Le temps prime sur l'espace
"Le temps prime sur l’espace" : que veut dire le Pape François ?
Le pape François a plusieurs fois répété comme un principe essentiel que le temps prime sur l’espace. Cela nous impose d’élaborer ce principe en théologie et en philosophie. De fait, alors que la terre sainte a plusieurs fois été perdue par Israël, l’histoire sainte ne s’interrompra jamais. Le temps est le lieu de la liberté et de l’humilité humaines quand l’espace est le lieu de la maîtrise, de la possession. Néanmoins, le temps prime sur l’espace, il ne l’annule pas.
Pour éclairer le chrétien et son engagement en tant que citoyen, la doctrine sociale élaborée par l’Église livre des principes universels et contribue à se forger, en pleine conscience, une opinion personnelle.
Dans son exhortation apostolique sur l’évangélisation, Evangelii Gaudium, publiée en novembre 2013, le pape François avait formulé quatre grands principes qui enrichissent, avec ses accents propres, l’enseignement social de l’Église.
Par ces principes, le pape François théorise, en quelque sorte, sa manière d’appréhender la réalité, selon une perspective qui se veut respectueuse de la diversité et de la complexité.
Sommaire
1/« Le temps est supérieur à l’espace »[modifier]
Alors que l’on peut être tenté de chercher à occuper ou posséder des « espaces de pouvoir », ce qui ne fait guère bouger les choses, le pape François invitait à initier des processus, des dynamiques qui impliquent d’autres personnes et d’autres groupes qui pourront les développer à leur tour. Cela « permet de travailler à long terme, sans être obsédé par les résultats immédiats », relevait-il dans son exhortation Evangelii Gaudium.
2/« L’unité prévaut sur le conflit »[modifier]
Il ne s’agit pas de nier la réalité des conflits, mais de les reconnaître et de les affronter avec la forte volonté de les résoudre. Ce qui suppose de construire des médiations pour nourrir le dialogue en vue « d’harmoniser toutes les diversités ».
3/« La réalité est plus importante que l’idée »[modifier]
Si elles sont nécessaires, les idées, les connaissances, les normes ne suffisent pas. Elles doivent être confrontées sans cesse avec le réel. À défaut, on ne pourra que construire sur le sable, estimait le pape François.
4/ « le tout est supérieur à la partie »[modifier]
Ce dernier principe reformule en des termes simples la notion abstraite de bien commun. Il s’agit de « prêter attention à la dimension globale », sans « perdre de vue ce qui est local, ce qui nous fait marcher les deux pieds sur la terre » ; il s’agit de travailler « sur ce qui est petit, avec ce qui est proche », mais toujours « dans une perspective plus large ».
Diagnostic sur la crise[modifier]
À travers l’énoncé de ces quatre principes, c’est aussi un diagnostic sur la crise que posait le pape François : une société focalisée sur l’immédiat, son refus de passer par le dialogue pour régler les conflits, une préférence pour le simplisme des réponses idéologiques, une défense des intérêts particulier au détriment du bien commun. Mais il indiquait aussi un remède : la sortie de crise passe par le soin apporté à toutes nos relations. Avec le prochain, Dieu et la terre.