Que penser de l’homosexualité ?

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Que penser de l’homosexualité ?

Il est essentiel est de bien distinguer la tendance et l’activité. Personne ne doit se culpabiliser de ses tendances mais ceux qui ont une tendance homosexuelle prononcée sont invités à vivre dans la continence.

La réponse du Père Laurent Sentis [1]



1.[modifier]

La sexualité humaine ne peut être réduite à une simple fonction biologique. Elle est fondamentalement la manifestation a priori d’une vocation propre de la personne. A travers le corps sexué, c’est cette vocation qui est exprimée.

La sexualité n’est pas simplement un instrument dont l’homme pourrait se servir[modifier]

Remarquons d’abord que, pour l’être humain, la sexualité n’est pas simplement un instrument qui serait à sa disposition pour en user à sa guise. Pour un être humain, le corps manifeste la personne tout entière. Si mon corps est de sexe masculin, cela donne une orientation à la totalité de ma personne, corps, âme et esprit : il y a en moi une vocation à épouser une femme et à engendrer des enfants dont je serai le père. De la même manière, si mon corps est de sexe féminin il y a en moi une vocation à épouser un homme et à engendrer des enfants dont elle sera la mère.

Le corps exprime une vocation au don de soi dans le mariage et à devenir parent d’enfants[modifier]

C’est la vocation de chaque personne qui est inscrite dans son corps et c’est ce que le saint Pape Jean-Paul II appelle le langage du corps.

2.[modifier]

Le désir sexuel n’est cependant pas toujours en harmonie avec cette vocation : c’est en réalité quelque chose d’extraordinairement complexe et variable qui peut conduire à une épreuve quand il y a une distorsion entre le désir et la vocation inscrite dans le corps de l’homme

Le désir sexuel est complexe, variable et souvent désordonné.[modifier]

Malheureusement pour nous, le désir sexuel n’est pas toujours en harmonie avec la vocation qui est inscrite dans notre corps. Pour accomplir un acte conjugal, il ne suffit pas qu’un homme et une femme soient en présence l’un de l’autre, il faut aussi qu’il y ait un désir sexuel de l’homme pour la femme et de la femme pour l’homme. Mais, l’expérience vécue nous révèle que la pulsion sexuelle est extraordinairement complexe et variable. Elle est souvent « objectivement désordonnée » comme dit le Catéchisme de l’Église catholique. Un des désordres qui affecte le désir est le fait qu’il soit excité de façon préférentielle ou exclusive par une personne du même sexe.

Comment expliquer ce désordre du désir ?[modifier]

Pourquoi les pulsions sexuelles sont-elles, à ce point, complexes et variables ? Les explications données par les sciences et la psychanalyse sont partielles et encore insatisfaisantes. Il semble que le désir se forme dans la petite enfance sous l’influence de l’éducation. On peut se demander si une des conséquences du péché originel ne se manifesterait pas dans certaines maladresses éducatives, mais les éducateurs ne sont pas sans responsabilité non plus (mères abusives, pères absents etc…). Il ne s’agit pas de culpabiliser qui que ce soit mais de comprendre que dans la mesure où notre affectivité est toujours plus ou moins perturbée, il est inévitable que notre travail éducatif ne soit pas parfaitement satisfaisant.
Chacun peut s’en apercevoir par rapport à ses rêveries personnelles et cela conduit à des situations très variées
Il y a des situations qui excitent notre désir et d’autres qui le laissent parfaitement froid. En plus, une partie du désir est souvent refoulée. Par exemple, le désir pour une personne du même sexe peut être refoulé pendant de nombreuses années et resurgir brutalement. Certaines personnes éprouvent une répulsion à l’égard des personnes de l’autre sexe et une attirance exclusive vers les personnes de même sexe. C’est en ce cas une grande souffrance car il y a distorsion entre le désir charnel et la vocation inscrite dans le corps de l’homme.

3.[modifier]

Il est fondamental de distinguer la tendance et l’activité. La tendance comme telle n’est ni bonne ni mauvaise et personne ne doit se culpabiliser par rapport à une tendance dont il n’est pas responsable. L’activité, en revanche, met en jeu notre liberté et notre responsabilité.

Du point de vue moral on n'évalue pas la culpabilité des tendances mais uniquement des actes[modifier]

La tendance est extrêmement complexe car on peut être attiré par telle ou telle chose, dans telle ou telle situation. Mais l’acte est autre chose. Un acte provient de la libre décision. Chacun est alors responsable de l’acte accompli de façon délibérée. On n’a pas à juger moralement les tendances - même si elles peuvent être aggravées par la curiosité, les fréquentations et des expériences précoces - mais uniquement les actes.

Tout le monde doit chercher à canaliser ses tendances[modifier]

La tendance comme telle n’est ni bonne ni mauvaise. Personne ne doit donc se culpabiliser en face d’une tendance dont il n’est aucunement responsable. Dans le domaine sexuel tout le monde doit canaliser ses tendances : c’est un problème pour tous, dans tout état de vie, que l’on soit marié, consacré, célibataire, etc. Personne ne peut se laisser aller à ses tendances qui sont variables et multiples.

4.[modifier]

À cause de tout cela, une personne ne peut jamais être identifiée à sa tendance sexuelle : on n’identifie pas quelqu’un à sa sexualité et encore moins à ses tendances. On ne peut pas utiliser le verbe « être » pour la question de l’homosexualité. On est un garçon, une fille, on est un être humain, mais on n’est pas un ou une homosexuel(le).

Il n’y a pas d’homosexuel pas plus qu’il n’y a d’hétérosexuel[modifier]

Il est impossible de faire une frontière nette entre des groupes de gens qui ne seraient définis que par leurs tendances. On ne peut pas identifier quelqu’un à sa tendance. On peut pas dire « je suis un homosexuel », « je suis un bisexuel », pas plus qu’on ne peut dire « je suis un hétérosexuel », etc.

Pour cette raison, il ne devrait pas y avoir non plus de « lobby homosexuel ».[modifier]

La tendance homosexuelle ne constitue pas une identité et encore moins le fondement d’une communauté cherchant à faire reconnaître son existence au sein de la société civile. Les personnes qui ont une tendance homosexuelle devraient comprendre qu’il n’y a aucune raison de se constituer en lobby pour rechercher une influence sur l’ensemble de la société. Ce n'est pas à faire si on recherche le bien commun de la société.

5.[modifier]

Les personnes dont la tendance homosexuelle est tellement forte qu’elle rend impossible les relations avec l’autre sexe et donc le mariage sont invitées à vivre dans la continence. Beaucoup trouvent cela impossible mais il est avéré qu'avec l’aide de Dieu c’est possible et qu’il s’agit d’un chemin de sanctification.

Les personnes concernées ne sont pas conduites à désespérer mais elles sont au contraire invitées à se maîtriser.[modifier]

Elles ne doivent pas se sentir exclues. Le mariage n’est pas une obligation. Les célibataires ont le droit de l’être. On a le droit de ne pas être identifié socialement par sa tendance sexuelle. Les personnes à tendance homosexuelle prononcée doivent avoir toute leur place dans la société et dans l’Église.

Il ne doit pas y avoir à leur encontre une quelconque discrimination même si certaines fonctions ne sont pas possibles.[modifier]

Par exemple, si on a une trop forte tendance homosexuelle, l’Église estime qu’on n’a pas les qualités requises pour exercer le sacerdoce ministériel. Il ne s’agit pas d’une discrimination, car le sacerdoce suppose des aptitudes bien définissables et tout le monde n’est pas appelé à exercer cette fonction.

Un chemin de sanctification[modifier]

Avec l’aide de Dieu, des personnes à tendance homosexuelle parviennent à vivre dans une parfaite chasteté. Cela demande assurément des efforts mais cela est souvent l’occasion d’une plus grande union avec Dieu. L’Eglise a le souci d’accueillir et d’encourager les personnes qui cherchent à progresser vers cette forme de vie. Ces personnes peuvent et doivent recevoir un accompagnement spirituel approprié. Ces personnes seront aidées par la vie liturgique, la méditation de la parole de Dieu, la vie d’oraison et la réception des sacrements.

6.[modifier]

Il est impossible de déclarer bon un acte homosexuel quel qu’il soit. Dans le cadre du sacrement de pénitence, on tiendra compte des circonstances pour une juste appréciation, mais on ne pourra jamais l’approuver ni considérer qu'il doit se poursuivre dans l'avenir.

L’activité homosexuelle ne saurait recevoir d’approbation en aucun cas[modifier]

C’est ce que dit le Catéchisme de l’Église Catholique sur l’acte et non sur la tendance (n°2357) : « S’appuyant sur la Sainte Écriture, qui les présente comme des dépravations graves (cf. Genèse 19, 1-29 ; Romains 1, 24-27 ; 1 Corinthiens 6, 10 ; 1 Timothée 1, 10), la Tradition a toujours déclaré que "les actes d’homosexualité sont intrinsèquement désordonnés" » (Congrégation pour la Doctrine de la Foi, déclaration "Persona humana" 8), car « ils sont contraires à la loi naturelle. Ils ferment l’acte sexuel au don de la vie. Ils ne procèdent pas d’une complémentarité affective et sexuelle véritable. Ils ne sauraient recevoir d’approbation en aucun cas ».
Pour un jugement approprié dans l’examen de conscience et dans le cadre du sacrement de pénitence, il convient de tenir compte des circonstances de l’acte et aussi des facteurs psychiques qui jouent, de fait, un rôle considérable, et qui limitent parfois la responsabilité du pénitent (habitude invétérée, pression de l’entourage, etc.).

7.[modifier]

Les questions de la cohabitation entre personnes à tendance homosexuelle et du statut à donner à cette cohabitation ont fait l’objet de nombreux débats ces dernières années. Du point de vue de la morale chrétienne, il faut, sur ces questions, faire preuve de discernement. Une personne à tendance homosexuelle n‘est pas forcément dans une situation de tentation plus forte si elle vit avec une autre personne que si elle vit seule.

Il est possible que dans certains cas, la cohabitation permette un progrès vers la chasteté dans la continence[modifier]

Il ne s’agit pas ici d’envisager un « mariage » entre personnes du même sexe. Le mariage est une institution qui concerne la relation de l’homme et de la femme. On peut être opposé à l’idée de « mariage » homosexuel pour des raisons qui reposent sur la loi naturelle mais comprendre qu'une amitié respectueuse, dans laquelle deux personnes du même sexe s'encouragent à progresser ensemble vers le but que Dieu leur destine est un projet louable. Il se peut en effet que cette amitié leur permette de mieux résister à des tentations de vagabondage et les aide à progresser vers la continence.
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  1. Ordonné prêtre en 1979 pour le diocèse de Nanterre, incardiné en 2001 au diocèse de Frèjus-Toulon, Chanoine du chapitre de la cathédrale de Toulon. Ancien élève de l'école polytechnique, Maître en philosophie, Docteur en théologie. Professeur de théologie morale. Directeur des études du Séminaire de Toulon et depuis 2012 : formateur-animateur et rédacteur de parcours.