Peut-être le meilleur moyen de laisser un héritage durable

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Peut-être le meilleur moyen de laisser un héritage durable

Theresa Civantos Barber - publié le 03/02/22

Chacun souhaite qu'on se souvienne de lui après sa mort. Mais quel héritage compte le plus ? Les objets ou les souvenirs du temps passé ensemble ? Ou peut-être les actions laissées derrière soi qui constitueront un héritage durable.

Si vous deviez choisir, que préfériez-vous ? Mourir jeune, mais rester dans les mémoires pour toujours ou avoir une longue vie paisible mais être oublié peu après votre mort ? Le guerrier Achille a dû faire ce choix dans l’Iliade. Sa mère, Thétis, avait prédit que son fils était destiné soit à acquérir une gloire immortelle mais à mourir jeune, soit à vivre une vie longue et paisible mais à sombrer dans l’oubli. Il fait le choix d’une vie courte qui restera dans l’histoire. Un choix extrême.

Tous les êtres humains veulent, dans une certaine mesure, qu’on se souvienne d’eux. C’est en grande partie pour cela qu’ils écrivent, qu’ils enregistrent des photos et des vidéos, qu’ils se lancent dans un travail créatif… Mais au fond, quelles actions entreprennent-ils pour laisser derrière eux un héritage durable ?

À première vue, il semble facile de se souvenir de chacun, à une époque où la numérisation et l’archivisation sont parfois poussées jusqu’à l’obsession. La plupart d’entre nous laissera après sa mort une énorme empreinte numérique. Mais est-ce vraiment l’héritage souhaité ? Les documents laissés en ligne sont souvent légers et amusants à regarder, mais finalement peu substantiels. Récemment, une influenceuse Instagram exhortait ses followers à « vivre une vie dont on se souviendra ». Pensait-elle à des collines à dévaler au coucher du soleil ou aux menus gastronomiques dégustés entre amis ? Cela semble totalement hors sujet.

Les personnes qui ne vivent que pour elles-mêmes et leurs propres désirs seront oubliées, tandis que les personnes qui vivent en pensant aux autres seront commémorées.

De quoi alors se souviendra-t-on réellement ? C’est ce que l’écrivain britannique Lewis Carroll avait si bien évoqué, en écrivant : « L’un des secrets de la vie est que tout ce qui vaut vraiment la peine d’être fait est ce que nous faisons pour les autres. »

Les saints en témoignent certainement le mieux. C’est parce qu’ils ont vécu dans l’abnégation et avec une vertu héroïque si rares que leurs noms sont immortalisés dans le canon de l’Église. On se souviendra d’eux aussi longtemps qu’il y aura des êtres humains sur cette terre. Cette vérité recèle un paradoxe : Les personnes qui ne vivent que pour elles-mêmes et leurs propres désirs seront oubliées, tandis que les personnes qui vivent en pensant aux autres seront commémorées.

Leurs noms peuvent ou non apparaître dans les annales des canonisés, le travail qu’ils accomplissent aujourd’hui laissera un héritage durable. Ils s’occupent non seulement de leurs enfants (et des enfants de leurs enfants…), mais aussi de leurs amis, familles, collègues, connaissances et même de ceux qu’ils ne les connaissent pas mais qui ont la chance de les observer dans leurs petites actions quotidiennes : conduire un proche chez le médecin, inviter une voisine qui vit seule à prendre un café, faire des courses pour une amie qui vient d’avoir un bébé…

Ce sont justement ces petits actes quotidiens qui font une vie qui vaut la peine d’être vécue, une vie dont on se souviendra.

Tabitha[modifier]

2022-02-04 09:30

Je donnerai ici ma perception du sujet très bien évoqué dans votre article. Je me méfie toutefois de ne pas tomber dans un péché d'orgueil en vous exposant ce qui suit. En effet, à 72 ans , le temps qui nous est imparti à mon épouse et à moi-même est bien court ! Et j'éprouve une sorte de curiosité, pour dire plus une soif? de la rencontre avec Jésus, avec sa Mère et avec Joseph. Entouré d'une famille nombreuse jusqu'à la 3eme génération, famille qui a connu et connaît les difficultés courantes de tout un chacun, je ne me soucie guère de laisser un souvenir, sachant, par expérience, que nos parents, beaux-parents, sont loin , très loin, et rappelés seulement, autant que je le puisse, dans les prières notamment à la messe ou lors de la récitation du chapelet. Alors vivre aussi pleinement que possible ce temps qui me reste sans craindre maladie ou souffrance si banale dans notre condition humaine, voilà ce qui me semble le plus important ( sans préjuger de mon attitude en face de la souffrance physique.....)

NetPapy[modifier]

2022-02-05 17:02

La mnématique est une proposition d'Ampère qui a aussi proposé la cybernétique comme art de (se) gouverner. Le mnème d'une personne ou d'un fait est l'ensemble des traces du passé qui conduisent aux possibles de son soi actuel (vivant ou non). C'est donc sa continuité stable dans l'espace-temps : l'ensemble de ce qui le concerne (ce que les plateformes numériques voudraient savoir à son sujet pour en supputer ou en influencer les décisions {ou en contremander les effets]). Son patrimoine mémoriel et ce qui peut en être tiré d'une manière ou d'une autre comme valeur de tout ordre pour autrui y compris d'ordre financier, artistique, sentimental, politique, historique, etc. A l'époque de la société de l'information et de la propriété intellectuelle, l'évaluation et la reconnaissance de la valeur et du droit à la protection de la propriété mnématique est sans doute une évolution du Droit complémentaire aux droits du numérique et des personnes à laquelle nous allons assister (ex. poursuite posthume des processus et actions artificielles engagées). Qu'on se souvienne de l'apport fondamental de Laudatao Si' : "tout est lié" répété à l'envie. Chacun, chaque chose, chaque prière est d'influence maillée possible sur toute autre chose. Notre univers physique et mental est mémoriellement interlié. Nous aurons l'éternité pour nous en réjouir.