France : un patrimoine économique « vendu à la découpe »

De JFCM
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Laurent Izard publie une enquête choc, fruit de trois ans de recherche. Dans La France vendue à la découpe, il dresse un bilan de la vente progressive de pans entiers de l’économie française à des mains étrangères.

Chacun a en tête les derniers cas emblématiques qui ont défrayé la chronique  : vente de la branche énergie d’Alstom à l’américain General Electric, du PSG au Qatar, de l’aéroport de Toulouse à un consortium chinoishttps://www.ladepeche.fr/diaporama/image-du-jour/20181016. Mais ces cas médiatiiques ne sont que la partie immergée d’un iceberg à la dérive. Car aucun domaine n’est épargné (industrie lourde, moyennes entreprises, fleurons du savoir-faire français, technologies de pointe, grande distribution, tourisme, prêt-à-porter, banques, art, terres agricoles, infrastructures) par des stratégies de rachats variées, aallant des placements financiers par des fonds de pension aux acquisitions d’une entreprise par un géant étranger du secteur ou aux investissement de prestige.

Bien sûr, certains de ces investissements apportent une plus-value à l’économie française, en permettant de sauver des entreprises, de maintenir voire de créer des emplois et de renflouer les capitaux. Mais cette réalité, qui a nourri le discours idéologiquement connoté de la "mondialisation heureuse ", a masqué le comportement souvent parasite des investisseurs étrangers, qui démantèlent les nouvelles acquisitions, délocalisent la production ou imposent des contraintes drastiques de productivité. Depuis le début des années 1980, en partie du fait de la cession d’entreprises industrielles, la France a perdu la moitié de ses emplois du secteur. Moins visible, la fuite de capitaux vers des fonds étrangers, qui siègent aux conseils d’administration des entreprises du CAC 40, a représenté 28,7 milliards d’euros de dividendes en 2018. Soit autant d’argent qui ne sera pas réinvesti dans le circuit économique national.

Mais le plus grave est le risque que ces rachats font peser sur l’indépendance stratégique de la France. En effet, parmi les entreprises ou infrastructures bradées figurent des savoir-faire clef pour notre industrie de défense ou des réseaux dont dépendent des millions d’usagers. Ceux-ci sont désormais possédés par des entreprises dont les Etats, déjà concurrents sur la scène internationale, pourraient bien être nos adversaires de demain.

Qui sont les responsables d’un tel gâchis ? Premièrement, les décideurs politiques sans vision stratégique, obnubilés par les gains à court terme que procurent les investissements étrangers, tant en termes de rentrée d’argent que de crédit politique que procure le "sauvetage" d’emplois. Deuxièmement, notre appartenance à l’Union européenne fragilise nos champions nationaux, car elle impose, sauf rares exceptions, la libre circulation des capitaux (interdisant de bloquer les investissements étrangers) et la libre concurrence (interdisant les aides publiques qui auraient entre autres permis de sauver Alstom). Des règles dont bien des Etats savent pourtant s’affranchir, y compris la très libérale Amérique.

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