Pédagosites (Claire Polin)
On sous-estime souvent la puissance de l’influence dans l’Éducation nationale.
Et elle ressemble parfois à celle des Chinois pendant la guerre de Corée.
Lors de cette guerre, beaucoup d’Américains s’étaient retrouvés dans des camps de prisonniers tenus par des Chinois communistes.
- Contrairement aux Coréens, ces derniers ne leur faisaient pas subir des tortures physiques. Au contraire : les soldats américains s’étonnaient de la « politique de douceur » qui régnait dans ces camps.
- Avec beaucoup de patience, les tortionnaires de douceur demandaient de petites requêtes, sans conséquence apparente ; une sorte de compromis facile, comme d’accepter que « tout n’est pas parfait aux États-Unis » (ce qui est vrai).
Ce premier compromis établi constituait un petit pas amenant à un autre petit pas, sans conséquence apparente, et ainsi de suite...
Cette technique, tout à fait maîtrisée, permettait à terme de complètement retourner les Américains contre leur propre pays, jusqu'à dénoncer leurs amis, signer des lettres à la gloire du communisme et même tenter de convaincre leurs proches quand ils retournaient chez eux.
- Bien sûr, dans l’Éducation nationale, nous ne sommes pas tout à fait en guerre.
- Et tous les professeurs et leur hiérarchie ne sont pas conditionnés à ce point.
Pourtant, un système efficace d’influence a été construit au fil des années par des idéologues (connus sous le nom de pédagogistes) pour véritablement retourner les petits Français (qui deviendront grands) par des techniques de manipulation des professeurs. Des techniques « douces » et presque invisibles.
L’une des charnières les plus visibles est celle de 1989.
Cette année-là, en effet, les pédagogistes ont réussi à s’emparer des Écoles normales d’instituteurs pour les transformer en Instituts Universitaires de Formation des Maîtres (IUFM), inspirés par le modèle des camps de rééducation communistes.
Lionel Jospin, qui était alors ministre, a en effet promulgué une Loi d’orientation sur l’école qui leur a permis de verrouiller dans ces IUFM l’accès à l’Éducation nationale, et de s’assurer que tous les nouveaux enseignants seraient désormais soumis à leur idéologie.
Même les plus réfractaires devaient faire de petits compromis pour pouvoir peu à peu entrer dans le moule... ou être rejetés.
On appelle maintenant ces IUFM des ESPÉ (pour École supérieure du professorat et de l’éducation), mais le principe est resté exactement le même : leur but est que si certains étudiants se montrent indociles, critiques, ou même simplement dubitatifs vis-à-vis des dogmes pédagogistes, on puisse les éliminer avant leur titularisation.
Dans ces ESPÉ, les futurs professeurs ne sont plus formés à la discipline qu’ils se préparent à enseigner, mais conditionnés suivant les principes des « sciences de l’éducation ».
Les « sciences de l’éducation » se divisent en deux parties.
- La première partie rassemble toutes les théories politiques et sociologiques qui justifient le bouleversement de l’école organisé par les pédagogistes. Il s’agit donc d’un endoctrinement idéologique.
- La seconde partie des « sciences de l’éducation » concerne les activités que l’enseignant doit animer en classe avec ses élèves au lieu de faire cours, car selon les pédagogistes, il faut que les élèves « construisent eux-mêmes leurs savoirs ».
Puisque l’enseignant n’est plus là pour transmettre des connaissances, il ne sert à rien qu’il connaisse sa discipline. En revanche, il est nécessaire qu’il sache pourquoi il ne doit plus faire cours, et comment il doit occuper ses élèves pendant qu’ils sont avec lui.
Comme tous les camps de rééducation, les ESPÉ sont organisés pour briser la personnalité des étudiants, puis les façonner en fonction des besoins de l’institution. Une fois cette besogne accomplie, on vérifie que le futur professeur est bien formaté en lui demandant d’écrire un mémoire, dont le but est de mesurer sa capacité à reformuler dans ses propres termes les dogmes du pédagogisme.
De nombreux ouvrages ont décrit les exercices absurdes et humiliants auxquels les étudiants des ESPÉ doivent se plier. Par exemple, on demande à de futurs professeurs de littérature de mélanger les mots d’une scène de tragédie classique, puis de la reproduire avec des Playmobil dans une boîte à chaussures.
La formation en ESPÉ joue aussi sur les privations de sommeil, par le système des stages, choisis par l’administration de manière à imposer le maximum de trajets aux étudiants.
Les étudiants d’ESPÉ témoignent souvent du dogmatisme exceptionnel de leurs formateurs. Bien que la plupart n’aient plus vu un élève depuis des années, parfois même des dizaines d’années, ils ont une foi aveugle dans leurs théories éducatives, qui s’accompagne toujours d’un mépris complet des professeurs du terrain.
La baisse dramatique du niveau des nouveaux enseignants, qui sont maintenant recrutés avec 4/20 de moyenne au concours, est largement amplifiée par cette formation délirante.
Or une étude menée par la prestigieuse université de Yale aux Etats-Unis a démontré que le niveau des élèves dépend avant tout du niveau du professeur. Ni le diplôme des parents, ni leur niveau de revenu, ni le lieu d’habitation, ni aucun facteur socio-culturel ne pèse autant dans la balance que le niveau du professeur.
C’est une évidence pour les connaissances de base, comme la lecture, l’écriture. Si l’instituteur ignore l’orthographe et la grammaire, s’il fait des fautes à chaque ligne et forme mal ses lettres, comment apprendra-t-il aux enfants à lire et à écrire ?
Mais le problème est tout aussi grave dans les classes supérieures : un professeur d’histoire qui ne fait que proposer à ses élèves des comparaisons de documents choisis pour leur degré de repentance mémorielle ne suscitera pas l’intérêt. Son « cours » ne s’inscrivant pas dans un ensemble vivant et concret pour lui-même, il paraîtra d’autant plus abstrait et terne aux enfants.
Cette évidence est contestée par les pédagogistes. Selon eux, les grands savants sont presque toujours perdus dans les hautes sphères de la pensée. Comme le Professeur Tournesol, ils seraient bien incapables d’enseigner quoi que ce soit à des enfants. Les enseignants, eux, n’ont pas besoin d’en savoir trop. De cette manière, il ne risquent pas de se couper de leur public.
Mais, toujours selon les pédagogistes, le problème de l’Éducation nationale est que la plupart de ses professeurs sont d’anciens « bons élèves ». Ils ne peuvent pas comprendre les difficultés des mauvais élèves, puisqu’ils ne les ont jamais vécues eux-mêmes. De là leur volonté - personne n’avait eu cette audace avant eux - de chercher à recruter les futurs professeurs parmi les mauvais élèves, car ils seront plus proches des élèves en difficulté.
Proches par leur niveau intellectuel, leurs goûts, leurs habitudes de travail.
Ainsi les pédagogistes espèrent-ils arriver enfin à créer la classe idéale : une classe où le professeur ne serait plus au-dessus des élèves. Il serait au milieu d’eux, il collaborerait avec eux pour élaborer des solutions et inventer des réponses à leurs questions. Le professeur doit se persuader qu’il a autant de choses à apprendre de ses élèves que l’inverse. Il doit se mettre à leur écoute. C’est la condition pour que la classe devienne un lieu de collaboration, un laboratoire où les élèves et l’enseignant-médiateur découvrent le « vivre-ensemble ».
Qu’une poignée de fanatiques puissent souhaiter ça pour leurs enfants, on peut le déplorer, on ne peut malheureusement pas l’empêcher (et encore faut-il voir où les pédagogistes scolarisent leurs enfants).
Mais qu’un pays évolué comme le nôtre se laisse dicter une politique aussi délirante de recrutement et de formation de ses professeurs, ça, non, c’est impensable.
C’est la raison pour laquelle de nombreux professeurs, parents et grands-parents d’élèves ont rejoint les rangs de SOS Éducation.
Nous militons pour que les professeurs soient recrutés à un haut niveau d’exigence académique, et pour qu’ils soient bien formés, avec des méthodes éprouvées.
Nous militons également pour que l’on remette la transmission des savoirs au cœur de la mission de l’école.
Et nous formons nous-mêmes, dans nos ateliers, plusieurs centaines de professeurs tous les ans.
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Nous comptons bien élargir nos propositions l’an prochain, et notamment utiliser les outils numériques pour proposer ces formations à tous les professeurs de France.
Chère amie, cher ami, en cette dernière semaine de l’année, pouvez-vous nous aider ?
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Les enseignants sont pour la très grande majorité de bonne volonté : si vous me donnez les moyens de les contacter et de les former, nous pouvons ensemble faire un pas décisif pour le redressement de l’école.
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