actronika est issue des travaux du Professeur Vincent Hayward de l’université Pierre et Marie Curie à Paris, un des cofondateurs. L’entreprise a ensuite été incubée à chez Agoranov. Et concrètement GÉNÉRATION DEEPTECH Bpifrance 47

21. Critère B qui présentent de fortes barrières à l’entrée, matérialisées par des verrous technologiques difficiles à lever Quantune technologiecomplexe crééedesbarrières Unetechnologiecomplexeetinnovante,etl’actifdepropriétéintellectuelle qui en découle, peuvent offrir à une startup un avantage concurrentiel. Ils rendent en effet son produit (ou service) plus difficile à reproduire et lui procure un monopole d’exploitation via des brevets. Un des outils de suivi de l’innovation les plus répandus est l’échelle TRL (Technology readiness level). Il évalue le niveau de maturité d’une technologie, de la définition de ses principes de base jusqu’à son intégration dans un système complet et son industrialisation(1) . (1) Cette échelle a été créée par la NASA en 1989 dans le but de gérer le risque technologique de ses programmes. NIVEAUDETRL TECHNOLOGY READINESS LEVEL EN 9 NIVEAUX 1.Principes de base de la technologie observés et décrits. 2.Concepts technologiques et/ou applications proposés. 3.Prédictions analytiques validées par des études en laboratoire et/ou théoriques. 4.Technologie du sous-système validée en laboratoire. 5.Technologie du sous-système validée en environnement représentatif. 6.Prototype du système validé en environnement représentatif. 7.Prototype du système validé en environnement opérationnel. 8.Prototype du système qualifié par des tests et démonstrations. 9.Prototype du système qualifié par des mises en œuvre (pré-séries). FAIBLE MOYEN ÉLEVÉ GÉNÉRATION DEEPTECH Bpifrance 49

22. Plus une technologie sera complexe : ellesetrouveraàunniveaudeTRLfaibleaudébutduprojet, avec un risque important de non aboutissement technique ou industriel nécessitant encore des années d’efforts intensifs pour augmenter en maturité ; elle puisera sa source dans de la recherche scientifique de haut niveau. C’est le cas, par exemple, d’EOS Imaging, qui trouve ses fondements technologiques dans les travaux du Professeur Georges Charpak, prix Nobel de Physique ; le passage d’un niveau de TRL à un autre demandera un effort de recherche important et de nombreux critères devalidation.Cetempsdepassaged’uneétapepeutsecompter en années, et « est souvent sous-estimé au lancement du projet », souligne Arnaud de la Tour de Hello Tomorrow ; elle créera une avancée technologique majeure par rapport à l’état de l’art. Quandla maîtrise del’interdisciplinarité crééedesbarrières C’est à la frontière des disciplines que l’innovation a le plus de chances d’émerger, et c’est souvent la transposition d’une expertise scientifique dans un nouveau domaine qui amène de nouvelles perspectives. Alain Fuchs, Président de l’Université PSL (Paris Sciences Lettres) Les startups deeptech reposent souvent sur le développement concomitant de plusieurs technologies. Maîtriser cette interdisciplinarité est clé. Le développement de différentes technologies en parallèle implique de travailler à des rythmes différents, avec des philosophies de travail qu’il faut faire converger. Cyrille Pauthenier, Cofondateur et Président d’Abolis Biotechnologies LES STARTUPS DEEPTECH REPOSENT SUR LE DÉVELOPPEMENT DE PLUSIEURS TECHNOLOGIES ABOLIS BIOTECHNOLOGIES : biologie de synthèse, génétique, chimie analytique, informatique et robotique CORWAVE : mécanique des fluides, biomécanique, sciences des matériaux, algorithmique, électronique, hématologie, optique et électromagnétisme ACTRONIKA : software, IA, électronique et hardware appliqués à l’haptique GÉNÉRATION DEEPTECH Bpifrance 51

23. Et le numérique dans tout cela ? À la différence d’autres secteurs où les innovations sont brevetables, la capacité à créer un verrou technologique pourra se manifester de différentes manières. 1 Àtraverslacapacitéàtransformerunalgorithmederecherche en un produit, sous forme de logiciel par exemple, en liant l’usage à la capacité technique de l’algorithme. 2 En faisant le lien entre des technologies pour en tirer une application. Il est commun de retrouver du software dans des projets biotech et hardware. L’association du digital au milieu de la recherche donne lieu à des projets révolutionnaires qui nourrissent la deeptech. Anne-Sophie Carrese, Associée chez Elaia 3 En détenant des compétences, rares et difficiles à maîtriser (blockchain, quantique, cybersécurité). Par exemple, l’entreprise française Scality qui a levé plus de 150 M$ depuis sa fondation en 2009, a conçu des solutions logicielles de stockageetdegestiondedonnéesàgrandeéchelleetenenvironnement multicloud. Elle s’appuie sur des technologies innovantes de stockage objet, issues du MIT, et y associe des mécanismes de code à effacement et de réplication pour la protection des données. Critère C qui constituent un avantage fortement différenciateur par rapport à la concurrence L’avantage différenciateur en deeptech peut prendre la forme : • d’un procédé innovant qui, à fonctionnalités et performances équivalentes,permettraàlastartupdevendreàunprixextrêmement compétitif sur un marché existant ; • d’un produit inédit qui présente des fonctionnalités nouvelles, des caractéristiques techniques et des performances très supérieures à la concurrence, ce qui permet la création d’un nouveau marché ou sous-marché. GÉNÉRATION DEEPTECH Bpifrance 53

24. SOCIÉTÉ TECHNOLOGIE PERFORMANCE BÉNÉFICE CLIENT
CorWave Assistance cardiaque de nouvelle génération utilisant une pompe à membrane ondulante biomimétique Permet de reproduire une action physiologique : vitesse d’écoulement et pulsatilité, contrairement aux autres pompes existantes Augmentation de la qualité de vie du patient et réduction des complications CardioLogs Technologies d’intelligence artificielle appliquées à la prise de décision médicale Détecte les arythmies grâce à des algorithmes basés sur l’analyse de 600 000 ECG (électrocardiogrammes) Réalisation d’un diagnostic plus rapide et plus précis NAWATechnologies Batteries au carbone ultra- rapides et basées sur des nanostructures de carbone alignées verticalement Densité d’énergie 3 fois supérieure aux produits actuels (type supercondensateurs), avec une meilleure homogénéité en matière de capacité énergétique Amélioration de la qualité des produits finaux, à un prix de fabrication plus bas BioSerenity Dispositifs médicaux utilisant des vêtements connectés avec des capteurs de qualité médicale et une IA de détection des biomarqueurs numériques Enregistrement de longue durée, solutions mobiles, pré-détection des anomalies Accélération de l’arrivée au diagnostic, facilitation des enregistrements en vie réelle, réduction des coûts d’essais cliniques et des coûts de santé en diminuant les hospitalisations Aledia Nouvelle génération de displays mobiles basés sur une technologie microLED 3D sur silicium Écrans mobiles plus efficaces énergétiquement, plus brillants et avec une colorimétrie améliorée Téléphone/smartwatch/AR/ VR/tablettes/laptop avec durée de la batterie plus longue, lisibles en extérieur, avec des couleurs améliorés, et écrans flexibles Etconcrètement GÉNÉRATION DEEPTECH Bpifrance 55

25. Critère D caractérisées par un go-to-market long/complexe donc probablement capitalistique Plusieurs dimensions complexifient la trajectoire de go-to-market. Des temps longs de RD et/ou un processus de maturation complexe Ce temps est souvent incompressible, enparticulier si la technologie ou une des technologies présente(nt) un TRL faible au départ. Par exemple, EOS Imaging a démarré ses travaux préliminaires de PoC sur sa technologie en 2003, puis a obtenu l’autorisation de mise sur le marché de la plateforme en 2007 et l’autorisation pour la mise sur marché des applications logicielles 3D associées en 2011. Très souvent, la complexité réglementaire très marquée, étend encore davantage ce temps de recherche. Desverrousd’industrialisation àlever Unestartupdeeptechpeutseretrouverconfrontéeàuneproblématique de scale-up industriel. Ce scale-up pourra être rendu plus complexe par le mode de production del’entreprise,sielledécidedeproduireelle-mêmeplutôtquederecourir à des sous-traitants, ou si elle a besoin d’équipements non-standards qu’elle devra elle-même créer. Desdéfisdematuritédumarché Une entreprise qui se lancera sur un marché faiblement mature se retrouvera face à une demande inexistante ou naissante qu’il faudra révéler. C’est le cas, par exemple, des voitures autonomes, de la nourriture à based’insectesouducodequantique.Ainsiunestartupquis’ypositionne peut prétendre à occuper rapidement une position dominante, mais se retrouve face à de nombreux risques (technologiques, réglementaires et d’acceptation sociétale) et un temps d’accès au marché long. Tous ces éléments induisent de lourds investissements pour financer le time-to-market. Lenumériqueestencoreuncasparticulier. Pas de règle spécifique sur le time-to-market. Les projets numériques software fonctionnent généralement en mode MVP (Minimum Viable Product), avec un produit minimal qui s’enrichit en permanence. Le processus de développement de l’innovation sera itératif. Le coût de RD reposera surtout sur les développeurs. GÉNÉRATION DEEPTECH Bpifrance 57

26. L’appétence pour l’entrepreneuriat grandit d’année en année en France. En2016,32%desfrançaisdisaientêtreouavoirétédansunedémarche entrepreneuriale(1) . La dynamique des startups se développe également demanièreexponentielle:prèsde3Md€levésparlesstartupsfrançaises en 2017, avec un nombre d’opérations en hausse de 45 %(2) . Créer une startup est une activité par nature risquée, avec des forts taux d’échec. Principales explications : l’absence de marché, le manque de liquidités, l’équipe, les concurrents(3) . Les startups deeptech sont a fortiori particulièrement exposées. Les startups en général sont soumises à des risques produits et marchés, avec des barrières à l’entrée liées au design, au marketing, au time-to-market et aux notions de plateforme et d’écosystème. Sur les deeptechs, le risque dépend aussi de la dimension technologique et scientifique, parfois même du modèle d’affaires à développer sur des chaînes de valeur complexes. Olivier Ezratty, Auteur et Consultant en Deeptech et Innovation Ainsi, la réussite d’un projet deeptech nécessite d’appréhender de nombreuses spécificités lors des différentes étapes de son projet. Cette partie ne donne pas de formule magique, mais vise à désamorcer les questions et craintes en se basant sur les retours de nombreuses startups deeptech et d’acteurs de l’écosystème. 3.1 DEVENIR ENTREPRENEUR (1) Enquête TMO pour l’AFE, Indice entrepreneurial français, 2016. (2) Source : CB Insights. (3) Enquête CB Insights sur 101 startup, 2018.

27. Se lancer dans un projet entrepreneurial lorsque l’onvient du monde scientifique est un changement complet, à appréhender en amont, en particulier en cadrant le rôle des différents fondateurs. • La qualité de l’écosystème français, à toutes les étapes d’un projet, permettra d’être accompagné au mieux dans cette nouvelle aventure. Ce qu’ilfautretenir D’inventeur à entrepreneur Il n’y a pas de chemin type pour devenir entrepreneur et chaque créateur de startup deeptech a son propre parcours. Les CEO récidivistes sont des profils recherchés par les investisseurs. À titre d’exemple, Giorgio Anania, d’Aledia, a amené plusieurs startups en bourse en 35 ans de carrière et levé plus d’1 Md€ de capitaux. Lesentrepreneursissusduprivéamènentégalementleurexpérience d’un marché et leur réseau. C’est le cas de Pierre-Yves Frouin de BioSerenityquiatravailléprèsde10ansdansl’industriepharmaceutique. Pour autant de nombreux projets entrepreneuriaux trouvent leur source dans les laboratoires de recherche, ou en s’inspirant de travaux de recherche fondamentale. Ils sont souvent portés par des chercheurs. Dans ce cas, le changement de vie peut être radical. Devenirentrepreneurc’est: 1 Un changement de statut : Lorsque l’on passe de chercheur à entrepreneur tout change : le regard des anciens collègues et des amis, les perspectives d’évolution. Il faut se poser la question : « Suis-je en cohérence avec mes valeurs personnelles ? » Christine Vaca, Directrice du Pôle Incubation de Linksium Le chercheur est souvent dans une structure de recherche qui apporte stabilité et reconnaissance du milieu scientifique. Il entre à présent dans une phase d’incertitude extrême. 2 Un changement d’activité et d’interlocuteurs : entreprendre peut amener à ne plus se consacrer totalement à ses activités de recherche. Passer de scientifique à entrepreneur, c’est bien souvent mettre ce que l’on aime de côté. Il faut se mettre à la finance, à la PI, aux contrats... C’est un vrai changement d’état d’esprit. En parallèle, les rencontres et l’apparition de nouvelles opportunités demandent une vraie agilité dans la manière de réfléchir et de remettre constamment en question la vision de notre travail. Cyrille Pauthenier, Cofondateur et Président d’Abolis Biotechnologies 3 Unrisquefinancier:mêmesidesdispositifsd’accompagnement existent, les premiers financements ne sont pas immédiats. Il faut bien anticiper sa situation financière personnelle. Il est préférable d’avoir des revenus ou réserves sur les phases préliminaires du développement. Sébastien Gravier, Fondateur et Président de Vulkam GÉNÉRATION DEEPTECH Bpifrance 63

28. 4 Un marathon : entreprendre dans la deeptech est une aventure de longue haleine qui réclame un investissement personnel total. Un sujet d’intérêt fort permettra de tenir le cap. Ce qui pousse à faire ça c’est une expérience humaine : vouloir aller au bout d’un domaine qui nous passionne. Il ne faut pas le faire parce que c’est à la mode mais bien parce que ça nous passionne. Éric Carreel, Fondateur et Président de Withings, membre du Conseil de l’Innovation Désacraliser en amont l’entrepreneuriat pour les scientifiques De nombreux modules de formation à l’entreprise sont proposés par les organismes de recherche, universités ou les écoles d’ingénieurs, ainsi que par certaines SATT. Les formations et échanges proposées par ma SATT ont permis de désacraliser l’entrepreneuriat, de donner des bases et d’ouvrir le champ des possibles. Sébastien Gravier, Fondateur et Président de Vulkam La désacralisation est en effet importante, d’autant plus que les passerelles méthodologiques entre laboratoire et entrepreneuriat ne sont pas si rares. La méthodologie scientifique (observation, hypothèses, tests, validation, invalidation) partage la même philosophie que la méthode agile, où l’on teste ses hypothèses en les confrontant au terrain. De plus la persévérance et la résilience des chercheurs sont de vrais atouts dans un projet. Robert Marino, Directeur du programme Deeptech Founders GÉNÉRATION DEEPTECH Bpifrance 65

29. Démarrer son projet comment et avec qui se lancer ? Qui doit fonder l’entreprise ? Le«fondateuridéal»sauraconjuguerunevisionmarchéavecunexcellent niveau scientifique, un grand sens commercial, une forte efficacité, mais aussi une capacité à entraîner ses équipes. Mais existe-t-il ? Le « mouton à 5 pattes » est très rare et parfois reconnaissable après des années d’expérience en investissement. Anne-Sophie Carrese, Associée chez Elaia Il conviendra de ne pas avoir une équipe de « clones ». Les compétences complémentaires sont indispensables. Un cofondateurdoit connaître ses atouts et aussi ses zones de moindre confort afin de les compléter avec les compétences de ses futurs associés. Anne-Sophie Carrese, Associée chez Elaia Et vous, comment vous êtes-vous entourés ? À l’origine de NAWATechnologies, Pascal Boulanger a rapidement fait monter un associé sur le projet pour couvrir davantage le marketing et lebusinessdevelopment,enpartantduprincipe«qu’unprimoentrepreneur a de fortes chances d’échec, a fortiori sur ce marché ». À la suite de sa thèse de sciences, Hamid Lamraoui (UroMems) s’est entouré du Professeur Mozer, le chirurgien urologue qui avait identifié lebesoinclinique,etdeStéphaneLavallée,serial-entrepreneurgrenoblois et ancien scientifique, pour jouer le rôle de mentor. J’ai eu de la chance. J’avais le choix entre un cofondateur technique et un cofondateur business. J’ai pris la partie business, car je voulais en porter la vision. Guillaume a pris la partie technique. Aujourd’hui, je garde une petite perspective technique et produit, mais je ne suis pas au cœur des développements. Cela a bien fonctionné. Jean-François Morizur, Cofondateur et Président-Directeur général de CAILabs GÉNÉRATION DEEPTECH Bpifrance 67

30. Le rôle de l’inventeur pourra donc varier en fonction des secteurs et de la volonté entrepreneuriale de celui-ci. Il pourra, s’il le souhaite, se lancer dans l’aventure en prenant un rôle opérationnel dans la startup en tant que CEO ou CTO. S’il ne veut pas se consacrer entièrement au projet ou si, par exemple, lesenjeuxfinanciersetlebesoindemobiliserdescompétencesrapidement sont importants (comme en biotech, medtech et sur certains projets hardware), l’inventeur pourra endosser un rôle plus scientifique, ou participer au transfert de technologie en tant que conseiller scientifique. Cet équilibrage est au cœur du modèle des startups Studios. Il faut discuter avec l’inventeur pour définir où il apporte de la valeur et quelle partie du projet serait mieux gérée par d’autres. Pierre Le Blainvaux, Cofondateur et Président de TechnoFounders Néanmoins : Il est important de continuer à travailler avec l’inventeur tant son apport sur les technologies est important. Plusieurs dispositifs existent pour l’incentiver : equity, royalties, paiement en fonction de milestones. Anne Osdoit, Directrice générale de MD Start Sur le numérique software, Sophie Pellat tient à la place de l’inventeur, qui concentre la connaissance, dans une fonction de CEO ou de CTO : La technologie numérique issue de la recherche demande beaucoup d’évolutions pour générer un produit. Seuls ceux qui maîtrisent parfaitement une technologie peuvent donc conduire cette transformation, tant par leur compréhension de ses possibles, que pour leur capacité à l’implémenter opérationnellement. La répartition du capital et le pacte d’actionnaires Une répartition du capital 30/30/40, rend impossible la moindre prise de décision si les visions des associés deviennent différentes. Jacques Lewiner, Physicien et Inventeur, Professeur et Directeur scientifique honoraire de l’ESPCI Un des premiers enjeux de l’équipe fondatrice est de s’entendre sur la répartition du capital. Celle-ci doit obéir à une notion d’équité au regard des contributions et de la prise de risque de chacun. La prise de risque peut être : • financière, en renonçant à des revenus ; • sur la durée d’engagement ; • sur la situation professionnelle ; • sur l’activation d’un compte courant, en injectant des fonds dans l’entreprise ; • sur la responsabilité (la personne est mandataire social) ; • liée à la création de valeur dans le futur et les contributions passées. À ce titre, avoir un porteur de projet majoritaire, en mesure d’incarner l’entreprise sur la durée, est très apprécié par la plupart des partenaires financiers des startups. Outre ces points, comme dans toutes les startups, il faut être en mesure d’anticiper des désagréments éventuels, en particulier au niveau contractuel, en cadrant au maximum les règles du jeu. GÉNÉRATION DEEPTECH Bpifrance 69

31. Un écosystème de valorisation très riche, au service des porteurs de projets Recherche fondamentable Recherche appliquée Développement maturation EPIC (Établissement public à caractère industriel et commercial) FRUP (Fondation reconnue d’utilité publique) Universités/Écoles ESPT (Établissement public à caractère scientifique et technologique) Préparation au lancement Lancement Développement Incubateurs : • de la recherche publique ; • de certaines SATT ; • d’écoles et d’organismes de recherche ; • privés Accélérateurs Startup Studio Fonds VC classiques Fonds VC hybrides Office du transfert de technologie (OTT) : • SATT ; • Filiales dédiées pour certains organismes (Inserm transfert, CNRS innovation …) GÉNÉRATION DEEPTECH Bpifrance 71

32. Lesservicesde valorisation desétablissementsde recherche La plupart des laboratoires de recherche, au travers de leurs tutelles, disposent de services de valorisation. Ce sont des services internes ou des structures privées (filiales, associations…). Certains peuvent se concentrer sur la recherche collaborative alors que d’autres seront en charge de la gestion de la propriété intellectuelle et du transfert de technologie. Ces derniers sont communément appelés Office du transfert de technologie (OTT)(1) . Ces services accompagnent les innovationsissuesdestravauxdeséquipesderecherchedel’organisme jusqu’à la création de l’entreprise et même plus tard. LesSATT(Sociétésd’accélération dutransfertdetechnologies) Créées à partir de 2012, les SATT sont des OTT de tout ou partie des établissements de recherche présents sur leur territoire. Elles œuvrent, pour le compte de ces établissements, à valoriser les résultats de recherche des laboratoires dans leur périmètre. Ellesdisposentdecapacitésd’investissementleurpermettantdefinancer les frais de propriété intellectuelle, ainsi que des programmes de maturationpermettantdedérisquerenpartielestechnologies.LesSATT peuvent ensuite transférer ces technologies vers une entreprise, ou vers une startup. Certaines proposent des offres d’incubation. Lesincubateursetaccélérateurs Les incubateurs proposent un accompagnement le plus souvent, dès le début du projet de création, sur des durées de 12 à 24 mois pour aider à designer le projet d’entreprise et mener à une levée de fonds. Les 19 incubateurs de la recherche publique ont, au travers de leurs partenaires dans les structures de valorisation, un accès privilégié aux laboratoires de la recherche publique. Ils proposent du coaching, une aide à la constitution d’équipe, le financement d’études de faisabilité économique, juridique et financière, des mises en relationavecl’écosystème,uneaideàlarecherchedefinancement, des formations, des conférences. L’incubateur nous apporte de l’émulation, des échanges avec des gens qui se posent les mêmes questions, et des rencontres avec des intervenants qui nous orientent. Christian Allouche, Fondateur et Directeur général de Gleamer On trouve également d’autres incubateurs, notamment privés, dans les écoles d’ingénieurs, comme celui de Télécom ParisTech ou de l’X (dont sont sortis Dreems et CardioLogs). L’accélération vise à accompagner des startups dans des programmes allant de 3 à 12 mois. Cela peut intervenir très en amont, avec pour objectif de pousser jusqu’à une levée de fonds, ou en développement, avec pour objectif de déboucher sur une commercialisation ou une hausse des ventes. Compte tenu de l’émergence de la deeptech, on peut s’attendre à voir l’État lancer ses propres programmes prochainement. StartupStudio Ils ont pour objectif d’accélérer la mise sur le marché d’un produit lorsque le projet de startup n’a pas de porteur ou que l’inventeur souhaite « avoir un bras armé sur les aspects opérationnels », précise Anne Osdoit, Directrice générale de MD Start. Ce modèle peut se révéler clé pour faire émerger plus vite, mieux, de manière plus pertinente, des startups qui, souvent, ne seraient pas créées. Pierre Le Blainvaux, Cofondateur et Président de TechnoFounders Concrètement les startups Studios dérisquent le projet, fondent l’entreprise,recrutentl’équipeetdéploientunestratégiedego-to-market, avecpourfinalitédeporterlastartupàunniveaudematuritésuffisant pour débloquer des investissements. Au service de ce modèle, ces acteurs s’engagent au capital de la société en amorçage. (1) À noter : la propriété intellectuelle des projets issus de la recherche académique appartient aux établissements tutelles des laboratoires à l’origine de la technologie. La décision de procéder à un essaimage de startup dépendra de la politique de ces établissements, en accord avec le porteur de projet. GÉNÉRATION DEEPTECH Bpifrance 73

33. Des nouveaux modèles issus de l’investissement qui remontent la chaîne de valeur Certainesstructuresontunpositionnementdefondsd’investissement très orienté sur l’accompagnement amont. C’est le cas de IT-Translation (IT2), spin-off de l’Inria. C’est un modèle proche des startups Studios, à la différence qu’IT2 soutient un projet entrepreneurial pré-existant et prend une part minoritaire dans l’entreprise. IT2 intervient en contribuant activement au design de l’entreprise (en particulier sur le marketing et l’accès au marché, le projet de développement…) et en financement d’ultra-amorçage. Sophie Pellat, Membre du Directoire et Directrice des cofondations chez IT-Translation Des fonds d’investissement historiques se positionnent désormais plus en amont de leur chaîne de valeur. Ainsi, Elaia intervient sur des projets multisectoriels issus du dealflow de l’Université PSL (Paris Sciences Lettres) en accompagnant les porteurs dès leur phase de maturation technologique, avant un éventuel investissement en amorçage ou pré-amorçage. Seventure,acteurimportantducapitalinvestissement,peutégalement jouer un rôle proche du startup Studio en allant sourcer des technologies sur des secteurs (digital connected health, la nutrition et le microbiome), puis en portant le projet jusqu’au PoC (Proof of Concept). Soitec est née d’un transfert de technologie du CEA. Quel est le défi de cette première phase ? Transformer une technologie en produit demande une infrastructure gigantesquedanslecasdeSoitec:unesalleblanche,descompétences tout au long du procédé. Il y a également très vite besoin de réactivité pour s’approcher des spécifications des clients en faisant des choix technologiques. Aux débuts de l’entreprise, le CEA Leti et son écosystème nous ont permis de répondre à ces défis. Comment ce lien perdure-t-il ? Ce lien continu est le moteur de notre innovation. Soitec a ainsi démarré à l’intérieur du CEA Leti pour concevoir les premiersdémonstrateurs,affinerlacompréhension,qualifierlespremiers clients. Lacréationdenotrepremièreusineapermisdetransférercettetechnologie vers Soitec. Mais ce ne fut que la première graine. Depuis, la recherche s’est partagée, avec une dimension plus appliquée dans nos équipes, et plus fondamentale dans les équipes du CEA Leti. Aujourd’hui, nous entrons dans une nouvelle phase avec une ligne de prototypage pilote créée dans les locaux du CEA (le « Substrate Innovation Center ») pour fournir des produits innovants directement chez nos clients. Paul Boudre, Directeur général de Soitec “Soitec : le transfert de technologie. GÉNÉRATION DEEPTECH Bpifrance 75

34. 3.2 DE LA TECHNOLOGIE AU MARCHÉ • Créerdelavaleur,c’estfaireconvergerunmarchéavecdesbesoins client et une technologie. • Cette convergence doit être gardée en vue tout au long du chemin vers le marché. Elle passe par des interactions très précoces et continues avec ses clients et la supply chain (pour anticiper une industrialisation). • La valeur et la capacité à lever des fonds des deeptech reposent aussi sur la propriété intellectuelle. Une protection doit être pensée etmiseenœuvretrèsenamont,danslecadred’uneréellestratégie. Cequ’ilfaut retenir Trouver son marché et son produit Ce qui vient de la recherche est disruptif par excellence, mais la deeptech c’est la capacité à transformer cela en des produits et des services nouveaux et en une activité pérenne. Jacques Lewiner, Physicien et Inventeur, Professeur et Directeur scientifique honoraire de l’ESPCI GÉNÉRATION DEEPTECH Bpifrance 77

35. Une technologie n’a vocation à donner naissance à une startup que si elle est capable d’offrir une proposition de valeur à une cible de marché. Ainsi comment s’y prendre ? Il est rare qu’un stratégie marketing soit clairement définie en sortant du laboratoire. Les marchés sur lesquels la technologie peut faire du sens sont alors peu connus. Cerner le(s) marché(s) pertinent(s) pour sa technologie puis valider comment la technologie peut y être exploitée et déployée est un processus clé qui peut durer plusieurs années. Prenons, par exemple, 10 marchés potentiels. Il faudra analyser comment sa technologie peut répondre à la problématique de chaque marché et quelle valeur elle amène, tester auprès de prospects, faire des premiers tests produit pour avoir des retours concrets et validés. Cela réduira peu à peu le champ des possibles jusqu’à une proposition de valeur validée pour un produit donné, sur le nombre de verticaux que l’on pense pouvoir supporter. Il faudra alors privilégier les marchés qui sont les plus susceptibles de prendre le risque d’adopter une nouvelle technologie non éprouvée. Éric Baissus, Directeur général de Kalray 1. Tout d’abord déterminer les marchés applicatifs pertinents Pour cela il faudra définir pour chaque marché : Les positionnements stratégiques Des questions clés peuvent permettre d’identifier les différents couples « applications/marché » (liste non exhaustive). • Quelles autres solutions existent ? • Quels sont les autres usages de ces solutions ? • Pour chacun de ces couples « applications/marché », quelle est la nature de l’opportunité ? • Taille du marché (compte tenu de l’approche High Risk/High Reward des investisseurs). • Avantage concurrentiel. • Time-to-market. • Barrières à l’entrée (réglementaire, concurrence, chaîne de production…). Les bénéfices attendus par les utilisateurs Pour cela, il faudra lister les bénéfices recherchés par les utilisateurs : gains de temps, d’argent, de performance, d’image… Tout en ayant une idée du poids relatif de chacun. Il ne faut pas non plus oublier d’estimer dans quelle mesure les solutions actuelles sont satisfaisantes pour les clients/utilisateurs. « Il faut éviter de livrer une Ferrari quand le marché demande une Clio ». GÉNÉRATION DEEPTECH Bpifrance 79

36. 2. Faire correspondre la technologie offerte avec les positionnements envisagés Àcestade,pourchacunedesapplications/marchésidentifiées, vient la question de la pertinence de la technologie. Ma technologie va-t-elle permettre de faire sauter un des verrous rencontrés sur le marché ? Matechnologiepeut-ellepermettrederépondreàunbesoin mal satisfait ou non exprimé sur le marché ? Moninnovationest-elleenphaseaveclesbénéficesattendus par le marché ? Le marché est-il prêt à payer la performance que va offrir le produit issu de ma technologie ? Conclusion : laconfrontationentrelesmarchéspotentielsetlatechnologie validera l’intérêt de se lancer. Elle permettra surtout d’affiner l’approche produit. Dans toutes ces étapes, pas de secret, il faut aller au contact du marché, des investisseurs, des régulateurs, des sous-traitants, des utilisateurs, des clients. Attention également à garder en tête la dimension internationale du projet, et ce dès ces premières étapes. Le terrain de jeu est mondial ! GÉNÉRATION DEEPTECH Bpifrance 81

37. Déterminer son business model Le choix du business model impacte le besoin de financement et l’utilisation des fonds levés. Lastartuppeutproposerun produit Cette approche intègre l’innovation dans un système technique complexe qui prend la forme d’un produit. Elle exige : • d’internaliser des expertises techniques plus larges ; • de développer une capacité « d’assembleur » ; • de sécuriser un accès marché et des capacités de maintenance le cas échéant ; • de faire appel à des compétences business et marketing. On privilégiera l’approche « produit » si la différenciation du composant est clé au sein d’un produit global et complexe, visant un usage précis. La startup peut proposer une solution technique « en OEM(1) » Il s’agit de proposer une brique qui a vocation à s’intégrer dans un produit plus large. On se positionne alors sur un maillon précis de la filière du produit. Cela permettra d’économiser des coûts marketing, de générer des économies d’échelle, de lever des barrières à l’entrée d’un marché et des problèmes industriels. Olivier Ezratty, Auteur et Consultant en Deeptech et Innovation On privilégiera une approche OEM si le composant en tant que tel est suffisamment différenciant pour pouvoir, à terme, représenter un standard. Une option à considérer dans la détermination du modèle d’affaire : la licence Ce modèle peut se révéler pertinent selon la structure des marchés visés. Son avantage : la réduction des coûts de marketing et de constitution d’une image de marque. Mon ambition à la création était de vendre le dispositif directement, mais compte tenu de la structure concurrentielle du marché, des besoins cliniques, et de la façon dont le modèle économique des medtech et des biotech a changé dans les dispositifs médicaux, nous avions fort intérêt à sous-licencier le produit. Séverine Sigrist, Fondatrice et Présidente de Defymed (1) Original Equipment Manufacturer. GÉNÉRATION DEEPTECH Bpifrance 83

38. Protéger sa propriété intellectuelle Dès le lancement d’un projet, il faut rencontrer des interlocuteurs qui ont une culture brevet, pour savoir comment transformer une découverte scientifique en une invention brevetable. Jacques Lewiner, Physicien et Inventeur, Professeur et Directeur scientifique honoraire de l’ESPCI Une politique de brevets judicieuse augmente à terme les chances de réussite d’un projet. La probabilité de succès d’une startup est(1) : • 3 fois +importante si elle a déposé au moins un brevet (x 5 pour le top 25 % en matière de nombre de brevets déposés) ; • 4fois+plus importante pour les startups ayant la plus forte qualité de brevet. Il est donc essentiel d’adopter une approche réfléchie. 4principesclés: 1.Anticipersastratégiedeprotection trèsenamont L’amorçage est la meilleure période pour se protéger. Les brevets représenteront des actifs clés au moment d’une levée de fonds (où la PI sera systématiquement regardée par les investisseurs), d’une sortie, et facilitent l’internationalisation. Attention cependant au timing dans les secteurs ayant un cycle de développement long, par exemple la biotech / medtech. Compte tenu des temps longs de RD, le temps de jouissance du brevet devient court. Hamid Lamraoui, Cofondateur et Président de UroMems Au moment du dépôt du il devient nécessaire d’être prêt à accélérer. 2.Construireunportefeuille S’assurer une couverture optimale des champs de propriété intellectuelle permet de marquer sa position et de se protéger de la concurrence sur le long terme, en anticipant des alternatives. Cette protection ne passe pas que par des brevets. Une stratégie de PI est large, elle implique la marque, les droits d’auteur, les brevets, une part de secret... Certaines innovations peuvent aussi être protégées par leur design. Yann Dietrich, Directeur de La Fabrique à Brevets, France Brevets (1) Mines ParisTech pour France Brevets auprès d’un échantillon de 800 startups, 2017. Par succès on entend IPO, Fusion, Acquisition ou Leveraged Buy-Out. GÉNÉRATION DEEPTECH Bpifrance 85

39. Le secret fait partie intégrante d’une stratégie de brevets. C’est un outil pouvant être pertinent si l’innovation n’est pas détectable sur le produit. Attention cependant à protéger le savoir-faire associé, souvent via des contrats de travail. Le secret industriel hors de ce champ peut se révéler dangereux quand l’entreprise croît. Au début, pour des raisons de coût, il est possible de jouer sur le secret. Mais, si l’entreprise grandit, des employés vont partir, créant involontairement un flux d’information. Il faut alors soit mettre en place une culture d’entreprise très fermée avec des silos, soit déposer un grand nombre de brevets. Jean-François Morizur, Cofondateur et Président-Directeur général de CAILabs Enfin dans le logiciel, chaque cas est différent. Un algorithme se protège, via le droit d’auteur, le secret ou en l’associant à une innovation. Les startups s’adaptent, à l’image de CardioLogs,quiseprotègegrâceausecretcommercialetàuneprotection informatique de ses serveurs. Yann Fleureau, le Cofondateur conseille également de : Bien cadrer les contraintes en termes d’utilisation des données, toujours très sensibles dans la santé. 3.Sefaireaccompagner Yann Dietrich, de la Fabrique à Brevets, souligne le besoin de cohérenceentrel’ambitiondel’entrepriseetsoninvestissement dans les brevets. Il ne viendrait pas à l’idée de dépenser une fortune pour faire construire une villa de luxe sans faire appel à un architecte. Ilexistedenombreusessolutionsd’accompagnementpouroptimiser sa stratégie de propriété intellectuelle. • Des cabinets spécialisés, le plus souvent par secteur. • Les organismes publics (SATT, filiales de labos). • France Brevets. L’entreprise a lancé en 2017 « La Fabrique à Brevets » qui propose un accompagnement sur la stratégie de brevets, et le dépôt d’un portefeuille financé par une avance, remboursable lors d’une levée de fonds. • L’INPI qui offre un large catalogue de formations à la propriété intellectuelle. GÉNÉRATION DEEPTECH Bpifrance 87

40. • Ses investisseurs. L’arrivée d’un groupe industriel nous a vraiment permis de structurer notre stratégie de brevets. Il nous a sensibilisé au sujet et nous a permis d’être accompagnés. Jean-François Morizur, Cofondateur et Président-Directeur général de CAILabs • Un directeur de la PI. Il est conseillé de la recruter très en amont dans les secteurs très sensibles au sujet. La plupart des jeunes CEO dans la biotech avec qui je parle regrettent de ne pas avoir recruté un responsable IP plus tôt. Au démarrage d’un projet, l’enjeu clé de l’IP n’est pas toujours assez bien compris. Xavier Duportet, Cofondateur et Président-Directeur général d’Eligo Bioscience, Cofondateur et Président de Hello Tomorrow 4.Garderenvue latechnologiedes concurrents Le risque technologique fait partie intégrante de la deeptech. Une protection efficace permettra de retarder les concurrents, mais il reste essentiel de ne pas perdre de vue leur avancement technologique. Plusieurs moyens existent pour conserver un œil sur le paysage : • mettre en place une veille sur les publications et brevets ; • observer les mouvements RH dans le secteur d’activité de l’entreprise ; • se constituer un board ayant une bonne vue sur l’écosystème. CorWavedédiedesressourcesàlaveilleconcurrentielleetn’exclut aucune hypothèse. Si un concurrent sérieux apparaît, il faut savoir être « technology agnostic » et ouvert à le racheter. Louis de Lillers, Directeur général de CorWave « Stay on the diagonal » Une fois un marché identifié, la trajectoire de mise sur le marché doit garder en ligne de mire le fait que le produit convienne aux utilisateurs. Nous avions lancé Cybook en 2000. C’était trop tôt, les consommateurs ne comprenaient pas ce qu’était un livre électronique. Par exemple, la Fnac ne savait pas où le mettre. Au rayon des livres personne ne venait acheter un dispositif électronique, et au rayon électronique personne ne venait acheter un livre. Nous avons fait l’erreur de vouloir aller trop vite, ce qui a eu pour effet de consommer rapidement le cash dont nous disposions. Il aurait peut-être fallu être plus prudent, et attendre que le marché se réveille. Jacques Lewiner, Physicien et Inventeur, Professeur et Directeur scientifique honoraire de l’ESPCI GÉNÉRATION DEEPTECH Bpifrance 89

41. En miroir du célèbre TRL, le MRL (Market Readiness Level) mesure la maturité d’un besoin donné sur un marché, en considérant les obstacles potentiels. L’objectif ? Faire coïncider la maturité technologique du projet aveclamaturitédumarché,toutaulongducyclededéveloppement de l’innovation. • RESTERSURLADIAGONALE MarketReadinessLevel(MRL) Technology Readiness Level (TRL) Le marché est prêt mais la technologie ne l’est pas, le produit ne l’est pas La technologie est disponible mais il n’y a pas de marché Marché et technologie non matures mais cohérents Marché et technologie matures Exemple de réajustement Aledia : quand le marché demande un pivot Visant initialement un marché de la LED généraliste avec une stratégie prix importante, l’entreprise a été confrontée à plusieurs obstacles : • un marché saturé, qui ne permettait pas de dégager de marges significatives ; • unedifférenciationtechnologiquequinecorrespondaitpasauxbesoins des utilisateurs ; • pas de « sorties » possibles à un bon prix pour les investisseurs (donc pas d’importantes levées de fonds possibles), les acheteurs potentiels n’ayant pas la force de frappe nécessaire. Finalement un pivot a été opéré en se réorientant sur une technologie d’origine et en ciblant le marché des écrans de visualisation haute brillanceetfaibleconsommation.Sesapplications:laréalitéaugmentée, la visualisation tête haute ou sur portable, et la projection. 9 1 9 GÉNÉRATION DEEPTECH Bpifrance 91

42. La technologie développée en laboratoire est capable de démontrer les principes de base du futur produit. Il est important par la suite, de mettre entre les mains d’un client potentiel les preuves de concept, maquettes, prototypes… pour être sûr que le développement technologique va dans le sens d’un produit attendu sur un marché solvable. De manière générale, ces phases menant jusqu’au marché sont des opportunités pour la startup de générer des engagements clients qui seront essentiels pour : • l’amélioration du produit Ces itérations permettront d’affiner le produit et l’approche marché. Elles formeront aussi les équipes au contact et exigences du marché. Gilles Meyer, Cofondateur et Directeur général d’Actronika • la professionnalisation de l’équipe La première approche d’un client a permis de structurer vite certains impératifs : PI, contractualisation des prestations, approche client, tarificatio. Elle a facilité la transition de la startup vers le marché. Cyrille Pauthenier, Cofondateur et Président d’Abolis Biotechnologies • la capacité à lever des fonds Les prototypes sont très importants car ils permettent de convaincre des investisseurs ou des partenaires. Jacques Lewiner, Physicien et Inventeur, Professeur et Directeur scientifique honoraire de l’ESPCI Exemple de réajustement CerbAir : une ouverture vers d’autres marchés influencée par la technologie L’entreprise s’était initialement positionnée exclusivement sur des marchés civils, mais notre première technologie de reconnaissance d’image ne permettait pas de construire un produit pleinement performant. Finalement la technologie s’est orientée vers l’analyse radiofréquence, beaucoup plus performante, ouvrant ainsi de nouveaux segments utilisateurs dans le domaine de la sécurité publique et de la défense. Lucas Le Bell, Cofondateur et Directeur général de CerbAir GÉNÉRATION DEEPTECH Bpifrance 93

43. Attention néanmoins à : • garderentêteleproduitfinal,etsavoirs’arrêterdanslesdéveloppements à temps : Il faut qu’il y ait un commerçant dans l’équipe, qui dise « je vais pouvoir le vendre, on peut faire mieux mais je pourrai le vendre ». Jacques Lewiner, Physicien et Inventeur, Professeur et Directeur scientifique honoraire de l’ESPCI • faire payer ses PoC… Car c’est important de valoriser son savoir-faire et cela contribue à la relation de confiance avec le client. Gilles Meyer, Cofondateur et Directeur général d’Actronika … mais sans devenir dépendant financièrement des PoC, ce qui pourrait éloigner l’entreprise de sa finalité. Anticiper l’industrialisation Anticiper l’industrialisation peut être difficile en phase de RD. Quand cette étape arrive, s’assurer de ne pas avoir de verrous technologiques sur la production. Également penser à avoir un mode de production fiable et flexible. Anne Osdoit, Directrice générale de MD Start Lesquestionsàseposer • Quelmoded’industrialisationdois-jechoisir?Cechoiximpactera fortement les coûts supportés, en particulier si l’entreprise n’est pas fabless (si elle n’industrialise pas elle-même) sur un process standard ou non standard. • Si je décide d’assurer moi-même la production, mon produit est-il industrialisable ? • Si je suis fabless existe-t-il une supply chain pertinente ? Il y a 4 entreprises dans le monde qui pouvaient théoriquement réaliser notre produit. C’est seulement la 3e qui nous a donné satisfaction, cela aurait pu être problématique. Séverine Sigrist, Fondatrice et Présidente de Defymed GÉNÉRATION DEEPTECH Bpifrance 95

44. Unefoislaphase d’industrialisation prêteàêtrelancée Attention à ne pas penser à l’industrialisation de la technologie sans avoir fini de penser le produit que l’on souhaite vendre. On se retrouve alors avec une technologie mature mais qui ne répond pas au cahier des charges du marché. Éric Baissus, Directeur général de Kalray 3.3 SE FINANCER

45. Lefinancementdel’entreprisesecadenceenfonctiondesdifférentes phases de développement. • Le non-dilutif (aides, prêts, subventions…) intervient en amont afin de soutenir la RD, mais aussi pour amener de la visibilité. • Dans les phases suivantes, l’intervention des nombreux acteurs doit être cohérente avec la stratégie de l’entreprise. • Les investisseurs sont des partenaires à part entière, avec lesquels une convergence d’intérêts et de philosophie sur le long terme sera clé. Ce qu’ilfautretenir Le financement non-dilutif(1) Ilnefautpasconfondrebesoindefinancementetbesoindelevée de fonds. Le financement non-dilutif intervient généralement en pré- amorçage et vise à soutenir les phases de RD. De nombreux dispositifs de subvention sont ainsi à la disposition des porteurs de projet, mais restent contraints et ne peuvent couvrir qu’une partie des dépenses. Les aides non-dilutives disponibles Près de 10 Md€ sont consacrés annuellement aux entreprises innovantes en France à travers : • des aides fiscales, notamment via le CIR (Crédit Impôt Recherche) afin de renforcer les investissements des entreprises en RD ; • des aides à l’innovation, majoritairement portées par Bpifrance ; • des concours destinés à soutenir les entreprises en création et les projets de RD des entreprises les plus innovantes, par exemple comme I-Lab ; • un soutien aux projets collaboratifs. Ces projets, de tailles diverses, permettent d’aider des consortia entre entreprises et laboratoires de recherche pour renforcer l’implication des PME. (1) Financement non-dilutif : qui ne modifie pas la structure du capital de l’entreprise. GÉNÉRATION DEEPTECH Bpifrance 99

46. Outreleuraspectfinancier,cesaidesoffrentplusieursavantages. Elles permettent de : • confronter le projet d’entreprise et le plan de développement avec des personnes extérieures ; La recherche de financements non-dilutifs est une phase clé car elle est une première confrontation de la technologie à une réalité du marché. Sébastien Gravier, Fondateur et Président de Vulkam • obtenir des labels avec les prix et les concours ; En plus de la dotation perçue, être lauréats et Grand Prix I-lab a augmenté notre visibilité nationale et nous a donné l’opportunité de présenter l’approche thérapeutique disruptive de notre technologie. Florence Allouche, Présidente de SparingVision • faire valoir les intérêts des entreprises lors des levées de fonds. Attention, ces aides étant très dispersées, aller les chercher demande du temps et une connaissance dans le domaine. Cette activité est extrêmement chronophage, et le fait que je connaisse ces arcanes a été un élément clé. Pascal Boulanger, Fondateur et Président Directeur délégué aux Opérations de NAWATechnologies Certes, des cabinets proposent d’aller chercher des aides et subventions, mais un entrepreneur prévient : Attention à ne pas se faire réécrire son idée pour rentrer dans les clous des demandes d’aides. Augmenter sa visibilité Hello Tomorrow Hello Tomorrow a été cofondé en 2011. La structure à but non-lucratif vise à faciliter la collaboration entre entrepreneurs, industriels et investisseurs dans le domaine de la deeptech. Hello Tomorrow organise : • unecompétitiondestartupdeeptechàfortevisibilité(GlobalChallenge); • des programmes de mentoring (Deeptech Founders) ; • de la formation ; • du conseil en innovation ; • une série d’événements à travers le monde. GÉNÉRATION DEEPTECH Bpifrance 101

47. Les levées de fonds Lerythmedefinancement La deeptech demande d’être particulièrement réactif pour se financer. Le développement de versions de produits successives avec des sous-traitants experts implique une capacité d’engagement importante et rapide. Pierre Le Blainvaux, Cofondateur et Président de TechnoFounders Se retrouver en difficulté de trésorerie lors d’une phase de levée defondspeutfortementpénaliserl’entreprise,àlafoisenralentissant son activité de recherche, et en l’amenant à faire des concessions sur la dilution du capital. Généralement les levées de fonds interviennent à des étapes clés du parcours de l’entreprise pour financer : • les premiers essais, jusqu’à validation d’une phase d’essais ou d’un PoC ; • des phases d’industrialisation, sur la base de contrats ; • l’accélération. La disponibilité des investisseurs, associée au dynamisme des grands groupes, sera un ingrédient essentiel pour les startups deeptech afin qu’elles réalisent des sorties avantageuses. À terme, le rachat par un grand groupe est un bon objectif. Il permet souvent de développer l’entreprise par des process et la structuration des ressources. De plus, les exit font émerger des « serial-entrepreneurs » de talent ou de futurs VC avisés. Arnaud de la Tour, Cofondateur et Vice-Président de Hello Tomorrow Les interlocuteurs clés Il est primordial de bien choisir son partenaire financier. Un enjeu pour les porteurs de projets est de contacter les fonds qui répondent le mieux à leurs besoins : amorçage, série A, B, C… Àtraversdesfondsthématiques,Bpifranceréalisedesinvestissements minoritairesaucapitald’entreprisesinnovantesetporteusesdecroissance, en fonds propres ou quasi fonds propres, dans les phases les plus risquées de leur développement, sur des tickets allant jusqu’à 30 M€. Les investissements sont réalisés dans plusieurs thématiques : • Sciences de la vie ; • Numérique ; • Écotechnologies ; • Large Venture. De plus, avec le FNA (Fonds National d’Amorçage), Bpifrance investit dans des fonds d’amorçage. LesBusinessAngels Principalement des investisseurs « personnes physiques » ou structures privées.Ilsinvestissentgénéralementenamorçage,desmontants limités. Ils vont mettre l’accent sur l’équipe, l’opportunité et la viabilité du projet. GÉNÉRATION DEEPTECH Bpifrance 103

48. Les Venture Capitalists (VC) ou Fonds de capital-risque
Les VC sont les principaux investisseurs dans les startups deeptech. Ils misent sur un investissement dans la durée, comme partenaires. Leur enjeu est de rentabiliser leur investissement. Étant donné leur large portefeuille et leur expertise très poussée sur un marché, ils seront en mesure d’apporter : • un réseau et un carnet d’adresses ; • une veille sur les mouvements du marché ; • une dimension internationale. Les critères de sélection sont variables selon les fonds, principalement : • un produit reposant sur une Propriété Intellectuelle solide, capable d’aller à l’international ; • une réponse à une demande de marché, sur un marché de grande taille et en croissance ; • uneéquipesolidecapabledefairepasserdescapsdedéveloppement à l’entreprise. Ces critères ne sont pas systématiquement remplis. Aucune société ne remplit 100 % des critères du projet parfait. La force d’un VC sera de jauger les critères qui manquent et d’y aller, en se disant que ces manques pourront être comblés. Isabelle de Cremoux, Présidente du Directoire de Seventure, membre du Conseil de l’Innovation Lesinvestisseurscorporate Ils sont de plus en plus visibles dans l’écosystème français et offrent différents profils d’investissement, en fonction de leurs objectifs (stratégiques ou purement financiers) et de leur implication vis-à-vis de leur portefeuille. Ils sont en mesure d’apporter, selon leur profil : • une caution permettant d’attirer des fonds complémentaires ; • des débouchés industriels et commerciaux ; Alliance Ventures offre aux startups un soutien financier ainsi qu’un accès privilégié à l’ensemble de l’expertise et du réseau de Renault-Nissan-Mitsubishi, la plus grande alliance automobile du monde. Christian Noske, Managing Director de RNM Alliance Ventures • de l’expertise et des compétences aux startups ; MBDA a pu apporter son savoir-faire sur la mise en place technologique, la stratégie commerciale, la mise en relation, la stratégie mais aussi le règlementaire et l’export. De manière plus large, cet investisseur a apporté crédibilité et intérêt. Lucas Le Bell, Cofondateur et Directeur général de CerbAir Lesfondations Très répandues sur les marchés anglo-saxons, elles commencent à s’intéresser aux startups issues de la recherche académique alors qu’elles ne finançaient auparavant que des programmes de RD. On peut citer, par exemple, la Foundation Fighting Blindness (États-Unis) qui a investi pour la première fois en equity en 2017 dans une startup française, SparingVision. GÉNÉRATION DEEPTECH Bpifrance 105

49. Les investisseurs comme des partenaires Compte tenu des cycles de développement des projets deeptech, la relation entre les investisseurs et entrepreneurs doit être le fruit d’une convergence d’intérêts, avec un rapport de confiance élevé. Le travail de financement et celui de coaching sont indissociables, et doivent représenter le vrai métier d’un investisseur deeptech ; car les projets sont le plus souvent portés par des primo-entrepreneurs sans réelle connaissance du monde de l’entreprise. Sophie Pellat, Membre du Directoire et Directrice des cofondations chez IT-Translation Du côté des entrepreneurs, il faut pouvoir se tourner vers les fonds d’investissements qui ont une doctrine d’investissements compatibles avec la deeptech. C’est-à-dire, par exemple : Qui comprennent que dans le domaine des biotechnologies innovantes, avec de gros challenges règlementaires et de production, il faut de lourds investissements pour obtenir du ROI, et que celui-ci n’arrive pas à court terme. Florence Allouche, Présidente de SparingVision GÉNÉRATION DEEPTECH Bpifrance 107

50. Un porteur de projet est totalement légitime à sélectionner ses futurs investisseurs. Il est indispensable de bien être aligné avec son VC, qui va accompagner l’entreprise pendant plusieurs années, en regardant : • les critères d’investissement ; • les compétences sectorielles ; • le cycle d’investissement : s’il est en début de cycle, il y aura plus de temps et le VC aura un meilleur rythme d’investissement ; • la capacité à ouvrir des portes : fournisseurs, clients, partenaires… • au niveau humain : la confiance inspirée, la rigueur, l’exigence, la bienveillance, la stabilité professionnelle, pour éviter qu’il/elle soit remplacé(e). Yann Fleureau, Cofondateur et Président-Directeur général de CardioLogs Autre point primordial : la capacité d’anticiper une relation sur la durée. Il sera important de juger de la capacité du fonds à accompagner la croissance. On recommande de penser « à deux tours» pour éviter une trop grande dispersion des actionnaires ou désalignement des intérêts. Maïlys Ferrere, Directrice du pôle Investissement Large Venture de Bpifrance Concernant les investisseurs corporate, il est indispensable de comprendre les intérêts stratégiques qui poussent un acteur à se positionner, et d’être alignés sur la direction à prendre, en particulier sur les options de sortie. La relation entre un groupe et son fonds d’investissement se regarde avec attention. Ainsi, si la structure est indépendante de la direction de la stratégie ou du développement, son rapport à sa participation pourra se rapprocher de celui d’un VC « classique ». GÉNÉRATION DEEPTECH Bpifrance 109

La France prend le virage des Deep Tech[modifier]

Entrepreneurs, il est temps de miser sur les innovations de rupture ! Ces dernières séduisent de plus en plus les investisseurs et l’Hexagone dispose de nombreux atouts pour s’imposer sur l’échiquier mondial.

Elles repoussent les frontières technologiques grâce aux avancées scientifiques : les startups de la Deep Tech bouleverseront le monde de demain. Et même si réussir dans ce secteur peut paraître long et compliqué, celui-ci crée un véritable engouement mondial. Environnement, mobilité, santé, énergie… tous les domaines sont concernés par le développement de ces innovations de rupture.

La France, une nation à la pointe de la Deep Tech[modifier]

61 % des investisseurs classent l’Hexagone dans le Top 5 des destinations pour investir dans la Deep Tech.

La France est sur la bonne voie pour s’imposer parmi les puissances technologiques : 61 % des investisseurs classent l’Hexagone dans le Top 5 des destinations pour investir dans la Deep Tech. Un chiffre relevé par une étude du cabinet de conseil Wavestone. Et cette tendance devrait aller en s’améliorant : 88 % d’entre eux pensent que la croissance de ces startups sera plus importante en France que dans le reste de l’Europe.

…aux nombreux avantages[modifier]

Les raisons de cet engouement pour l’Hexagone sont nombreuses. Parmi eux, citons l’existence du réseau SATTi dont le rôle est de simplifier et accélérer le transfert des innovations issues de la recherche publique vers les entreprises. Depuis 2012, 256 entreprises ont été créées avec l’aide des SATT, dont 59 % développent des technologies de rupture.

La France dispose également d’infrastructures de recherche reconnues pour leur excellence. On y compte également de nombreux incubateurs et espaces collaboratifs. Autre clé de son succès : ses talents. Les investisseurs interrogés par Wavestone classe l’Hexagone en tête à ce sujet, suivie par Israël et les Etats-Unis. Et la volonté entrepreneuriale suit le tout, encouragée par les Grandes Ecoles, l’initiative de la French Tech ou encore le secteur public.

Ainsi, au cours de la séance inaugurale du Conseil de l’Innovation, le gouvernement a récemment confirmé son ambition de capitaliser sur l’excellence de la recherche française. Grâce aux rendements du fond pour l’Innovation et l’Industrie, il a été décidé que le plan « Deep Tech » de Bpifrance bénéficiera de 70 millions d’euros chaque année. Un pas de plus pour que la France se démarque comme le leader des innovations de rupture.

Sociétés d’Accélération du Transfert de Technologies[modifier]

Les principales mesures du plan Deep Tech

  • Création de Bourses French Tech « Emergence » pour les produits Deep Tech
  • Augmentation de la dotation annuelle du concours d’entreprises technologiques i-LAB
  • Renforcement du dispositif d’aides individuelles pour les entreprises Deep Tech
  • Création de programmes d’accélération dédiés aux Deep Tech en partenariat avec les SATT
  • Création de programmes de formations à l’entrepreneuriat pour les chercheurs en partenariat avec les incubateurs de la recherche publique

Innovation : la deep tech promet des changements profonds[modifier]

Intelligence artificielle, robotique, Internet des objets : toutes ces nouveautés appartiennent au monde de la deep tech, de nature à réellement révolutionner nos habitudes et notre économie. Tournée de quelques start-up qui oeuvrent, chacune dans son domaine, à la disruption.

Il y a la tech et la deep tech. Tout le monde connaît la première. C'est Uber, par exemple, qui a révolutionné le monde du partage avec son offre de voitures avec chauffeurs, mais en s'appuyant en fait sur une technologie existante, les plateformes.

La deep tech, en revanche, c'est bien autre chose. Il s'agit, pour les start-up engagées dans ce domaine, de repousser les frontières technologiques, grâce à des avancées scientifiques qui créeront de véritables ruptures. Une nouvelle technique pour lutter contre le cancer ou le changement climatique, par exemple. Dans les PME comme dans les grands groupes, de la conception à la fabrication de produits, de la gestion à la maintenance, tout pourrait changer... Et tous les domaines sont concernés.

De la grande distribution à la santé[modifier]

Dans le domaine de la santé par exemple, NovaGray, à Montpellier, est spécialisée dans la détection d'effets secondaires chez les patients soumis à la radiothérapie. Grâce à un « simple » test sanguin, aujourd'hui développé et commercialisé, la société réussit à identifier, avant la radiothérapie, les patients qui risquent de développer des effets secondaires lourds.

De son côté, Poietis, une société basée à Pessac (Gironde) et spécialisée dans la conception de thérapies de médecine régénératrice et personnalisée issues de la bio-impression 4D par laser, a conclu en septembre 2016 un contrat de collaboration exclusive avec L’Oréal. Le but ? Imprimer un follicule pileux, qui produit le cheveu, avec une bio-imprimante. De même, avec BASF, Poietis travaille au développement de tissus bio-imprimés et en particulier sur un nouveau modèle de peau bio-imprimé. Premier essai clinique sur un être humain dans 3 à 5 ans...

Dans la robotique, la start-up Botfuel, basée en région parisienne, crée une plateforme de développement de chatbots à destination des entreprises. Constatant que les solutions existantes ne répondaient pas aux besoins des entreprises, la société a conçu la sienne. Elle permet de développer des chatbots pour des plateformes comme Facebook Messenger, Slack, Skype, Twitter ou Telegram. Les entreprises qui l'adoptent peuvent ainsi profiter de l’intelligence conversationnelle pour optimiser la relation client.

Toujours pour les entreprises, la société Nanolike, basée à Toulouse, a lancé ses premiers nanocapteurs, permettant des mesures innovantes. Ainsi, une chaîne de distribution pourra, en équipant les rayons de ses supermarchés, s'assurer d'un approvisionnement optimal, tandis qu'un gestionnaire d'éolienne ou de barrage sera prévenu d'une panne imminente grâce aux mesures effectuées en continu. Enfin, les municipalités pourront, en dotant les poubelles publiques de capteurs, effectuer des ramassages en fonction du remplissage. De même, les silos à grains, les distributeurs d'essence, les constructeurs automobiles et bien d'autres industriels pourront tous utiliser ces outils pour optimiser la logistique, la surveillance des structures ou la maintenance prédictive. Il s'agit donc bien d'une révolution profonde à laquelle oeuvrent les entreprises de la deep tech.

Inventrice de revêtements « intelligents » qui changent de couleur en fonction de la température, de la pression ou de la lumière, OliKrom est une start-up atypique. Basée près de Bordeaux, elle est un excellent symbole du courant deep tech qui décolle en France et dans le monde. Née des travaux de Jean-François Létard, ancien directeur de recherches au CNRS, menés au sein de l'Institut de chimie de la matière condensée de Bordeaux, OliKrom a développé des pigments capables de changer de couleur en fonction des modifications de leur environnement : changement de température, contraintes de pression, modification de la luminosité, présence d'un solvant ou d'un gaz...

L'Europe bien positionnée[modifier]

La Silicon Valley semble dépassée ! L'Europe serait en effet en pointe dans le domaine

Et la Silicon Valley semble dépassée ! L'Europe serait en effet en pointe dans le domaine. Selon un rapport d'Atomico (un fonds d'investissement dans les entreprises innovantes basé à Londres), publié en novembre 2016, l'Europe compte cinq des 10 plus prestigieuses institutions scientifiques au niveau mondial. En outre, les investissements dans la tech européenne n'ont cessé de croître ces dernières années : les montants de 2016 équivalent à 13 milliards de dollars, contre 2,8 milliards de dollars en 2011.

Les sociétés de la deep tech ont bien besoin de ces fonds. En effet, entre recherche, développement, essais, validation et commercialisation, il peut se passer plusieurs années. Dans le cas de NovaGray, par exemple, les chercheurs ont commencé à travailler au test sanguin en 1995, mais n'ont obtenu la validation de l'essai clinique qu'en 2015... Et comme pour les médicaments, certaines technologies actuellement développées risquent d'être finalement inadéquates ou non viables. Les enjeux, pour les fondateurs mais aussi les investisseurs, sont donc de taille. Mais l'avenir, économique et sociétal, auquel contribue la deep tech ne s'écrit pas forcément sans rature...