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LOI, épistémologie

Écrit par

Pierre JACOB : chargé de recherche en philosophie au C.N.R.S., membre du Centre de recherche en épistémologie appliquée

Le nom français « loi » tire son étymologie du mot latin lex. L'adjectif français « nomologique », qui désigne la propriété d'être une loi, tire son étymologie du mot grec nomos (qui signifie loi) . À quel genre d'entité attribue-t-on cette propriété ? De nos jours, le mot « loi » sert à désigner certaines régularités dans les phénomènes naturels et conjointement des obligations morales et juridiques. L'énumération suivante n'offre qu'un échantillon des nombreuses lois formulées depuis la révolution scientifique du xviie siècle : la loi de la chute des corps, la loi du mouvement périodique du pendule, les trois lois de Kepler sur la trajectoire elliptique des planètes, les lois de la réfraction et de la diffraction de la lumière, la loi de Boyle-Mariotte, la loi d'Ohm, les lois newtoniennes du mouvement, la loi de la gravitation universelle. Quoique la formulation de ces lois soit ancienne, ni les Grecs ni les Romains n'auraient pu en mentionner une : le prototype de ce qu'ils nommaient lex ou nomos était ce que nous nommons des préceptes ou des obligations morales et/ou juridiques. Qu'y a-t-il de commun entre les « lois de la nature » et les obligations ou préceptes moraux ou juridiques ?

Les premières sont exprimées au moyen de phrases comme : « À température constante, la pression d'un gaz contenu dans un récipient fermé est inversement proportionnelle au volume du gaz » ou « PV = constante » (loi de Boyle-Mariotte) ou « Le carré de la durée d'une révolution d'une planète autour du Soleil est proportionnel au cube de la distance entre la planète et le Soleil » ou « a3/T2 = constante » (troisième loi de Kepler) . Les secondes sont exprimées par des phrases comme : « Tu ne tueras point », « Il est mal de voler » ou « Ne mens pas ». Qu'y a-t-il de commun entre les propositions exprimées par ces deux types de phrases ? Le mot français « loi » n'est-il pas ambigu ?

Pour énoncer la troisième loi de Kepler, on se sert de mots ou de symboles. Cependant, une description définie comme « la troisième loi de Kepler » ne désigne pas plus des mots français, turcs ou tagalogs qu'une loi n'est une phrase ou une suite de symboles. Comme le mot « nomologique » exprime une propriété non des phrases mais des propositions qu'elles expriment, il y a deux conceptions possibles des lois de la nature : une conception épistémique et une conception non épistémique. Selon la première, les lois sont des croyances ou des connaissances solidement justifiées. Selon la seconde, les lois sont les états de choses réguliers ou permanents, les uniformités dans les choses qui sont responsables de la vérité des croyances précédemment mentionnées.

Le concept de probabilité se prête au même contraste : une probabilité peut être tenue pour la mesure du degré de croyance rationnelle dans la vérité d'une proposition ; le même nombre peut aussi être tenu pour la mesure de la fréquence relative d'un événement ou pour une propension objective. La raison pour laquelle le concept de loi et le concept de probabilité se prêtent à cette dualité d'interprétations est qu'une probabilité et une loi nous renseignent sur des événements ou des états de choses non seulement réels ou réalisés mais aussi possibles.



Les buts de la démarche scientifique[modifier]

Parmi les sciences empiriques, qu'on oppose à la logique et aux mathématiques, on distingue traditionnellement les sciences expérimentales (comme la chimie) des sciences d'observation (comme l'astronomie) ; et on distingue les sciences de la nature des sciences humaines.

Quoique la démarche scientifique n'ait sans doute pas un but unique, on affirme à bon droit qu'en science on cherche à découvrir les lois de la nature, à les confirmer grâce à des preuves ou à les infirmer par des contre-exemples ; on cherche à expliquer les faits ou les phénomènes observés, à en déterminer les causes, à prédire l'occurrence d'événements encore inobservés ou à révéler ce qui adviendrait si des circonstances hypothétiques non réalisées (ou contraires aux faits) se réalisaient. Les sciences empiriques dévoilent donc à l'homme des aspects de l'univers inaccessibles aux seules ressources de son sens commun et aux seuls pouvoirs d'observation ou de détection de ses organes sensoriels.

Les spécialistes scientifiques formulent des hypothèses ou des conjectures qui se prêtent à l'épreuve de l'expérimentation ou d'observations. Une hypothèse ou une conjecture nomologique doit être universelle (comme la loi de la gravitation) et non existentielle ou singulière (comme la conjecture par Adams et Leverrier de l'existence de la planète Neptune) . Une « hypothèse » universelle hautement confirmée accède au rang de loi. Mais toutes les propositions conditionnelles universellement quantifiées ne sont pas des lois.

Comme l'ont souligné P. Duhem et W. Quine, on déduit une prédiction non d'une hypothèse seule, mais de la conjonction d'une hypothèse nomologique et de certaines propositions auxiliaires pertinentes. Si la prédiction est vérifiée, on ne peut pas en conclure que l'hypothèse est vraie car, comme l'a souligné K. R. Popper, c'est un sophisme de conclure de la vérité d'une conclusion à la vérité des prémisses, mais on peut tenir l'hypothèse pour confirmée. Si la prédiction est réfutée (à condition de tenir pour vraies les propositions auxiliaires) , on peut, grâce au modus tollens (si p, alors q ; or non-q ; donc non-p) , en conclure à la fausseté de l'hypothèse ou tenir celle-ci pour infirmée.

Les lois sont des propositions individuelles, les théories sont des familles de propositions (de lois) : la théorie (mécanique) newtonienne est l'ensemble formé de la loi de la gravitation universelle et des trois lois (newtoniennes) du mouvement – le principe d'inertie, la proportionnalité de la force avec le produit de la masse du corps par son accélération et l'égalité de l'action et de la réaction.

L'énumération des buts de la démarche scientifique atteste la tension permanente entre deux desiderata scientifiques difficiles à concilier : transcender et respecter ce que Kant nommait « les limites de la possibilité de l'expérience » (ou ce qui est humainement observable) ; atteindre le maximum de profondeur explicative – ou expliquer la plus grande variété possible de faits particuliers différents par le plus petit nombre possible de lois générales – et maintenir les lois explicatives sous le contrôle de l'expérience.

Les lois universelles et le problème de l'induction[modifier]

Plus une loi est générale, abstraite, éloignée des détails de l'observabilité, plus variés sont les phénomènes auxquels elle s'applique, plus est grand son pouvoir explicatif. Ainsi, la loi de la gravitation universelle a révélé aux hommes la parenté inattendue entre la chute des corps à la surface de la Terre, la trajectoire parabolique des projectiles à la surface de la Terre, la trajectoire elliptique des planètes autour du Soleil, la loi des aires de Kepler, le mouvement des marées, etc.

Comme l'ont souligné Duhem et Popper, lorsqu'elle fut incorporée dans le système de la mécanique newtonienne, la troisième loi de Kepler subit une modification : « a3/T2 = constante » devint « a3/T2 = mi + mj » (où « mi » et « mj » désignent les masses respectivement du Soleil et d'une planète du système solaire) . La première formulation est une bonne approximation de la seconde sous réserve de l'une ou l'autre de deux idéalisations possibles : (a) que toutes les planètes ont la même masse ou (b) que leur masse peut être ignorée (ou tenue pour nulle) ; (a) est fausse et (b) est incompatible avec la loi de la gravitation universelle car un corps de masse nulle ne peut entrer dans des interactions gravitationnelles. Comme la loi de la gravitation universelle fait partie des principes grâce auxquels la troisième loi de Kepler peut être expliquée (dans le système newtonien) , la formulation originale doit être révisée. Les lois de la nature sont donc sous le contrôle « ascendant » des observations et « descendant » des lois plus générales.

La formation des hypothèses nomologiques universelles est un mystère logique. On ne peut évidemment pas les déduire des faits expérimentaux ou des phénomènes observables. Le problème de la formation des hypothèses nomologiques est ce qu'on nomme depuis le philosophe anglais du xviiie siècle, David Hume, le problème de l'induction ou de l'inférence non démonstrative. Nous n'examinons directement qu'un échantillon fini (ou petit) de cas observés ; nous « projetons » (inductivement) le résultat de nos observations sur les cas inobservés ou sur des situations hypothétiques irréalisées auxquels s'appliquent les lois.

On considère depuis Hume qu'il existe deux catégories d'inférences ou de raisonnements : démonstratifs (ou conformes aux règles de la logique déductive) et inductifs ou non démonstratifs (qui ne sont pas régis par les règles de la logique déductive) . Il y a un fossé inductif entre les faits observés et les hypothèses nomologiques : celles-ci sont « sous-déterminées » par ceux-là. Hume ayant prouvé que l'induction n'est pas la déduction, les philosophes ont progressivement renoncé à justifier l'induction, c'est-à-dire à essayer de combler le fossé entre l'induction et la déduction parce que la justification des principes invoqués pour justifier l'induction (par exemple, le principe de la ressemblance entre les cas examinés et les cas non examinés) enveloppe une régression à l'infini ou suppose justifiée l'induction.

Certains philosophes sceptiques, dont Popper dans La Logique de la découverte scientifique (1934) , ont conclu de ce que l'induction n'a pas de fondement, qu'elle n'existe pas – que c'est une illusion de croire qu'il existe d'autres formes de raisonnement que les raisonnements démonstratifs. Pour Popper, c'est une même erreur dogmatique de croire à l'existence de processus de raisonnement non démonstratifs, de croire que l'accumulation de preuves favorables – la confirmation d'une hypothèse – augmente la probabilité que l'hypothèse soit vraie ou donne des raisons de tenir une hypothèse pour vraie. Pour Popper, la démarche scientifique se caractérise par le risque intellectuel : une hypothèse scientifique prend le risque d'être réfutée par des faits défavorables.

Plutôt que de renoncer à l'idée inductive que les prémisses d'un raisonnement non démonstratif peuvent servir d'argument à l'appui de la conclusion et que la confirmation par des preuves favorables peut augmenter la probabilité qu'une hypothèse nomologique soit vraie ou nous fournir des raisons accrues de la tenir pour vraie, d'autres épistémologues constructifs (dont Carnap) ont préféré substituer à la relation d'implication stricte entre les prémisses et la conclusion d'un raisonnement non démonstratif la relation comparative de confirmation assimilée à une probabilité. À ce projet, Popper a objecté que, si le but de la science était de préférer les hypothèses auxquelles les connaissances déjà acquises (observations et connaissances d'« arrière-plan ») confèrent la plus haute probabilité, alors on accorderait toujours en science la préférence aux hypothèses les moins informatives – ce que Popper nie.

Les paradoxes de la confirmation[modifier]

Une loi de la nature ne se contente pas de décrire les phénomènes observés – les faits attestés – mais dévoile ce que pourraient être les faits dans des conditions hypothétiques irréalisées. Notre confiance dans une loi dépend donc de la confirmation ou de la corroboration que les preuves favorables lui confèrent. Réciproquement, une proposition nomologique infirmée par des contre-exemples n'est pas strictement vraie : on cherche soit à l'amender soit à la remplacer. Les concepts de loi et de confirmation sont donc intimement liés. Or, au milieu du xxe siècle, Hempel et Goodman ont révélé que le concept de confirmation était affligé de deux paradoxes.

Le paradoxe de Hempel (Studies in the Logic of Confirmation, 1945) .[modifier]

Considérons la proposition triviale exprimée par l'énoncé :

Représentons-la comme une proposition conditionnelle universellement quantifiée :

où « C » désigne la propriété d'être un corbeau, « N » la propriété d'être noir, les « phrases ouvertes » « Cx » et « Nx » étant respectivement l'antécédent et le conséquent du conditionnel.

La conjonction (C) des trois principes de confirmation suivants – nommée « critère de Nicod » – paraît intuitivement solide :

(C1) Si un objet observé a satisfait à la fois l'antécédent et le conséquent du conditionnel (Ca & Na) , il confirme le conditionnel.
(C2) Si un objet observé a satisfait l'antécédent mais non le conséquent (Ca & – Na) , il infirme le conditionnel.
(C3) Si un objet observé a ne satisfait pas l'antécédent (– Ca) , il ne compte pas ou il est dénué de pertinence par rapport au conditionnel.

Par une règle de logique élémentaire, nommée la contraposition, la proposition (1a) est logiquement équivalente à la proposition (1b) :

ou « Tout ce qui n'est pas noir n'est pas un corbeau ». (I) Appliquons à (1b) le critère de Nicod : de (C1) , il résulte que (1b) est confirmée par l'observation d'un objet qui satisfait son antécédent et son conséquent. Donc (1b) est confirmée par l'observation d'un objet qui n'est ni noir ni un corbeau, par exemple une feuille de papier jaune.
(II) Or (par contraposition) (1b) est équivalente à (1a) – « Tout ce qui n'est pas noir n'est pas un corbeau » est équivalente à « Tous les corbeaux sont noirs ».
(III) Donc, par (C1) , il s'ensuit que l'observation d'une feuille de papier jaune qui confirme (1b) confirme aussi (1a) .
(IV) Or, par (C3) , une feuille de papier jaune qui ne satisfait pas l'antécédent de (1a) est dénuée de pertinence pour (1a) .
(V) Conclusion : paradoxe.

Deux grands types de manœuvres ont été envisagés pour résoudre ce paradoxe :

  • On peut faire valoir que la contraposition ne préserve pas la relation de confirmation : comme l'ont notamment souligné Quine (1969) et Goodman, à la différence des prédicats « corbeau » et « noir » contenus dans (1a) et qui désignent des classes ou des espèces naturelles, les prédicats « complémentaires » « non corbeau » et « non noir » contenus dans (1b) ne peuvent pas entrer dans la formulation d'hypothèses qui se prêtent à la confirmation. La contraposée d'une loi n'est pas elle-même une loi parce que le complément d'une classe naturelle n'est pas une classe naturelle.
  • Certains philosophes de la tradition bayésienne (dont Horwich 1982, Mackie 1963, Suppes 1966) incriminent le critère de Nicod. Ils acceptent (III) : l'observation d'une feuille jaune apporte une confirmation minime mais non nulle à (1a) . La source du paradoxe réside, selon eux, dans l'assimilation d'une confirmation très faible à une absence pure et simple de confirmation. L'erreur renfermée par le critère de Nicod est, selon eux, d'employer un concept classificatoire ou catégorique et non un concept comparatif de confirmation.

Le paradoxe de Goodman (Faits, fictions et prédictions, 1955) .[modifier]

Goodman a inventé le prédicat de couleur « vleu » : est vleu tout objet vert examiné avant t (soit le 1er janvier 2000) ou tout objet bleu et non examiné avant t. Pourquoi « Toutes les émeraudes sont vertes » peut-elle, à la différence de « Toutes les émeraudes sont vleues », servir à exprimer une généralisation nomologique ?

Une partie de la réponse tient dans l'énoncé du paradoxe de Goodman. Toutes les émeraudes que nous avons observées (avant t) se sont révélées vertes. En vertu de la définition disjonctive du mot « vleu », les émeraudes sont donc vleues. En vertu de cette définition, la première émeraude qui sera examinée le 1er janvier 2000 sera donc bleue. Si on admet que toutes les émeraudes sont vertes, on en infère que la première émeraude qui sera examinée à t sera verte. Si on admet que toutes les émeraudes sont vleues, on en infère qu'elle sera bleue.

Résoudre le paradoxe de Goodman, c'est expliquer pourquoi certains prédicats (« bleu » et « vert ») sont « projectibles », contrairement à « vleu » ou « blert » qui s'applique aux choses bleues examinées avant t ou non examinées avant t et vertes. Le lien avec le problème classique de l'induction saute aux yeux. On ne peut pas soutenir que les prédicats projectibles sont des prédicats primitifs simples et les prédicats non projectibles des prédicats complexes définis à partir des prédicats projectibles, parce qu'on peut imaginer des créatures pour qui « vleu » et « blert » seraient primitifs et « bleu » s'appliquerait à toutes les choses examinées avant t et blertes ou non examinées à cette date et vleues. Goodman, dans Faits, fictions et prédictions, fait dépendre la projectibilité d'un prédicat de son « implantation » (entrenchment) historique et culturelle.

Lois et explication[modifier]

En raison de la parenté entre les concepts de loi et d'explication, les philosophes des sciences se sont penchés sur le concept d'explication. C'est à Hempel (Aspects of Scientific Explanation, 1965) qu'incombe le mérite d'avoir jeté les bases des discussions contemporaines en proposant le fameux modèle dit « nomologico-déductif » (DN) de l'explication scientifique.

Selon l'intuition qui guide ce modèle, expliquer l'occurrence d'un événement, c'est montrer (ou justifier) en quoi ce phénomène est attendu, en le subsumant comme un cas particulier sous un cas général. Le modèle peut se présenter sous la forme suivante :

L'explanandum est la proposition décrivant le fait à expliquer : par exemple, le fait que la colonne de mercure contenue dans la pipette d'un thermomètre immergé dans l'eau chaude commence par baisser légèrement puis remonte rapidement au-dessus de son niveau de départ. Ce fait s'explique parce que l'accroissement de température dû à l'immersion dans l'eau provoque d'abord la dilatation du verre de la pipette. Donc la colonne de mercure baisse légèrement de niveau. Puis, en vertu de sa conductivité thermique, le verre transmet au mercure la chaleur qui provoque la dilatation du mercure dont le coefficient de dilatation est très supérieur à celui du verre. L'explanans, qui est l'ensemble des propositions explicatives, contient d'une part des propositions singulières ou existentielles (C) décrivant les conditions initiales – la composition du thermomètre, la pipette en verre, la colonne de mercure, la température du verre, du mercure, de l'eau, l'immersion du thermomètre – et d'autre part des lois générales – les lois sur l'expansion thermique respective du mercure et du verre et la faible conductivité thermique du verre. Le modèle DN d'explication s'applique aussi à l'explication d'une loi moins générale par une ou des lois plus générales.

Pour Hempel, une explication DN est une inférence démonstrative : l'explanandum doit être déductible de l'explanans qui doit donc contenir des lois universelles. Pour Hempel, la seule différence entre une explication et une prédiction est purement pragmatique : à la différence du fait à expliquer, le fait prédit ne s'est pas encore produit au moment de l'énonciation des propositions explicatives. Outre qu'il est difficile de distinguer formellement les lois, les conditions initiales et les propositions auxiliaires, on peut se demander si ce modèle fournit un ensemble de conditions nécessaires et suffisantes d'une explication scientifique.

La majorité des philosophes des sciences contemporains fourniraient une réponse négative. Premièrement, on peut expliquer (par la trigonométrie) la longueur de l'ombre d'un poteau sur le sol (à une heure donnée) en la déduisant de la hauteur du poteau, de l'angle du Soleil, et de la loi affirmant que la lumière se propage en ligne droite. Mais (cf. S. Bromberger, « Why-Questions », 1966) on pourrait aussi déduire la hauteur du poteau à partir de la longueur de son ombre et du reste de l'explanans précédent : c'est une méthode fiable pour découvrir la hauteur du poteau, mais elle n'explique pas la hauteur du poteau. Deuxièmement, demandons-nous pourquoi Alfred Lupin était dans le coffre-fort de la Banque nationale de Paris, 25, rue d'Assas, à Paris, à 3 heures du matin le 12 avril 1923. On peut (cf. H. Putnam, Meaning and the Moral Sciences, 1978) « déduire » ce fait (conformément au modèle DN d'explication) de la proposition singulière affirmant qu'Alfred Lupin était à cet endroit un milliardième de seconde avant 3 heures du matin ce jour-là et de la loi affirmant qu'aucun objet ne peut se déplacer à une vitesse supérieure à la vitesse de la lumière. Ce n'est pas une explication « pertinente ». Donc le modèle DN ne fournit pas des conditions suffisantes d'une explication scientifique.

L'existence d'explications statistiques reposant sur des lois statistiques non universelles atteste que le modèle DN ne fournit pas des conditions nécessaires de ce qu'est une explication digne de ce nom. On pourrait penser (cf. Hempel, « Deductive-Nomological vs. Statistical Explanation », 1962) qu'il est relativement aisé d'assouplir le modèle DN en un « modèle inductif-statistique » (IS) : dans le modèle IS, les lois sont statistiques et l'explanandum n'est pas déductible de l'explanans : celui-ci est tenu de conférer à l'explanandum une forte probabilité (qu'on indique par une double barre au-dessus du E dans le diagramme) . Une explication IS typique est donc une inférence inductive. Il existe bien des différences entre les inférences démonstratives et les inférences non démonstratives : contrairement à la relation de conséquence déductive, le support inductif n'est pas transitif ; la contraposition n'est pas applicable aux probabilités. Dans une inférence démonstrative, si B est une conséquence de A, alors B est une conséquence de la conjonction de A & C (quelle que soit C) ; mais aussi haute que soit la probabilité conditionnelle de B par rapport à A, P(B/A) , il n'y a aucune garantie que la probabilité conditionnelle de B par rapport à la conjonction de A & C, P(B/A & C) , soit aussi élevée : la probabilité qu'un nombre premier soit impair est presque égale à 1 mais la probabilité qu'un nombre premier inférieur à 3 soit impair est égale à 1/2.

Nous voulons expliquer le fait qu'un individu guérit d'une infection de staphylocoques. Grâce à l'information qu'il a reçu des injections massives de pénicilline et à la généralisation statistique selon laquelle la plupart des infections de staphylocoques guérissent après injection massive de pénicilline, nous avons une explication qui rend la guérison probable (ou hautement probable) . Si nous apprenons de surcroît que le malade était infecté par l'une des rares colonies de staphylocoques résistant à la pénicilline, alors l'explanans statistique précédent rend l'explanandum improbable. Pour remédier à ce qu'il appelle « l'ambiguïté de l'explication inductive-statistique », Hempel (1968) a proposé le réquisit de la spécificité maximale, qui ressemble au réquisit carnapien de l'« exhaustivité des données » pour la logique inductive : la classe pertinente la plus petite à laquelle appartient l'explanandum (la classe des malades infectés par des staphylocoques résistant à la pénicilline) ne peut pas (contrairement à la classe des malades infectés par des staphylocoques) être partitionnée en sous-classes dans lesquelles la probabilité de l'explanandum diffère de la probabilité assignée à la classe la plus petite.

La tentative hempélienne d'adapter le modèle DN aux explications statistiques soulève deux types de problèmes : premièrement, le modèle DN impose que l'explanandum soit déductible de l'explanans ; le modèle IS impose que l'explanans confère une haute probabilité à l'explanandum. Scriven (1959) , qui maintient, contrairement à Hempel, que les lois générales doivent – comme les règles de la logique déductive – être considérées non comme des prémisses mais comme des justifications d'une explication, a fait valoir que, dans certaines explications statistiques parfaitement acceptables, l'explanans ne confère pas une haute probabilité à l'explanandum : une victime de la syphilis non traitée par la pénicilline peut être atteinte de parésie, mais la probabilité de la parésie chez un malade au stade tertiaire de la syphilis est très faible. On peut néanmoins expliquer la parésie par le stade tertiaire de la syphilis. Deuxièmement, le réquisit de la spécificité maximale garantit contre l'omission de faits pertinents mais non contre l'insertion de faits non pertinents ; est-ce que l'absorption de vitamine C fournit une explication statistique de la guérison d'un rhume en l'espace de quinze jours ? Non s'il est avéré que tous les rhumes guérissent en deux semaines indépendamment de l'absorption de vitamine C. Ces deux raisons ont poussé Salmon (1984) à développer le modèle de la pertinence statistique, selon lequel l'explanans n'est pas tenu de conférer une haute probabilité à l'explanandum B mais doit faire référence à un facteur K statistiquement pertinent ayant la propriété suivante : la probabilité a priori de B est plus petite que la probabilité a posteriori de B compte tenu du facteur K : P(B/A & K) > P(B/A) .

Les lois sont-elles des vérités nécessaires connaissables a priori ?[modifier]

Non seulement il existe des explications statistiques qui reposent sur des régularités statistiques non universelles, mais il existe des explications authentiques qui ne sont ni causales ni statistiques : une démonstration ou une preuve mathématique explique pourquoi un théorème est vrai (non probablement vrai) compte tenu des axiomes, sans cependant révéler ses causes.

Certaines prédications et identités sont des lois non causales comme en témoigne l'échantillon suivant : « Tous les photons ont une masse gravitationnelle » ; « La température d'un corps n'est autre que l'énergie cinétique moyenne des molécules composant le corps » ou « La foudre est une décharge électrique » ; « Une molécule d'eau est composée de deux atomes d'hydrogène et d'un atome d'oxygène » ou le modèle en double hélice d'une molécule d'acide désoxyribonucléique (ADN) .

Toutes les lois – causales ou non – posent le problème fondamental (cf. supra, Les buts de la demande scientifique) suivant : comment concilier le fait causal – souligné par les empiristes – que pour acquérir des connaissances « nomologiques » les humains doivent interagir avec l'environnement avec le fait que les lois décrivent non seulement des phénomènes observés mais dévoilent ce qui se produirait dans des circonstances hypothétiques irréalisées. Les rationalistes classiques qualifiaient ces propositions de vérités de raisons, nécessaires et connaissables a priori. Les empiristes répudient ces prédicats ou les réservent aux propositions purement mathématiques et qualifient les lois de vérités de fait, contingentes et connaissables a posteriori. L'essentialisme épousé par Kripke (1972) a renouvelé le dilemme traditionnel entre le rationalisme et l'empirisme en faisant valoir que les paires de prédicats a priori/a posteriori et nécessaire/contingent n'ont pas la même extension. Kripke fournit des raisons de tenir pour des vérités nécessaires et non contingentes – si elles sont vraies – l'identité exprimée par « Eau = H2O » ou la loi d'Ohm, « E/I = R ». Simultanément, il admet que ces vérités nécessaires sont connaissables a posteriori et non a priori.

Selon l'essentialisme, une loi (causale ou non) est douée d'une modalité « aléthique » : elle est nécessairement vraie, si elle est vraie ; elle décrit non seulement ce qui est mais ce qui doit être. L'empirisme objectera à l'essentialisme qu'on nomme « loi » une proposition comme la troisième loi de Kepler dont on sait depuis Newton qu'elle est stricto sensu fausse, a fortiori ne peut-elle pas être « nécessairement » vraie. L'essentialisme répond qu'une loi étant une vérité nécessaire si elle est vraie, peut-être n'en connaissons-nous aucune.

Lois, causalité, régularités et contrefactuels[modifier]

Par aversion pour la nécessité dans les choses (ou nécessité de re) , un empiriste adopte une conception épistémique des lois causales (cf. supra, Les buts de la démarche scientifique) , dont le prototype est l'analyse humienne, qui procède par une double réduction :

  • La causalité, qui n'existe pas dans la réalité, n'est qu'une projection de l'esprit humain sur les choses. Une cause, a écrit Hume (dans le Traité de la nature humaine, livre I, part. III, sect. 14, trad. franç., p. 259) , est « un objet antérieur et contigu à un autre tel que les objets semblables au premier soient placés dans une relation semblable de priorité et de contiguïté par rapport à des objets semblables au second ». La première étape assimile donc la causalité à une loi causale.
  • La seconde étape assimile les lois causales à de simples régularités ou uniformités entre les phénomènes observables.

La réduction de la causalité aux lois causales est rejetée par des avocats de la conception singulariste de la causalité (cf. J. Ducasse, 1926, et G. E. M. Anscombe, 1971) qui tiennent les causes pour des entités individuelles et les relations causales singulières entre des événements pour irréductibles à des propositions nomologiques. Elle est aussi rejetée par ceux qui, comme Lewis (1973, 1986) , préfèrent analyser la causalité au moyen du concept de dépendance contrefactuelle : « A est la cause de B » signifiant « Si A ne s'était pas produit, B ne se serait pas produit ». Si la dépendance contrefactuelle est présentée comme un ensemble de conditions nécessaires et suffisantes d'une proposition causale, l'analyse soulève le problème des concomitances : par exemple, un changement de hauteur de la colonne de mercure d'un baromètre (A) précède un orage (B) . A n'est pas la cause de B. Il y a une corrélation (ou concomitance) entre A et B, qui sont tous les deux les effets de la baisse de la pression atmosphérique. Pourtant, « Si A ne s'était pas produit, B ne se serait pas produit » est vrai.

Même si on l'accepte, la réduction humienne des causes aux lois pose le problème de la sélection de la cause pertinente à l'intérieur de la cause « totale » d'un événement. Comme l'a fait valoir H. Putnam (1983) , la cigarette jetée par un promeneur est tenue pour la cause de l'incendie qui a ravagé 30 hectares de forêt dans les Alpes maritimes. On tient la cigarette pour la cause pertinente – l'explication –, non la cause totale de l'incendie, dans laquelle on inclut la sécheresse du bois et des feuilles d'arbres, la température et la sécheresse de l'air.

Les lois causales ne sont pas réductibles à de simples régularités car toutes les uniformités ne sont pas des lois. Comme l'a fait valoir Goodman, la loi sur la dilatation des gaz justifie l'assertion de l'énoncé contrefactuel « Si l'oxygène contenu dans ce récipient avait été chauffé, il se serait dilaté ». Mais « Toutes les pièces de monnaie dans mon portefeuille sont des pièces de vingt centimes » ne justifie pas l'assertion de « Si cette pièce de un franc avait été dans mon portefeuille, ce serait une pièce de vingt centimes » (si la pièce de un franc est tenue pour identique à elle-même pendant qu'on l'imagine là où elle n'est pas) . Les lois, dit-on, à la différence des régularités accidentelles, servent à justifier des propositions contrefactuelles.

Si, pour comprendre la différence entre une loi et une généralisation accidentelle, on se tourne naturellement vers l'analyse des propositions contrefactuelles, on rencontre – comme l'a souligné Goodman – de sérieuses difficultés dont les deux exemples suivants donnent un aperçu :

(1) Si Jules César avait commandé les troupes américaines pendant la guerre du Vietnam, il aurait donné l'ordre d'utiliser la bombe atomique.
(2) Si Jules César avait commandé les troupes américaines pendant la guerre du Vietnam, il aurait donné l'ordre d'utiliser des catapultes.
(1) et (2) ont le même antécédent et deux conséquents incompatibles l'un avec l'autre. Étant toujours formé d'un antécédent faux exprimant la possibilité d'une condition non réalisée, une proposition contrefactuelle n'est pas équivalente à un conditionnel vérifonctionnel (qui est vrai si son antécédent est faux) : sinon on ne pourrait jamais faire la différence entre un contrefactuel vrai (3) et un contrefactuel faux (4) formé du même antécédent et du conséquent contradictoire :
(3) Si ce morceau de beurre avait été chauffé à 1500 centigrades, il aurait fondu.
(4) Si ce morceau de beurre avait été chauffé à 1500 centigrades, il n'aurait pas fondu.

Nous retrouvons le problème de la pertinence – déjà mentionné à l'occasion de la distinction entre cause pertinente et cause totale, sous l'aspect des propositions auxiliaires (ou idéalisations) à adjoindre aux lois universelles pour tirer des prédictions des lois (paragr. 1) et à l'occasion de la critique du réquisit hempélien de la spécificité maximale (paragr. 4) . Dans le cas des contrefactuels, le problème de la pertinence (ou de la « cotenabilité ») tient (cf. N. Goodman) à ce qu'il faut une méthode d'élimination de la négation de l'antécédent du contrefactuel qui est une proposition vraie hors de l'ensemble des conditions auxiliaires pertinentes.

Parce que le concept de pertinence résiste à l'analyse, Armstrong (1983) et Dretske (1977) préfèrent une conception non épistémique des lois. L'un de leurs arguments cruciaux, emprunté à Kneale (1949, 1961) , ressemble aux considérations de Kripke pour faire valoir la différence entre nécessité et a priori. Si les lois de la nature étaient de simples régularités non nécessaires entre les phénomènes, le concept de possibilité « physique » ou « biologique » non réalisée serait privé de sens. Ce qui est indésirable. Les corbeaux blancs n'existent pas et n'ont jamais existé. Cependant, la théorie de l'évolution nous permet d'imaginer qu'une race de corbeaux habitant des régions polaires enneigées en permanence puissent acquérir un plumage blanc. Or c'est une régularité qu'aucune race de corbeaux n'a de plumage blanc. Si c'était une loi, alors une telle race serait nomologiquement impossible.

Pour accueillir le concept d'une possibilité qui n'est ni exclue par des lois scientifiques ni réalisée, il convient, selon les adversaires de la conception épistémique, de rejeter l'équation « loi = régularité + X », où X est supposé remplaçable par un concept épistémique (haut degré de confirmation ou de justification, pouvoir explicatif élevé, appartenance à une théorie intégrée ou pouvoir prédictif) . Dans la conception orthodoxe, la proposition nomologique exprimée par « Tous les F sont G » est une proposition conditionnelle universellement quantifiée de la forme (∀x) (Fx ⊃ Gx) dans laquelle le quantificateur universel lie une variable parcourant des individus. Pour le théoricien anti-épistémique, la proposition nomologique est une proposition singulière affirmant une relation de « nécessitation » entre les propriétés ou les universaux F et G : La propriété F implique nécessairement la propriété G.

Selon le théoricien anti-épistémique, le fait que, dans la conception adverse, tous les individus ayant la propriété F ont la propriété G n'explique pas pourquoi un individu qui est F est G. En revanche, si le fait d'avoir la propriété F « nécessite » le fait d'avoir la propriété G, alors ce fait explique pourquoi tout individu ayant la propriété F a la propriété G. D'aucuns jugeront trop élevé le prix à payer pour la théorie non épistémique : une logique du second ordre quantifiant sur des universaux.

Conclusion : pourquoi le mot « loi » n'est pas ambigu[modifier]

Le mot « loi » n'est-il pas ambigu ? N'est-ce pas par un abus de langage qu'il désigne conjointement des uniformités non morales et des obligations morales et juridiques exprimables par des énoncés du type « C'est mal de voler » ? La thèse de l'ambiguïté dépend de la dichotomie entre les faits scientifiques et les valeurs morales ou entre les propositions factuelles objectives et les jugements de valeur subjectifs.

Cette thèse peut reposer sur la conception émotiviste de la signification des expressions « déontiques » ou évaluatives à laquelle souscrivaient les positivistes logiques et selon laquelle des mots abstraits comme « bien » ou « mal » ne possèdent qu'une signification émotive (et non cognitive) . À cette conception « moniste » on peut opposer une conception « dualiste » selon laquelle un mot évaluatif plus concret comme « méticuleux » peut servir conjointement à juger le caractère d'une personne et à permettre de décrire et prédire son comportement.

Elle peut aussi reposer sur l'assimilation entre le fait qu'un énoncé soit dépourvu de « condition de vérité » et le fait qu'il exprime une attitude « subjective » : si aucun état de choses dans la réalité ne semble susceptible de « rendre vraie » la condamnation morale « Il est mal de tuer », les obligations exprimées par des énoncés à l'impératif ou contenant des mots évaluatifs ne sont-elles pas dénuées d'objectivité ? Mais c'est un abus d'assimiler l'objectivité d'une proposition avec l'interprétation réaliste de l'énoncé qui sert à l'exprimer. Certains philosophes (dont M. Schlick et S. Toulmin) ont épousé une interprétation instrumentaliste (non réaliste) des lois scientifiques : ils tiennent les lois scientifiques pour des règles d'inférence. La possibilité même de cette interprétation (qui pour être contestable n'en est pas pour autant absurde) démontre que le fait de servir à représenter un état de choses dans la réalité n'est pas la seule garantie de l'objectivité d'une proposition. Une obligation morale ou une proposition mathématique peuvent tenir leur objectivité non de ce qu'elles décrivent correctement un état de choses indépendant de l'esprit humain, mais du fait qu'elles ont des conditions rationnelles d'assertion. Le mot « loi » n'est donc pas ambigu.

— Pierre JACOB

Bibliographie[modifier]

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