Maïeutique

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Modélisation[modifier]

Dans lModèle:'Apologie de Socrate, ce dernier expose sa relation à la sagesse, après avoir indiqué qu'il ne croit pas avoir en lui de sagesse, ni grande ni petite : Modèle:Citation (21d-21e).

Le personnage de Socrate, tel que le met en scène Platon, apparaît dans ce dialogue comme empreint de sagesse philosophique. Il fait face aux violentes prises à partie de Mélétos, qui l'accuse de corrompre la jeunesse en lui enseignant l’athéisme. Socrate le confronte, à force de questions, à ses contradictions. Il parvient à démonter l'argumentation de son accusateur, mais la majorité des onze juges condamnent « le plus sage des hommes ».

Quatre types de relations à la « connaissance » sont ainsi à prendre en compte -

  1. ce que l'on sait que l'on sait — ou affirmé comme tel. Socrate ici procédait avec son ironie lorsqu'il souhaitait faire passer le message à ses interlocuteurs que ce qu'ils prétendaient savoir ne reposait que sur des préjugés et autres idées sans fondements ; Il peut s'agir ici des faux savoirs...
  2. ce que l'on sait que l'on ne sait pas — application de l'ironie
  3. ce que l'on ne sait pas que l'on sait : et là s'appliquait l'art maïeuticien du philosophe ;
  4. ce que l'on ne sait pas que l'on ne sait pas — tout le champ de l'inimaginable par chacun et justifiant l'intervention du philosophe, illustré par l'accompagnement exposé dans l'allégorie de la caverne, du Livre VII de la République de Platon : maïeutique.

Les deux premiers types sont soumis au doute, dans l'idée que :

  • ce qu'on croit penser que l'on sait vraiment n'est que croyance,
  • et ce que l'on sait que l'on ne sait pas laisse également la porte ouverte aux tromperies.

Le scepticisme qui en découle ouvrira également la brèche au doute de René Descartes et aux zététiciens.

De nos jours[modifier]

Le terme de maïeutique, laïcisé, englobe généralement les techniques de questionnement visant à permettre à une personne une mise en mots de ce qu'elle a du mal à exprimer, ressentir, ou ce dont elle a du mal à prendre conscience (émotions, désirs, envies, motivation...). Il est ainsi utilisé en lien avec les techniques empathiques développées par Carl Rogers, centrées sur l'affect (écoute active ou écoute bienveillante) ou les techniques de médiation, avec l'alterocentrage, terme créé par Jean-Louis Lascoux, médiateur. Malgré l'alibi philosophique, l'on est donc, avec ce relativisme psychologisant, au plus loin de la conception socratique, ironique, et non pas compatissante, et de plus inséparable d'une perspective critique, liée à la valeur de vérité.

Dans son acception originelle, la méthodologie permet de délier et de relier différemment les parties rationnelle, appétive et ardente de l'esprit pour accéder à une réflexion plus proche de la vérité, de l'ordre et de la mesure[1].

L'empathie, dans l'approche centrée sur la personne, a ceci de commun avec la maïeutique qu'elles participent toutes deux d'une forme d'accouchement et de confiance en l'individu concerné de pouvoir effectuer cet accouchement. Cependant, une différence fondamentale réside en effet dans leurs fondements épistémiques. Dans la maïeutique, « l'accoucheur » croit déjà savoir de quoi le parturient va accoucher. Le savoir est prédéterminé, et l'accoucheur s'en croit détenteur. Si la maïeutique permet une démarche critique envers ce dont le parturient pourrait accoucher (en le comparant avec ce savoir prédéterminé), elle empêche tout développement de la connaissance réciproque entre « sage-femme » et « parturient-e », et tout esprit critique envers ce savoir, ou tout développement de la connaissance tout court. Le praticien de la maïeutique croit qu'il n'a rien à apprendre de son interlocuteur : il n'a aucun intérêt pour les réponses de ce dernier, vu qu'il croit déjà connaître ce qui est - rappelons cependant que la maïeutique socratique repose sur l'idée que Socrate ne sait rien, ce qui ne lui interdit nullement de soumettre les prétendus savoirs à une épreuve critique. Mais la critique ne se définit pas par l'empathie, même si elle peut l'envelopper, comme le montre Ricœur à propos de la compréhension des actions des hommes du passé. L'empathie, au contraire, est une attitude d'intérêt envers les représentations et les ressentis de l'autre. À ce titre, la maïeutique représente une forme de développement de connaissance, autre que l'introspection et l'expérimentation, qui s'appuie sur l'intersubjectivité, et est reprise par beaucoup d'auteurs contemporains en sciences sociales[2].

Depuis les années soixante-dix, le dialogue socratique est aussi une forme de pratique philosophique remise à l'ordre du jour par Gerd Achenbach, Michel Tozzi et Michel Weber[3].


  1. Sciences Humaines, "Les grands Philosophes", Hors série spécial n°9, MAI JUIN 2009, p6
  2. (Kaufmann, 2008; Gaulejac, 2007) Gaulejac, V. d. (Ed.). (2007). La sociologie clinique, enjeux théoriques et méthodologiques. Ramonville Saint-Agne: Ed. Érès. Kaufmann, J.-C., & Singly, F. d. (Eds.). (2008). L'entretien compréhensif (2e éd. refondue ed.). Paris: A. Colin. Rogers, C. R., & Herbert, E. L. (Eds.). (2008). Le développement de la personne. Paris: InterEditions.
  3. voir son Épreuve de la philosophie, Les Éditions Chromatika, 2008