L’Esprit Saint vous enseignera tout
« L’Esprit Saint vous enseignera tout » (Jn 14, 15-16.23b-26)
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements. Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous. Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. Celui qui ne m’aime pas ne garde pas mes paroles. Or, la parole que vous entendez n’est pas de moi : elle est du Père, qui m’a envoyé. Je vous parle ainsi, tant que je demeure avec vous ; mais le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. »
MÉDITER AVEC LES CARMES
La fête des Huttes se célébrait en septembre, durant huit jours, à l'époque des vendanges. On y rappelait la fidélité de Dieu au cours de l'Exode, on remerciait Dieu pour les récoltes présentes, et l'on redisait l'espérance d'Israël concernant le temps du Messie et les bénédictions qu'il apporterait.
L'un des rites les plus parlants et les plus joyeux de cette fête des Huttes était la procession de l'eau. Les hommes, rassemblés, descendaient dans la vallée jusqu'à la source de Gihôn, puis, en dansant, ils remontaient jusqu'au Temple, tenant en mains un cédrat et un bouquet de verdure, fait de branches de saule, de myrte et de palmier. Arrivés au Temple, chacun venait frapper l'autel avec sa poignée de verdure comme pour appeler de belles pluies d'automne, et un prêtre versait sur l'autel l'eau de Gihôn apportée dans un broc d'argent. Le chant traditionnel de cette procession était celui que nous reprenons chaque dimanche : "Dieu, le Seigneur, nous illumine. Rameaux en mains, formez vos cortèges jusqu'aux coins de l'autel" (Ps 118,27). Bien évidemment le triple symbolisme de l'eau, de la verdure et des fruits trahit l'origine agricole de la fête. Même les huttes étaient primitivement des cabanes de feuillage où les vignerons s'abritaient durant quelques nuits.
On comprend que Jésus ait choisi cette fête de la joie, de l'action de grâces et de l'espérance, pour une révélation toute nouvelle qu'il voulait faire à la foule des pèlerins.
Au jour le plus solennel de la fête, dans les parvis du Temple, tout à coup Jésus se mit à crier : "Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi ; qu'il boive, celui qui croit en moi ! Comme dit l'Écriture : 'De son sein couleront des fleuves d'eau vive !"
Autrement dit : "Vous voulez de l'eau, vous cherchez l'eau, vous fêtez l'eau, vous demandez à Dieu l'eau vive ? c'est moi qui vais vous la donner !" ; et l'invitation de Jésus dessine déjà toute un itinéraire spirituel.
Au point de départ : la soif. Il faut avoir soif, il faut retrouver la soif, il faut préserver en soi cette richesse de la soif, non pas parce qu'elle est une souffrance, mais parce qu'elle est un appel.
Nous nous plaignons parfois au Seigneur de ne plus ressentir cette soif de lui qui a été si forte au moment de nos grandes promesses ; mais nous ne cessons pas de boire à toutes les fontaines immédiates, fontaine du succès, fontaine du pouvoir, fontaine de l'influence, fontaine de la parole bavarde qui ne désaltère jamais personne, fontaine de l'écoute gourmande qui dévalue toute parole et qui fausse les liens de la fraternité.
Quand la soif est bien présente au point de départ, on vient au Christ, on se met en marche vers lui. Le Christ devient ou redevient l'urgence première, son amour de nouveau rassemble tous les désirs, la source qu'il promet devient l'unique nécessaire. On vient au Christ, et c'est cela, la foi.
"Celui qui croit en moi, dit Jésus, qu'il boive" ; qu'il boive pour vivre, qu'il boive de cette eau qui lui a trop manqué et qui va rendre à tout son être la santé et la fraîcheur.
Or ce que le Christ donne à boire, c'est son Esprit, l'eau vive, l'eau insaisissable, l'eau toujours en mouvement, l'Esprit, force efficace de Dieu, force tellement divine qu'elle est, en Dieu, une personne. Bien sûr l'Esprit a été à l'œuvre pour le bonheur des hommes depuis qu'il y a des hommes qui cherchent le bonheur ; et pourtant, selon Jean, au moment où Jésus crie cela dans le Temple, "il n'y avait pas encore d'Esprit", l'Esprit n'avait pas encore inauguré son rôle d'autre Paraclet, parce que Jésus, premier Paraclet, était encore en ce monde, lui qui n’était pas de ce monde. Le coup de lance n'avait pas encore percé le côté de Jésus, la passion glorifiante n'avait pas encore achevé l'œuvre du Fils, et l'humanité du Christ, qui manifestait déjà la gloire du Père, était encore assujettie aux limites de notre terre.
En buvant l'eau vive, voici que nous remontons à la source. En buvant l'Esprit, nous voici en communion avec le Fils qui nous l'envoie d'auprès du Père, avec le Père qui nous le donne au nom du Fils.